Troisième du Vendée Globe, Sébastien Simon vise déjà 2028, " Paul-Henri (Dubreuil) m’a dit qu’il voulait continuer à me suivre"

 

À 34 ans, le skipper de Groupe Dubreuil, qui se décrit comme un "enfant du Vendée Globe", a réalisé son rêve : boucler ce tour du monde en solitaire et inscrire son nom sur le podium. Quatre ans après avoir dû abandonner au large de l’Afrique du Sud, Sébastien Simon a montré toute l’étendue de son talent et de sa détermination. Cette fois, malgré la perte de son foil tribord au sud de l’Australie, il a franchi chaque étape avec brio, à un rythme impressionnant.

Crédit : JM Liot



Il a coupé la ligne d’arrivée peu après minuit, après 67 jours, 12 heures et 25 minutes en mer, parcourant 27 807 milles nautiques à une vitesse moyenne exceptionnelle de 17,16 nœuds. Il termine à 2 jours, 17 heures et 2 minutes du vainqueur Charlie Dalin, qui s’est imposé à bord de MACIF Santé Prévoyance.

Après avoir ardemment attendu la ligne d’arrivée ces derniers jours, marqués par des vents faibles et un trafic maritime dense qui ont maintenu le marin sur ses gardes, Sébastien Simon n’a pas retenu ses émotions lors de son arrivée triomphale aux Sables d’Olonne. En effet, il gardait encore en mémoire les graves blessures subies lors de la transatlantique Retour à La Base en décembre 2023.

« C’était un accueil incroyable », a-t-il déclaré sur le ponton, après avoir remonté le fameux chenal des Sables-d’Olonne sous les acclamations de milliers de locaux. « Je n’aurais jamais pu imaginer une chose pareille. Ce matin, j’ai reçu une arrivée extraordinaire dans un froid polaire. Je n’ai jamais eu aussi froid pendant tout le Vendée Globe. »

Avec des mots empreints de sincérité, il ajoute : « Je vais garder des souvenirs inoubliables de ce moment, j’ai déjà hâte de revenir dans quatre ans pour revivre ces émotions. Je ne sais pas si on peut ressentir cela ailleurs. »

Ce podium est d’autant plus remarquable que sa préparation pour cette édition n’a débuté qu’en juillet 2023. Sans bateau ni sponsor, il a vu sa campagne renaître in extremis grâce à Paul-Henri Dubreuil, propriétaire du Groupe Dubreuil, basé en Vendée. Ce soutien providentiel a permis au skipper de concrétiser son rêve d’enfant et de réaliser un exploit salué par tous.

Sébastien Simon a su bâtir une équipe solide autour de lui après avoir acquis Mãlama, un bateau conçu par Guillaume Verdier et vainqueur de The Ocean Race 2023. Ce choix stratégique s’est révélé payant. Malgré ses blessures de 2023, Sébastien Simon a réussi à atteindre un niveau de performance de haut niveau face à des rivaux bénéficiant de bien plus de temps de préparation.

Navigateur confiant et tacticien aguerri, Sébastien Simon a toutefois dû affronter un coup dur au sud de l’Australie avec la casse de son foil tribord, qui a anéanti ses rêves de victoire. Ce revers l’a contraint à une lutte acharnée pour rester dans le sillage de Charlie Dalin et de Yoann Richomme, deuxième sur Paprec Arkéa, malgré une traversée magistrale de l’océan Austral où il a été un acteur clé du trio de tête.

« Les êtres humains ont cette capacité à oublier les moments difficiles, et il y en a eu, notamment quand le foil a cassé, ce qui m’a presque fait perdre espoir à un moment. Mais abandonner, ce n’est vraiment pas dans ma nature. Je me suis battu jusqu’au bout », a-t-il confié.

L’idée d’un retour sur le Vendée Globe était omniprésente dans ses déclarations, et il ne fait aucun doute que le skipper vendéen perçoit ce podium comme une étape vers un futur encore plus ambitieux. Déjà tourné vers 2028, il espère poursuivre l’aventure avec le Groupe Dubreuil, qui l’a soutenu en sponsorisant sa campagne pour célébrer le centenaire de l’entreprise.

Sébastien Simon, qui a mené la flotte du Vendée Globe pendant 10 jours avant de décrocher une magnifique troisième place, a avoué que ces résultats allaient bien au-delà de ses objectifs initiaux. Son ambition première, confie-t-il, n’était que de boucler la course.

« C’était fabuleux, une expérience extraordinaire, et cela ne me donne envie que d’une chose : revenir dans quatre ans », a-t-il déclaré avec enthousiasme. « Paul-Henri (Dubreuil) m’a dit qu’il voulait continuer à me suivre, et c’est un grand signe de confiance. Je ne peux que le remercier, lui et toute sa famille. »

Né à La Roche-sur-Yon, à quelques kilomètres des Sables-d’Olonne, et seulement quelques mois après le départ du premier Vendée Globe en 1989, Sébastien Simon a utilisé une métaphore rugbystique pour saluer le travail acharné de son équipe à terre.

« Cette troisième place, je veux la dédier à tous ceux qui ont été là – tous les collaborateurs de Groupe Dubreuil, ma famille, mes amis et mon équipe qui ont travaillé sans relâche pour préparer ce bateau », a-t-il souligné. « Je dis souvent qu’ils ont marqué l’essai, et moi, je l’ai juste transformé. »

Sébastien Simon n’a pas manqué de rendre hommage à Charlie Dalin, vainqueur de cette édition, tout comme son dauphin Yoann Richomme. « Quand j’ai vu Charlie arriver, j’ai eu un moment d’émotion parce que je suis avant tout un compétiteur. Je fais ça pour le sport, pour la passion. Quand j’ai vu son arrivée, j’étais heureux pour lui. Il le mérite. Je le connais depuis mes débuts en Figaro, et j’ai beaucoup de respect pour lui. J’ai réussi à le battre en Figaro en 2018, mais en IMOCA, il n’y a pas de comparaison possible. Ce n’est pas un hasard s’il est en tête et qu’il gagne. »

Avec un sourire, il même a ajouté : « J’espère qu’il reviendra dans quatre ans et que nous pourrons nous affronter à armes égales. »

Source : IMOCA