Après deux premières tentatives prématurément stoppées, le Trimaran SVR-Lazartigue est à nouveau à 100 % de son potentiel pour s’attaquer au Trophée Jules Verne, record du tour du monde en équipage, sans escale. François Gabart, Tom Laperche et l'équipage sont désormais à l’affût de bonnes conditions météorologiques, avec l’espoir de pouvoir se lancer à nouveau autour du globe.
Crédit : G Gatefait
« Nous savions tous que le Trophée Jules Verne est un défi compliqué, rappelle Tom Laperche. L’exercice du record est complexe. A chaque seconde, nous sommes confrontés au chrono et on se demande toujours si on peut faire mieux. Nous devons être performants pour optimiser tous les facteurs mais il faut aussi un peu de réussite. Quand on doit stopper, la déception est vite avalée. Une fois revenu à terre, le but est de vite redonner au bateau son plein potentiel afin de pouvoir se reconcentrer sur les opportunités météo. »
Plus expérimenté, Pascal Bidégorry insiste sur la dimension mentale de l’attente et de la gestion des différents aléas. « Un stand-by sur un Trophée Jules Verne est usant car tu es sur le qui-vive en permanence, note-t-il. Tu regardes en permanence la météo, tu te fais des scénarios, partira, partira pas. Entre les tentatives, il faut du repos. C’est un peu paradoxal car tu fais des choses de la vie « normale » mais tu sais qu’il faut être prêt à repartir. Malgré la déception de nos deux retours, nous nous sommes vite remobilisés et nous nous sommes tout de suite remis à bosser, à regarder les datas etc. Tout a été mis à profit. Même quand nous avons fait demi-tour, nous ne sommes pas rentrés juste pour faire un convoyage. Nous avons continué à bosser avec un bon état d’esprit collectif. Ces deux navigations ont d’ailleurs permis de renforcer la cohésion sur le bateau. Les choses se font plus facilement. Cela a rendu le groupe beaucoup plus riche avec une performance plus linéaire sur la durée. A l’échelle d’un tour du monde, c’est très important. »
« Ces deux tentatives nous ont permis de progresser et d’apprendre »
Faire le tour du monde en Ultim sans escale est une performance qu’encore aucun bateau n’a réussie. S’attaquer au Trophée Jules Verne à bord de ces bateaux volants constitue un véritable défi. Chaque navigation, chacun des milles parcourus est une opportunité pour apprendre dans un domaine où les Ultim actuels font encore office de pionniers d’une nouvelle ère. « Aborder un Trophée Jules Verne à bord d’un tel bateau est nouveau, explique Tom Laperche. On sent à chaque instant que nous sommes encore dans un domaine d’innovation. Être dans une philosophie de record nous fait tirer davantage sur le bateau. Nous accélérons beaucoup plus et nous mettons le doigt sur des éléments sensibles du bateau. Tout n’est pas encore acquis. »Directeur technique du projet SVR-Lazartigue au sein de MerConcept, Antoine Gautier se réjouit aussi du travail déjà accompli. « Ces deux tentatives nous ont permis de progresser et d’apprendre, souligne-t-il. Nous sommes plus intelligents et performants maintenant. On navigue à des rythmes que l’on n’avait jamais tenus sur ce bateau. Sur la deuxième tentative, on a fait 888 milles à 37 nœuds de moyenne. Les bateaux qui ont fait ça se comptent sur les doigts d’une demi-main. Quoiqu’il arrive dans les jours et semaines à venir, dans la perspective des objectifs des prochaines années, cette campagne est donc déjà un succès. »
« Nous avons fait beaucoup de travail sur tous les détails qui permettent de mieux régler le Trimaran SVR-Lazartigue, insiste Pascal Bidégorry. Quelles que soient les conditions, que ce soit la force du vent, l’état de la mer ou l’allure du bateau, on sait maintenant comment le régler. Le retour des analyses par les ingénieurs chez MerConcept a aussi été très intéressant. On ne cherche plus, on va directement sur les points de performance. Nous avons vraiment trouvé une homogénéité de performance globale du bateau. Par ailleurs, même si cela peut sembler étonnant puisque nous avons dû stopper les deux premières tentatives, nous avons aussi beaucoup travaillé en termes de fiabilité. Naviguer en équipage dans des conditions difficiles où nous ne sommes pas dans la gestion mais dans un esprit de record avec la volonté de pousser énormément le bateau permet de mettre le doigt sur des détails de fiabilité. Cela va nous permettre de faire un grand pas pour la suite du Trophée Jules Verne s’il y en a une cette année, et dans tous les cas, pour les prochaines échéances. »
Source : SVR LAZARTIGUE