Charlie Dalin attendu entre 5h30 et 8h30 demain, "rester concentré, se reposer, bien manger et bien régler le bateau"

 

Demain, entre 5h30 et 8h30, selon les dernières estimations, le skipper de MACIF Santé Prévoyance franchira les ultimes frontières du Vendée Globe. Pour ce compétiteur acharné, ce moment représentera bien plus qu’une victoire sportive : un combat avec l’océan, ses adversaires et lui-même. 


Crédit : O Blanchet


Pour Charlie Dalin, il est tentant, si proche du but, de laisser son esprit vagabonder vers ce qui l’attend : les visages familiers, les sourires chaleureux, les mots qui viendront briser la solitude des derniers instants. Mais le skipper le sait mieux que quiconque : penser à l’arrivée trop tôt, c’est risquer de perdre pied dans le présent. À seulement quelques milles de la ligne, chaque minute semble s’étirer. Le temps, qui paraissait s’écouler si vite lors des premières semaines de la course, s’alourdit soudain. Comme si le voyage, dans un ultime élan, voulait retenir celui qui s’apprête à le quitter. « Quand on est proche de la destination, ça passe un peu moins vite », a commenté Charlie. Cette remarque, teintée de philosophie et d’expérience, résume parfaitement l’étrange paradoxe des derniers instants d’une épreuve aussi titanesque. Après plus de 64 jours de navigation en solitaire, à affronter tempêtes, calmes plats et l’immensité de l’océan, le Havrais se retrouve face à une ultime épreuve : celle de l’attente.

Suspension dans le temps

Toutefois, cette attente n’est pas synonyme d’inaction. Chaque mille parcouru est une victoire, mais aussi un rappel de l’effort colossal consenti pour arriver là. Le vent, instable et mou, ralentit sa progression, prolongeant un peu plus cette tension qui accompagne la fin de son périple. Pourtant, il ne relâche rien. Le skipper de MACIF Santé Prévoyance ajuste ses voiles avec le même soin qu’au premier jour, conscient que rien n’est jamais acquis tant que la ligne n’est pas franchie. Demain matin, sauf avarie ou incroyable coup du sort, il deviendra le vainqueur de la 10e édition de ce tour du monde sans escale et sans assistance. Mais pour l’heure, il reste pleinement engagé, concentré, presque suspendu dans ce temps dilaté où la destination semble à la fois proche et lointaine. Ce paradoxe se reflète aussi dans ses mots : « La tendance est plutôt à la molle. Le vent, proche de l’Est, va me permettre de redescendre en tirant quelques bords vers les Sables d’Olonne. J’essaie de trouver le bon compromis pour que le bateau garde des vitesses acceptables. » Ce vent capricieux de fin de parcours impose des ajustements constants.

Entre rigueur et humilité

« C’est toujours pareil : rester concentré, se reposer, bien manger et bien régler le bateau. Je suis encore dans ma course, complètement », a ajouté le Havrais. Car, comme il l’a si bien résumé : « C’est toujours le dernier kilomètre le plus long. » Et dans ce dernier kilomètre se concentre toute l’essence de son aventure : la maîtrise de soi, la lutte contre le temps et cette humilité face à un océan qui, jusqu’à son dernier souffle de vent, garde sa part d’imprévisible. Mais bientôt, les Sables d’Olonne apparaîtront à l’horizon, prêts à accueillir un héros. Selon l’heure exacte de son arrivée, Charlie Dalin empruntera le célèbre chenal, soit avant 6h45, soit après 14h. Pour sublimer ce moment, les organisateurs ont prévu un spectacle pyrotechnique, une explosion de lumière et de couleurs à la hauteur de son exploit.

Source : M Honoré