Benjamin Dutreux : "Je n’arrive pas à trouver la sortie," vents instables et décisions stratégiques cruciales, le marin livre une lutte sans relâche

 

Pour Benjamin Dutreux, à bord de GUYOT environnement – Water Family, le passage du redoutable front froid semi-stationnaire au large du cap Frio s’impose comme une étape particulièrement exigeante. Entre vents instables, mer agitée et décisions stratégiques cruciales, le marin 12e du Vendée Globe livre une lutte sans relâche pour progresser. « Ce passage est vraiment éprouvant, aussi bien mentalement que physiquement, en raison des nombreuses manœuvres à effectuer. Je peine à en venir à bout, ce n’est pas évident. Je n’arrive pas à trouver la sortie », confie-t-il. 


Crédit : B Dutreux


Coincé dans une zone où les vents changent constamment de direction et d’intensité, le Sablais fait face à une adversité qui le met à rude épreuve. Pourtant, malgré ces difficultés, il reste vigilant face aux possibilités qui s’offrent à lui, cherchant sans cesse à optimiser sa trajectoire. « Le vent est quasiment inexistant, mais une mer de face fait taper le bateau en permanence. Impossible d'accélérer avec seulement cinq maigres nœuds de vent. Je m'efforce d’identifier les meilleures ouvertures pour progresser vers la maison. »

Jouer sa carte à fond

Malgré les obstacles, un changement subtil dans l’atmosphère vient raviver son moral. « Ce matin, j’ai enfin aperçu le soleil au loin. Bien que je reste dans des zones très incertaines, cette éclaircie est un soulagement après des jours passés enfermé dans le bateau sous une pluie incessante. Peut-être une lueur d’espoir au bout du tunnel… du moins, je veux y croire », a détaillé le Vendéen. Ce rayon de lumière, à la fois réel et symbolique, marque une pause dans la tension constante. « Ce n’est pas simple, d’autant plus que je vois mes concurrents progresser à pleine balle proche de la côte. Pour l’instant, rien ne semble les ralentir. Quoi qu’il en soit, je donne tout ce que j’ai et je joue ma carte à fond pour réussir à passer de l’autre côté du front. Je veux tout tenter pour ne rien regretter. » Avec une approche méthodique, il envisage les options à venir. Le décalage vers l’Est pourrait devenir un bel atout et peut-être une chance de reproduire le coup stratégique réussi par Jean Le Cam lors de la précédente édition. « Si j’arrive à sortir correctement de là, que j’arrive à avoir un peu de vent dans les alizés du Sud, que le Pot-au-Noir n’est pas trop méchant avec moi, c’est sûr que ça risque de me donner un petit avantage dans l’Atlantique Nord ». » Mais, réaliste, il ajoute : « Ça fait beaucoup de “si” quand même ! »

Un marin déterminé à avancer

Malgré l’incertitude et la complexité des choix à venir, le navigateur ne relâche pas ses efforts. « Pour l’instant, je prends ce qu’il y a à prendre. Il va falloir que je trouve le bon moment pour virer dans l’Est pour ensuite gagner vers le Nord. Ça va être l’un des éléments déterminants » Chaque manœuvre, chaque instant passé à scruter les conditions météo et à ajuster sa route s’inscrit dans une volonté farouche de progresser, étape après étape, sans jamais perdre de vue l’objectif final. Traverser le front froid de Cap Frio, c’est comme jouer à cache-cache avec le vent dans une pièce remplie de ventilateurs capricieux : un vrai casse-tête ! Mais Benjamin Dutreux nous le rappelle, le Vendée Globe, c’est avant tout une affaire de résilience, de ténacité et d’un optimisme à toute épreuve… même sous la pluie !

Source : F Quiviger