"Je sais que ça revient par derrière mais je continue de me battre" soucis techniques, manque de sommeil, météo capricieuse, Clarisse Crémer raconte

L’océan Indien n’est pas des plus courtois avec Clarisse Crémer. Le « Diable » se cachant dans les détails, c’est en effet un Indien des plus sournois qui a réservé à la skipper de L’Occitane en Provence ses plus vils coups bas : soucis techniques, manque de sommeil, météo capricieuse et suite du programme incertain. De quoi éprouver le mental et attaquer le moral ? Que nenni ! Clarisse reste d’attaque et s’apprête à accrocher sa première dépression australe qui lui permettra, peut-être enfin, de filer tout droit !

Crédit : C Crémer

Un Indien peut en cacher un autre

Clarisse Crémer a passé le cap de Bonne Espérance, lundi 2 décembre à 17h16’56‘‘, puis le cap des Aiguilles quelques heures plus tard, point d’entrée dans ce deuxième océan à traverser, après 22 jours 5 heures 14 minutes et 56 secondes à dévaler l’Atlantique, améliorant sa performance d’il y a 4 ans de plus de 3 jours. « Ça y est je suis dans l’océan Indien, on a été bien accueilli ! Tout comme je me souvenais, j’ai même vu un albatros ! Ce n’était pas hyper violent mais il y avait de la mer et un vent très instable, ce qui m’a empêchée de maintenir de bonnes moyennes de vitesse. Cet Indien n’est clairement pas comme dans les bouquins, à prendre un front et partir avec, tout droit ! »

Tête baissée en attendant le front

Touchée mais pas abattue, Clarisse s’accroche et ne lâche rien sur ses adversaires, bien déterminée à rester dans son paquet et à ne pas voir le groupe de derrière revenir sur elle. La fatigue et les soucis techniques qui commencent à se manifester après bientôt un mois de mer, entre petite panne électrique et usures habituelles, n’y changeront rien. La rupture du support de son vérin de foil tribord, pile au moment de ré-accélérer, qui l’empêche désormais d’en régler l’inclinaison comme elle le souhaiterait, non plus. Clarisse est 12e. « J’aimerais beaucoup rester au sein de mon groupe, je sais que ça revient par derrière mais je continue de me battre et à faire ce que j’ai à faire ! J’ai mes petits moments de fatigue mais globalement ça va, je me connais mieux et j’arrive mieux à me gérer. Je m’efforce de garder mon calme face à l’instabilité, bien que ce soit dur moralement et impossible de se reposer dans des vents aussi changeants, mais je parviens à me projeter dès que c’est un peu plus équilibré. »

Alors que l’Indien « ne se présente pas hyper bien pour battre des records de traversée », Clarisse garde ses objectifs personnels en tête et se réjouit surtout d’avoir trouvé le bon équilibre entre performance et sécurité au moment d’entrer dans le vif du sujet. « On s’attend à un moment un peu désagréable lorsque la dépression qui nous poursuit nous passera dessus, au ras de la zone des glaces, mais qui ne devrait pas être trop creuse et qui ne nécessitera pas de se mettre en sécu non plus » explique-t-elle, engagée sur une route au sud au gré de laquelle les températures commencent à chuter.

Source : L Giffrain