Avarie de hook de capelage et perte d’une voile à bord de Hublot, Alan Roura : "Le grand Sud cette année c’est rude, sauvage, tonique"

 

« Après ça, ce sera moins pire »… Cela a beau être son troisième Vendée Globe, Alan Roura n’a pas arrêté de se dire cette semaine qu’il ne se souvenait pas d’une telle intensité !

Crédit : A Roura

Nouvelles tuiles

« L’une des trois diodes est morte, et la génératrice ne peut plus charger les batteries comme avant. C’était une heure de groupe pour charger les batteries à 100%, maintenant, c’est 15 heures de charge », expliquait le marin, forcément un peu inquiet. Surtout que depuis, le Grand Sud a de nouveau frappé. Son hook de capelage, ce petit crochet qui permet de tenir les voiles en haut du mât, s’est subitement brisé dans une rafale, entraînant la perte de la voile d’avant qu’il accrochait… Le gigantesque triangle de tissu est donc tombé à l’eau, puis s’est enroulé autour du foil, obligeant le marin suisse à une périlleuse opération pour libérer son appendice en carbone du piège qui s’était refermé sur lui. 

« Parce que c’est le Vendée, parce que même si tu as tout préparé aux petits oignons, il peut toujours se passer le petit truc qui ne pouvait pas être anticipé », rappelle Alan Roura, déçu mais pas vaincu. Car tous les concurrents désormais, après 50 jours en mer, connaissent pareil sort. Rien que dans son voisinage immédiat : perte de foil pour Isabelle Joschke et bricolages en série pour Giancarlo Pedote, il n’y a guère que Jean Le Cam avec son bateau neuf qui semble encore relativement épargné et a pu continuer à tracer. Mais dans ces contrées, une centaine de milles d’avance n’est qu’une poussière, qui peut être aspirée à la première contrariété !

« C’est rude, sauvage, tonique »

« C’est vraiment un Vendée particulier, une course très intense et difficile, avec des conditions comme je n’en avais jamais rencontrées. C’est dur, clairement. Il ne faut jamais baisser sa garde, pas même une heure. La moindre petite mauvaise option, petite erreur, petit retard ne pardonne pas », résumait Alan Roura.

De nouveau dans un front puissant depuis 48 heures, le skipper de Hublot a dû sortir le tourmentin, cette petite voile de couleur vive qu’on sort dans les tempêtes, pour réduire au maximum la voilure. « Les prochaines heures vont être assez sportives car le vent va se calmer mais la mer mettra plus de temps elle. Donc on va se faire encore défoncer un petit moment, et dès que je pourrai j’irai mettre une nouvelle voile sur le bout dehors », raconte le navigateur combatif, toujours impressionné par ces puissants phénomènes météorologiques. « Je ne gardais pas du tout ce souvenir du grand Sud. La mer était belle et les systèmes moins forts. En discutant avec d’autres skippers, on est tous d’accord là-dessus ! »

Alors quand le moral flanche parfois, il faut rester concentré sur l’objectif suivant. « Dans 5 jours environ : le cap Horn. Je peux vous dire que je compte les jours, les heures et les minutes », écrit Alan, en 19e position mais à seulement 7 milles de la 17e place… Le grand Sud cette année c’est rude, sauvage, tonique, et pas fait pour faire du bateau. Alors maintenant tu te bouges et tu vas rejoindre l’Atlantique vite fait bien fait. Bref, je commence à parler de moi à la troisième personne, il est temps de revoir du monde : un bateau, un avion, quelque chose. Une terre, ah ça, ce serait cool de voir un caillou. Je n’ai pas vu de terre depuis les Sables d’Olonne. »

Source : Tide Am