Peut-on s’habituer à tout ? Cette nuit, c’est une petite leçon de philosophie que nous font parvenir les marins du Vendée Globe, toujours lancés à des vitesses à la limite du supportable pour s’accrocher à la locomotive dépressionnaire qui les catapulte vers le Sud.
La résilience nous jouerait-elle ce mauvais tour d’endormir nos signaux d’alerte ? C’est en tous cas ce qu’on est en droit de se demander en entendant cette nuit la voix chahutée de Yoann Richomme à bord de PAPREC ARKÉA, qui s’interroge sur le caractère raisonnable ou non de cette option : "Là c’est vraiment une course de vitesse, la mer n’est pas trop défoncée mais le bateau il saute quand même dans tous les sens, ça va très vite, c’est hyper désagréable ! Je n’aime pas trop ce groupe qui bombarde n’importe comment, j’en fais partie mais je trouve qu’on ne va pas pouvoir durer comme ça deux mois !"
En tous cas Yoann Richomme, actuel troisième de la course et qui a opéré hier un petit recalage vers le Sud « plutôt subi que choisi » suite à un renforcement du vent et un changement de voile, prévient lui aussi qu’il ne se laissera pas ébouillanter : "Peut-être que je prendrai mon rythme à un moment, en tous cas là c’est extrêmement dur ! La dépression est en train de partir avec nous, donc nous c’est sûr qu’on part sur deux jours où on continue sur notre vitesse au moins, et après faudra un peu se positionner avant le Cap de Bonne Espérance, parce qu’on va être concernés par une autre dépression, mais j’ai du mal à saisir l’intensité des éléments, c’est pas évident !"
Source : VG