Macif en tête du Vendée Globe, les dix premiers dans un mouchoir de poche, "Charlie Dalin est très rapide à ces allures un peu serrées"

« Le fait d’être sorti du Pot-au-Noir très à l’ouest par rapport au reste de la flotte me donne un angle de progression un peu moins favorable. Dès le début, je savais que ce bord-là allait être compliqué pour moi, surtout que certains, comme Charlie Dalin, sont très rapides à ces allures un peu serrées », raconte Thomas Ruyant qui, après s’être faufilé comme un as dans le Pot-au-Noir et s’être installé pendant un temps aux commandes de la course, a cédé le leadership du Vendée Globe au skipper de MACIF Santé Prévoyance ce vendredi aux environs de 7 heures. 


Crédit : R Gladu 


« J’essaie de tenir ma position et de resserrer un peu l’écart en latéral », a souligné Thomas Ruyant qui a effectivement été le moins rapide de la bande des avant-postes sur les 24 dernières heures, pour des histoires d’angle, ainsi qu’il l’a expliqué, mais aussi parce qu’il a dû solutionner un problème de vérin hydraulique de J3. « J’ai perdu deux-trois heures dans la bataille mais c’est reparti. Je suis content de ma position et de ma place en ce moment. L’objectif, c’était d’être dans le bon paquet dans l’hémisphère sud et c’est le cas », a souligné le navigateur qui ne s’attendait certainement pas à ce que la bagarre soit aussi serrée après douze jours de mer, les dix premiers se tenant en à peine 65 milles.

« C’est assez impressionnant. C’est une vraie régate au contact. C’est bien car il y a de l’action mais ça prend beaucoup d’énergie », a concédé le skipper de VULNERABLE, qui vient, tout comme ses rivaux les plus proches, de déborder Fernando de Noronha, ces petites îles classées au patrimoine mondial de l’UNESCO situées au large des côtes brésilienne, à hauteur de Natal. « On sent qu’il y a des terres pas loin ! Il y a pas mal d’oiseaux ! », a relaté Thomas. Ce n’est pas un hasard : l’archipel abrite la plus grande concentration de volatiles marins tropicaux de l’océan Atlantique Ouest. Si lui a choisi de passer entre Fernando de Noronha et l’atoll das Rocas, à l’image de Charlie Dalin, Nicolas Lunven (Holcim – PRB), Yoann Richomme (PAPREC ARKEA), Yannick Bestaven (Maître CoQ V) et Jérémie Beyou (Charal), Sam Goodchild (VULNERABLE) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) ont, pour leur part, préféré passer au vent bien que les dévents de ces petites îles soient quasi inexistants. Et pour cause, sur zone, le Morro do Pico ne culmine qu’à 321 mètres d’altitude. 

Un système d’écart

C’est évidemment nettement plus perturbé pour les solitaires, toujours en proie à la zone de convergence intertropicale, même si cette dernière est moins active aujourd’hui qu’elle ne l’a été pour les leaders. « Le Pot-au-Noir ne semble effectivement pas trop méchant mais je n’ai pas envie de partir de ce principe tant que je n’en suis pas complètement sorti », a commenté Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise), un poil superstitieux mais aussi et surtout marqué par une expérience qu’il qualifie lui-même de « cauchemardesque » il y a quatre ans. S’il est parvenu à contourner une ligne de grains ce matin, certains de ses adversaires ne semblent en revanche pas aussi chanceux cette fois, en particulier ceux positionnés les plus à l’Est, à l’instar de Jean Le Cam devant qui une cellule orageuse s’est développée. La sanction est, de ce fait, un peu lourde pour le skipper de Tout Commence en Finistère – Armor-lux qui avait fait le pari audacieux de passer à l’Est du Cap Vert. Elle l’est aussi pour Szabolcs Weöres (New Europe) qui s’était abrité aux Canaries pour effectuer des réparations et se retrouve aujourd’hui relégué à près de 1 400 milles du leader, une distance qui, en l’occurrence, pourrait aussi se créer entre les 10-12 premiers et le reste du peloton au niveau de la pointe Africaine s’ils embarquent comme prévu dans l’express de Rio ce week-end !

Temps de passages à l'équateur, ici


Source : M Honoré