Demain à Bonne Espérance pour les leaders du Vendée globe, "Demain, il va y avoir un moment de calme" dixit Nicolas Lunven

 

« Depuis ce matin, la mer s’est bien calmée et le vent est descendu d’un cran. Les conditions sont un peu plus vivables que ces quatre-cinq derniers jours. Être toujours cramponné, ce n’est pas tout le temps rigolo. Un peu de répit, ce n’est pas désagréable ! », a commenté Nicolas Lunven (Holcim – PRB) 6eme au classement, pas mécontent donc de retrouver un peu de calme. Un calme toutefois très relatif puisque lui comme ses concurrents directs continuent de cavaler bon train, en avant de la dépression. 

Crédit : E Stichelbaut


« On progresse en bâbord amure depuis l’ouest des Canaries, soit près de douze jours. Je commence à avoir la jambe droite un peu plus grande que la jambe gauche ! Ça va faire du bien que ça se termine et qu’on passe un peu à autre chose », a ajouté le marin. Le Vannetais ne devrait heureusement plus patienter si longtemps avant de changer de bord. Dans les heures qui viennent, il va en effet négocier une phase de transition entre cette dépression et celles, Australes, qui circulent en bordure de la Zone d’Exclusion Arctique (ZAE). En clair, il va devoir composer avec des vents nettement plus faibles à partir de demain et pour une durée de 48 heures environ, avant de piquer plus franchement vers le Sud puis de s’engager sur l’autoroute du Grand Sud. « Le fait de profiter de conditions plutôt cool pendant deux jours va permettre de se reposer, de bien s’alimenter, de faire un bon tour du bateau et de réparer les quelques petites bricoles qui traînent », a ajouté Nicolas.

Même son de cloche du côté de Justine Mettraux (TeamWork – Groupe Snef). « Demain, il va y avoir un moment de calme. Il faudra bien l’exploiter, notamment pour faire les derniers contrôles sur le bateau avant d’entrer véritablement dans les mers du Sud », a relaté la Suissesse qui, à l’instar de Sam Davies (Initiatives-Cœur), Boris Herrmann (Malizia - Seaexplorer) ou Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence), a d’ores et déjà commencé à tirer des petits bords de recalage entre le front qui se trouve dans son Nord puis l’anticyclone de Sainte-Hélène qui prend ses aises dans son Sud avec un objectif : conserver du vent convenable. Chose a priori plus facile à dire qu’à faire, sachant que d’un côté, c’est très mou et que de l’autre, c’est très instable. C’est peu ou prou la même chose pour tout le groupe qui se situe immédiatement derrière, jusqu’à Damien Seguin (Groupe APICIL). Celui-ci va, lui aussi, devoir patienter jusqu’en milieu de week-end pour choper une nouvelle dépression. Une dépression qui, en l’occurrence, pourrait les accompagner jusqu’au milieu de l’océan Indien et, potentiellement, leur permettre de contenir l’hémorragie avec les premiers.

Quid du gros du peloton emmené par Arnaud Boissières (La Mie Câline) ? Dans l’immédiat, il continue de descendre en file indienne ou presque en direction de la pointe sud du continent Africain. S’il va rater la prochaine dépression, il va néanmoins en attraper une autre, annoncée relativement tonique. De quoi lui permettre d’envisager de déborder le cap Bonne Espérance dans la soirée de mercredi, soit cinq jours après le paquet des premiers qui devrait franchir la longitude du fameux promontoire Sud-Africain à partir de demain à la mi-journée. Les prémices ne vont d’ailleurs pas tarder à se faire sentir. Dès ce soir, le trio de tête composé de Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) et Thomas Ruyant (VULNERABLE) devrait déjà subir les effets du courant des Aiguilles, l'un des courants de surface les plus forts et les plus réguliers de la planète. « C’est un point de vigilance pour nous car il peut atteindre 3-4 nœuds et même plus à certains endroits. Le vrai problème, c’est qu’à partir du cap de Bonne Espérance, il part un peu en tourbillons. Il est donc assez difficile d’en avoir une bonne perception », a expliqué Nicolas Lunven, d’ores et déjà en train d’étudier la question, on l’a compris, pas piquée des hannetons. Et pour cause, le courant s’oppose au vent et entretient une houle et des vagues atteignant des hauteurs parfois dantesques : ces fameuses vagues scélérates, autrefois perçues comme un mythe et pouvant dépasser les trente mètres de haut, rien de moins.

Source : M Honoré