Charlie Dalin malchanceux sur le Vendée Globe, Nicolas Lunven en pleine démonstration, "les modèles météos ne convergent pas" - Point du jour

 

400 milles séparent la tête de flotte, menée par Nicolas Lunven depuis le début d'après-midi, de la lanterne rouge, Jingkun Xu (Singchain Team Haikou). Mais tandis que le groupe de tête savoure les joies de la glisse après un passage de Madère éprouvant, à l’arrière, les conditions toujours toniques vont permettre au reste de la flotte de recoller aux leaders.

Crédit : A Nivet



« J’ai fait une nuit blanche », explique d’une voix éreintée de fatigue Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) à des journalistes lors d’une vacation organisée au Musée de la Marine, à Paris. « Je crois que j’ai eu tout le catalogue des mauvais choix de manœuvres et je me suis fait arrêter par le dévent de l’île (de Madère)… Je n’ai pas eu de chance, c’était très frustrant »

Un sentiment nul doute partagé par la tête de la flotte.« Il fallait essayer de laisser Madère à bâbord, empanner et trouver la rotation de vent, c’était vraiment pas facile », reconnaît Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) qui, lui aussi, n’a « pas bien dormi ». Louis Burton (Bureau Vallée), exceptionnel de régularité et dans le ‘top 10’ depuis le début de la course, ne cache pas que la nuit a été dure. « En approchant de Madère, j’ai eu de gros nuages, le vent montait à 25 nœuds, tu bombardes et puis ça s’arrête, ça repart… J’ai perdu pas mal de temps à ce moment-là ». Sam Goodchild (VULNERABLE) abonde : « je me suis fait arrêter par un nuage et une averse pendant 25 minutes ».

C’est désormais une météo semblant offrir un semblant de répit qui accueille la flotte des solitaires en ce 4e jour de course. « Les leaders ralentissent avec moins de vent – 13 à 15 nœuds - et une mer plus plate qui va leur permettre de glisser et d’être stables », décrypte Basile Rochut, consultant météo du Vendée Globe. Idéal pour rattraper un peu les carences en sommeil et profiter de températures plus clémentes. « Je vais pouvoir rester pieds nus et en maillot de bain jusqu’à l’équateur », sourit Boris Herrmann. « C’est ambiance tee-shirt et alizé », poursuit Nicolas Lunven. Le skipper d’Holcim-PRB a le sourire et pour cause : il a pris les commandes de la course cet après-midi.

Mais le vent va continuer de faiblir, encore. Une situation qui devrait profiter au reste de la flotte dont une partie bénéficie à l’inverse de conditions toujours toniques. On relevait ainsi 30 nœuds de moyenne et des pointes à 40 nœuds pour Jingkun Xu (Singchain Team Haikou) qui ferme la marche.

Dans le cœur du peloton, Romain Attanasio (Fortinet-Best Western) parlait ce matin d’un vent instable « entre 10 et 25 nœuds ». Néanmoins, il se réjouit, comme une large partie de la flotte, de pouvoir en profiter et revenir sur les leaders. « On a du vent un peu plus serré qui nous permet de descendre vers le Sud, analyse Romain. Les premiers vont s’arrêter parce qu’il n’y a plus d’alizé et nous ça va nous permettre de recoller sans jouer à l’élastique ». Mais Romain sait, comme les autres, qu’il n’y a jamais d’acquis en course au large. Et la suite est encore difficile à envisager. « Ça s’annonce très compliqué de composer avec cet alizé » reconnaît le skipper de Fortinet- Best Western.

Louis Burton et Boris Herrmann parlent tous les deux de « situation pas très claire ». Le skipper de Bureau Vallée assure que « les modèles météos ne convergent pas et qu’il y a de grosses zones de molle à traverser », celui de Malizia – Seaexplorer qu’il « faut tenter vers le Sud-Ouest ». Yoann Richomme (PAPREC ARKEA) résume la situation dans une vidéo : « on va vers une belle zone d’incertitude ! ». 



Source : M Honoré