Benjamin Dutreux, skipper de GUYOT environnement – Water Family s’apprête à vivre de multiples aventures en prenant le départ de son deuxième Vendée Globe. Tourner autour de la planète en solitaire par les trois caps, sans escale et sans assistance représente-t-il aujourd'hui toujours le même challenge qu’il y a trente-cinq ans ? Le Sablais livre son point de vue.
« Le Vendée Globe 2004-2005 est celui qui m’a le plus marqué car à l’époque, j’avais 14 ans et je commençais à être en âge de prendre la mesure d’un tel défi », annonce Benjamin Dutreux qui garde en mémoire l’incroyable bataille que se sont livrés Vincent Riou et Jean Le Cam pour la victoire, mais aussi les mésaventures de certains comme Alex Thomson, Nike Moloney ou Sébastien Josse. « C’est en suivant leurs périples que j’ai réalisé que le dépassement de soi consiste à repousser ses limites en dehors de ce que l’on imagine atteignable et réalisable », poursuit le skipper de GUYOT environnement – Water Family, capable de lister presque toutes les histoires les plus incroyables de la course, celles-là mêmes qui ont contribué à construire sa légende. « A date, 200 bateaux ont pris de le départ du Vendée Globe mais seulement 114 ont franchi la ligne d’arrivée en course. C’est assez parlant », note le Sablais qui se souvient bien sûr des sauvetages périlleux et des disparitions mais qui préfère se rappeler des faits de course plus joyeux, comme la fantastique remontée de Michel Desjoyeaux lors de la sixième édition. « Réaliser l’exploit de gagner l’épreuve pour la deuxième fois en étant parti avec plus de 40 heures de retard après être rentré pour réparer aux Sables d’Olonne, c’est une chose que je trouve assez folle mais qui montre bien que sur un tour du monde, tout, y compris le plus improbable, peut se passer », précise Benjamin, conscient par ailleurs que même si les progrès de la technologie et de la communication ont rendu les choses un peu différentes par rapport aux premières éditions, le Vendée Globe reste une aventure hors-normes.
Une autre aventure
« Il est évident que l’on ne vit aujourd’hui plus la même aventure qu’à l’époque. Le monde a évolué et ça n’a plus rien à voir. D’ailleurs, entre mon précédent tour du monde, il y a quatre ans, et celui que je m’apprête à vivre, c’est déjà très différent. La première raison, c’est que les bateaux sont de plus en plus prêts et que les équipes de plus en plus professionnelles », relate le navigateur, rappelant qu’Alain Gautier, lorsqu’il remporte le Vendée Globe 1992-1993, ne compte alors autour de lui qu’une équipe de trois personnes. « Désormais, avec ce nombre, on ne peut pas faire grand-chose et certainement pas gagner car on est à présent dans un sport avec un très haut niveau de technicité. Cela étant, malgré le fait que l’on bénéficie d’équipes relativement importantes, avec les meilleurs architectes, les meilleurs ingénieurs et les meilleurs techniciens, on arrive toujours à se faire surprendre. C’est précisément ce qui est assez beau dans notre discipline : le plan ne se déroule jamais comme prévu. On cherche à penser à tout mais on n’y arrive jamais complètement. En mer, le premier défi d’un marin est de se débrouiller pour essayer de garder son bateau proche de son potentiel maximum alors même qu’il ne peut pas tout maîtriser puisque ce sont généralement les éléments qui décident. C’est pour cette raison qu’au-delà de l’aspect de la performance sportive, l’aspect aventure demeure grandement présent », note Benjamin qui sait, pour l’avoir déjà fait une fois, qu’un Vendée Globe, avec ses difficultés, sa grande part d’inconnu et ses essences extraordinaires, ballotte, endurcit, construit, émeut… en un mot : façonne. « Certains disent que lorsque l’on rentre d’un tour de monde, on est transformé. Je ne sais pas vraiment dire si ma première expérience m’a changé et si oui, dans quelle proportion. Ce que je sais, en revanche, c’est que je pensais qu’elle m’aurait un peu calmé or, finalement, elle m’a donné encore plus envie d’accélérer et de me challenger ! ».Source : F Quiviger