Paul Meilhat au départ de son deuxième Vendée Globe, "je pars serein" dixit le skipper de Biotherm - ITW

Biotherm s’est amarré au ponton des Sables d’Olonne ce vendredi matin à 7h35 après un convoyage rapide depuis Lorient. « C’est une vraie récompense d’être là, on savoure à fond, surtout après ce dernier mois de préparation qui a été très intense pour toute l’équipe » déclarait Paul Meilhat à son arrivée dans le port vendéen. Le marin de 42 ans prendra le départ de son deuxième Vendée Globe. Huit ans se sont écoulés depuis son premier tour du monde en solitaire inachevé. Comment et dans quelles conditions aborde t-il ce nouveau défi ? Que va t-il chercher ? Quelles sont ses convictions, son état d’esprit, ses envies ?

 
Crédit : V Curutchet

Nouveaux foils : les voyants sont au vert

Les quinze jours de navigation (dont un stage à Port La Forêt) et les six nuits en mer qui ont suivi la remise à l’eau de Biotherm mi-septembre, ont été intenses et prolifiques. Au sein du team, la satisfaction est entière quant à l’état de préparation du bateau et le comportement des nouveaux foils pour aborder le Vendée Globe. « Cela va nous apporter de la performance, mais je vais aussi continuer à apprendre beaucoup de choses pendant la course, comme tous mes concurrents d’ailleurs. Le plus important, c’est que je pars serein, avec un niveau de confiance élevé pour pouvoir exploiter le bateau », confiait Paul quelques heures avant de mettre les voiles pour la Vendée.

Le Vendée Globe, une épreuve à sa mesure

En 2016, sur son bateau à dérive face aux récents foilers, Paul Meilhat avait fait sensation en signant un très solide début de course, se hissant à la troisième place à l’entrée de l’océan Pacifique. Jusqu’à ce qu’une importante fissure sur son vérin de quille ne le contraigne à l’abandon, à plus de 2000 milles de toute terre, du côté du fameux point Nemo.

Que retient-il de ce premier tour de la planète inachevé ? « Que j’ai aimé ça ! C’est vraiment une course qui me correspond. Je ne suis pas attaché au confort des terriens, je n’ai pas d’état d’âme quand je pense à mon lit ou à une douche chaude. Je suis assez adapté à cette vie à bord très simple, un peu austère, où à part manger, dormir, s’occuper du bateau et de la course, il n’y a rien d’autre à penser. Où il faut être sobre et économe en tout : le confort, la nourriture, l’énergie, les vêtements et même dans ses déplacements à bord ».

Son arme fatale : le mental

« Aujourd’hui, pour moi, la clé pour réussir un Vendée Globe, c’est la stabilité émotionnelle. Il faut avoir le même niveau de concentration, d’engagement, quelles que soient les conditions. Entrer dans une routine de fonctionnement, conserver le même rythme du départ à l’arrivée, que tu sois content ou pas, fatigué ou pas, que tu te sois fait doubler par tes concurrents ou pas. Si tu sors de ce schéma, cela devient dangereux. La stabilité émotionnelle, c’est l’arme fatale des sportifs de haut niveau. Or, sur un Vendée Globe qui dure plus de 70 jours, il faut être capable de la trouver en soi. Il faut bien se connaître pour y parvenir et cela fait partie de mes forces, je crois ».

Penser au chemin

« J’essaie de ne pas me projeter, de ne pas penser à l’arrivée, à l’imagerie du retour dans le chenal des Sables d’Olonne. Je me concentre sur les moyens, les objectifs intermédiaires, pas sur la finalité. Ce qui m’importe, c’est de prendre du plaisir dans ce tour du monde, de réussir une belle course, ce qui suppose ou implique d’être performant. Je pense aussi qu’il faut apprécier le chemin parcouru ces deux dernières années et profiter de ce moment, celui d’être au départ. Il faut s’efforcer de rester dans l’instant pour minimiser l’enjeu de cette course qui est déjà très élevé ».

Trois semaines au Village

« J’ai passé ma dernière nuit à la maison » révélait Paul Meilhat, juste avant de partir en convoyage. Le skipper de Biotherm restera aux Sables d’Olonne pendant toute la période du pré-départ, pour vivre pleinement et partager ce moment important, à la fois point d’orgue du projet pour son équipe, ses partenaires, et sas de sortie vers une exceptionnelle aventure sportive en solitaire.

« Il y a 8 ans, je m’étais fait emporter par ce tourbillon du pré-départ. Cette fois, c’est différent. Ce n’est pas le même projet, mon rôle n’est pas le même. C’est super de sentir cette montée en puissance, l’engouement grandissant de notre partenaire Biotherm et de tout le groupe. De mon côté, je sais que l’ensemble du programme sur place sera géré à la perfection par mon équipe, en laquelle j’ai 100% confiance. Je vais d’ailleurs passer pas mal de temps avec eux et je ne serai pas coupé de mon bateau. J’aurais peut-être besoin de me protéger de la foule, mais tous les jours, je serai sur mon bateau. J’en ai besoin parce qu’il sera mon compagnon pendant trois mois et que je ne veux pas vivre de ‘choc’ au moment du départ. C’est aussi pour cela que je ne rentre pas à la maison. Cette période sera pour moi une mise en condition progressive ».

Source : L Dacoury