Banque Populaire XI et le Maxi Edmond de Rothschild tricotent ce mardi le long des côtes espagnoles, SVR - Lazartigue handicapé

 

Après plus de trois jours de course, la situation reste incertaine sur la Finistère Atlantique. Passés lundi les premiers dans le détroit de Gibraltar, le Maxi Banque Populaire XI et le Maxi Edmond de Rothschild tricotent ce mardi le long des côtes espagnoles, à la recherche d’un nouveau vent qui devrait les mener à vive allure au large de Barcelone, puis Antibes, où ils sont attendus entre mercredi après-midi et jeudi au petit matin. Derrière, Sodebo Ultim 3 n’a pas dit son dernier mot, tandis que SVR - Lazartigue, handicapé par une avarie d’étai de J2, et Actual Ultim 3 sont plus loin.

Crédit : BPCE



Décidément, la météo n’en finit pas de faire des caprices sur la Finistère Atlantique, rendant chaque jour caducs les scenarii envisagés la veille. On se souvient que lundi, le Maxi Banque Populaire XI (Armel Le Cléac’h) avait été beaucoup moins ralenti que prévu dans la dorsale anticyclonique au large du Portugal, ce qui lui avait permis de creuser un petit écart sur ses poursuivants. Cette fois, c’est la fin de la course qui s’annonce bien incertaine, au point que le directeur de course Francis Le Goff n’ose plus se risquer à faire des pronostics d’ETA (estimation d’heure d’arrivée) trop précises.

« Ce matin, on pouvait imaginer que le Maxi Banque Populaire XI et le Maxi Edmond de Rothschild allaient toucher plus de vent que prévu le long des côtes espagnoles et bénéficier de transitions favorables pour rejoindre Antibes pleine balle et arriver mercredi après-midi. Au moment où je vous parle (15h30), ce n’est plus sûr du tout. Au fur et à mesure que les fichiers tombent, ce n’est jamais pareil. »

Passé le premier dans le détroit de Gibraltar, lundi à 18h12, le Maxi Banque Populaire, après un nouvel enchaînement de virements de bord dans du petit temps, cette fois le long des côtes sud-est de l’Espagne, garde la main mardi après-midi. Il commence même à retoucher du vent et donc à reprendre un peu de marge sur son poursuivant immédiat, le Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier), pointé à plus de 35 milles à 16h. Pour autant, Armel Le Cléac’h ne crie pas victoire, conscient que la Méditerranée regorge « de phénomènes locaux qui peuvent varier d’une pointe à l’autre ». Et le vainqueur du Vendée Globe 2016 d’ajouter : « On sait qu’il faut savoir réagir vite en toutes circonstances. Si on doit faire une manœuvre ou un changement de voile, on réveille tout le monde et l’équipage peut être opérationnel en quelques minutes. »

Derrière, le Maxi Edmond de Rothschild tente de s’accrocher, tout en profitant du spectacle, des côtes marocaines hier, espagnoles aujourd’hui, au point de faire dire à Erwan Israël que cette Finistère Atlantique propose « une belle route touristique ». Une route qui devrait se terminer au sprint entre Barcelone et Antibes, puisque les deux bateaux de tête vont sans doute terminer plein pot au reaching bâbord amure, poussés par un mistral tonique descendant du golfe du Lion. « Compte tenu des incertitudes, la fourchette de leur heure d’arrivée est assez large, entre mercredi après-midi et jeudi matin. Je pense aussi qu’ils restent encore sous la pression de Sodebo Ultim 3 », estime Francis Le Goff.

Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville) a été le troisième à se présenter la nuit dernière dans le détroit de Gibraltar, 8 heures après le leader, il a été suivi ce mardi à 12h56 par SVR - Lazartigue, victime d’une nouvelle avarie après celle qui a touché sa grand-voile (que l’équipage a dû changer lors d’un pit-stop express à Cascais lundi). Cette fois, c’est un axe dans l’enrouleur de l’étai de J2 (câble qui tient le mât à l’avant et sert à dérouler le J2), qui a cédé, contraignant l’équipage à assurer le mât avec les étais de J1 et de J3 et, donc, à naviguer plus prudemment pour ne pas trop solliciter le gréement. « Notre objectif est de continuer notre route vers Antibes en faisant en sorte de garder nos voiles d’avant en place pour sécuriser le mât au maximum, a confié mardi matin le skipper du trimaran, François Gabart. On est super déçus, on ne comprend pas pourquoi cet axe s’est cassé, on est encore en course, avec un bateau pas à 100% de son potentiel, mais qui peut avancer. »

Dans ces conditions, SVR - Lazartigue va sans doute devoir surveiller dans son rétroviseur l’avancée d’Actual Ultim 3, attendu en fin d’après-midi à Gibraltar après avoir mangé son pain noir dans la dorsale au large du Portugal toute la journée de lundi. « On va rentrer dans le détroit au près avant de récupérer un flux d’ouest et ainsi entamer un bord sous gennaker qui devrait durer presque jusqu’aux Baléares », se réjouit le skipper Anthony Marchand, qui va franchir pour la première fois le détroit en course, comme une bonne partie de son équipage. « Ce sera évidemment un chouette moment pour tout le monde à bord. Ce que l’on apprécie par ailleurs, ce sont les températures qui sont nettement plus agréables qu’en Bretagne à cette période. C’est, certes, un détail, mais qui a son importance. »

Source : J Cornille