À la veille de l’inauguration du village, tous les marins se sont amarrés aux pontons. Les derniers arrivés ont remonté le chenal ce vendredi matin. Désormais, place à trois semaines de village, de partage et de fête avant le grand départ le 10 novembre prochain.
Sept heures du matin, ce vendredi, sur les pontons de Port Olona. Dans 22 jours, au même endroit, tout sera particulier. Ce sera le temps du dernier réveil, des derniers stress, du dernier lever de soleil depuis la terre et des ’au revoir’. Mais pour les skippers, ça parait encore loin et tous savourent encore un peu le répit qui les sépare du Jour-J.
« Ça fait forcément quelque chose d’être là »
Le ponton était déjà bien rempli – une grande partie des marins était arrivée la veille – et il l’est désormais un peu plus. L’absence de vent et la mer plate ont grandement facilité les manœuvres dans le port, même si « ce n’est pas évident de remonter le chenal de nuit », dixit Yoann Richomme (Paprec Arkéa). Les membres de la direction de course étaient là pour guider les marins, les aider dans ces manœuvres toujours délicates afin de bien sécuriser les bateaux. Les visages sont concentrés jusqu’à ce que les bateaux ne bougent plus avant de se détendre rapidement.Les sourires sont alors un peu plus nombreux, témoignages du plaisir simple de faire partie de cette grande fête de la course au large. « On a la tête dans le guidon depuis des mois, ça fait forcément quelque chose d’être là », apprécie Paul Meilhat (Biotherm). Un constat partagé par Romain Attanasio (Fortinet-Best Western) qui a dû batailler après avoir démâté en septembre. « C’est vrai que ça n’a pas été simple, confie-t-il, bonnet vissé sur la tête. D’habitude, on commence à stresser quand on arrive. Là, ça a commencé il y a quelques semaines ».
« C’est déjà une première victoire »
La lune est toujours visible au travers des haubans même si le jour se lève. Il est 8 heures, Maxime Sorel (V andB – Monbana – Mayenne) arrive à son tour. Le Malouin rêve de sucré et de pain au chocolat mais pas seulement : « remonter le chenal, ça m’a rappelé ce que j’avais ressenti le 30 janvier 2021 (jour de son arrivée), la forte émotion d’être là après avoir fait un tour du monde ». Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) a lui aussi le sourire. Il se plaît à être situé tout au bout du quai, « on est tranquille comme ça ». « Bien sûr que je suis heureux d’être là, confie-t-il. Ça fait trois ans qu’on travaille sur ce bateau. Être là, c’est une belle récompense pour toute l’équipe ». Il y a de la satisfaction également dans la voix de Violette Dorange (Devenir) : « j’ai pu profiter du convoyage et de l’arrivée au port avec des proches ». La navigatrice de 23 ans rappelle « qu’être ici, c’est déjà une première victoire ». L’atmosphère est un cadeau : du calme, le lever du soleil et la fraîcheur de l’automne.Un peu plus loin, Yann Eliès, deux Vendée Globe au compteur et skipper remplaçant de Paprec Arkéa, sait à quel point la simplicité de cette matinée-là compte. « C’est une journée sympa pour les équipes et les skippers, confie-t-il. Tu arrives, tu prends tes marques, tu profites du fait que les pontons ne sont pas encore bondés ». Un moment bienvenu après tout le travail réalisé. « Ils bossent depuis quelques années mais ont tous l’impression que ça fait dix ans qu’ils préparent ce Vendée Globe », assure Yann en pensant aux membres de chaque équipe. Ça valait bien une journée de soleil et un peu de calme avant de plonger dans l’effervescence du village.
Source : M Honoré