"Un dernier petit galop d’essai en solo" Thomas Ruyant, Charlie Dalin, Yoann Richomme, ... départ des 48 Heures Azimut

 

Ce jeudi, à 15 heures, dans des conditions de vent et de mer idéales - une petite quinzaine de nœuds de nord-ouest sous un soleil généreux - 19 bateaux se sont élancés sur la course des 48 Heures Azimut.

Crédit : JL Carli


Au top dans les courreaux de Groix pour le départ du gros morceau de ce quatorzième Défi Azimut - Lorient Agglomération, les solitaires ont très vite paré la pointe de Pen Men dans un premier bord de près, avant d’ouvrir les voiles le long de la côte sauvage. Les quinze hommes et quatre femmes engagés re-salueront, dès samedi matin pour les premiers, l’île qui protège l’entrée de la rade de Lorient. Mais d’ici là, il leur faudra se relever les manches sur un parcours dessiné sur mesure et composé sous toutes les allures par le directeur de course Yann Eliès.

Un tracé en W dans le golfe de Gascogne

« C’est un parcours un peu alambiqué, en forme de W, avec six waypoints », convient celui qui, après avoir longtemps écumé le circuit IMOCA, orchestre cette année la partie sportive et maritime du rendez-vous lorientais. « On a dû faire avec pas mal de contraintes, ce n’est pas si simple de dessiner un tracé qui tient compte à la fois du timing des arrivées, du souci d’éviter une zone de forte concentration de mammifères marins au niveau du plateau continental, et de la nécessité aussi de rester dans l’est du golfe de Gascogne pour éviter une zone sans vent qui menace de se rapprocher des côtes françaises sur la fin », détaille le directeur de course.

Groix, l’estuaire de la Gironde, l’île d’Yeu et la pointe de Penmarc’h ponctuent donc cette régate qui s’annonce des plus disputées par les marins bien décidés à donner le meilleur d’eux-mêmes sur cette « der des ders » avant le Vendée Globe.

Sur les pontons, aucun ne cache sa satisfaction de se jeter dans le vif du sujet, d’autant que les conditions s’annoncent parfaites pour ce dernier galop d’essai avant le tour du monde en solitaire. Une grande descente au portant avec la garantie de goûter aux belles sensations de vitesse à bord des foilers, avant une remontée au près dans des vents de plus en plus évanescents : tous les ingrédients sont réunis pour donner lieu à une régate de tous les instants.

« À fond les ballons », « À fond la caisse » !

« On attend une belle météo, avec du vent mais pas trop. On va partir à fond les ballons. On a juste un petit doute sur la fin de parcours : va-t-on tous se retrouver sur un parking au niveau des Glénan, ou au contraire avoir la chance de bénéficier d’un peu de vent jusqu’à l’arrivée ? On verra bien… » confiait Samantha Davies (Initiatives Cœur), tout sourire après la journée d’hier, qui a vu son bateau rouge très à l’aise dans l’exercice de haut vol des runs de vitesse.

Même son de cloche de la part de Charlie Dalin, lui aussi pressé d’en découdre. « On va commencer par un grand bord de portant jusqu’à l’estuaire de la Gironde, suivi par un petit bord de reaching à fond la caisse, avant la grande remontée au près. Comme à chaque fois, on s’attend à composer avec des conditions de vent très variées en force et direction. Cela va nous mettre dans de bonnes conditions à quelques semaines du départ du Vendée Globe. », souligne le skipper de Macif Santé Prévoyance. Déjà double vainqueur des 48 Heures Azimut, on peut compter sur lui pour ne rien céder dans cette édition 2024, dont il est l’un des favoris. « On va faire la course à fond, et on va certainement arriver très fatigués samedi matin, mais cela fait partie du jeu ! »

À chacun sa voile de portant

À quelques minutes du départ, c’est l’Allemand Boris Herrmann (Malizia Sea Explorer) qui emmenait la flotte en milieu de ligne, suivi de près par Lazare (Tanguy Le Turquais), en pointe des IMOCA à dérives et sous la surveillance de Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef). Joli timing également de Romain Attanasio sur son Fortinet-Best Western, mais rapidement le danger venait des bateaux sous le vent, Charlie Dalin et Sam Goodchild en tête. C’est d’ailleurs le vainqueur des runs hier qui guidait sur son VULNERABLE la flotte en fin d’après-midi par le travers de Belle-Île. Les vitesses avaient pris un cran à plus de 20 nœuds avec des trajectoires divergentes, témoignant sans doute de choix de voiles d’avant assez différents . Jongler entre les voiles de portant au fur et à mesure du renforcement attendu, anticiper l’enroulement du waypoint Azimut Gautier Sergent au large de Royan, changer encore de voiles pour le petit bord de reaching vers le waypoint Azimut Hervé Laurent, autant dire que les solitaires n’auront pas le temps de procrastiner cette nuit dans le golfe de Gascogne !

Thomas Ruyant (VULNERABLE) : « Le parcours va être varié, avec de la brise et un vent un peu plus mou. On va aussi commencer par une grande descente au portant, et cela me plaît bien. Cela va être l’une des premières fois qu’on voit l’ensemble de la flotte dans des conditions de brise et dans un peu de mer, à une allure VMG portant qu’on va rencontrer sur le Vendée Globe. Et il y aura aussi quelques coups stratégiques à aller chercher. Cela va être physique, on ne va pas beaucoup dormir, je pense ; avec beaucoup de changements de voiles. C’est aussi un dernier petit galop d’essai en solo pour tester la machine, et se mettre bien à bord avant le Vendée Globe. »

Yoann Richomme (Paprec Arkea) : « On a installé une nouvelle paire de foils. Les 48 heures vont permettre de mieux l’apprivoiser, même si elle est globalement satisfaisante. Elle nous apporte un plus de performance dans le vent moyen et il s’agit pour moi de mettre à jour un peu toutes mes données. Sur le descente - un grand portant de 18-20 nœuds, plus si affinités - il y aura d’autres enjeux, notamment sur les choix de deux voiles pour descendre jusqu’à Royan. J’avoue que je suis un peu paumé ; et c’est nickel, je vais voir si je fais le bon choix… ou pas ! Au pire, j’apprendrai ! Ensuite, on aura plusieurs manœuvres à enchaîner et du près dans la remontée. En revanche, la dernière partie du parcours dans du vent très léger. Cela va être très mou en Bretagne Sud et la régate risque de se jouer là. »

Jérémie Beyou (Charal) : « Le Défi Azimut est une course qui me réussit bien. Je l’ai gagné l’année dernière en double avec Franck Cammas. Les années Vendée Globe, les objectifs sont un peu différents. Chacun a ses petits objectifs techniques, ou au niveau de la vie à bord. La victoire ou une place devant tu es forcément heureux de la prendre, mais ce ne sera pas forcément significatif de ce qui va se jouer sur le tour du monde. C’est une répétition générale, j’embarque pas mal de matériel à bord. On va aussi tester le jump des équipiers avant les quatre minutes, histoire de vérifier que les combi sèches ne sont pas percées ! »

Source : Azimut