Dernier acte du SailGP ce week-end, Quentin Delapierre : "C’est génial d’être encore en position pour jouer la super finale"

 

Le dénouement de la Saison 5 de SailGP aura lieu ces samedi 13 et dimanche 14 juillet dans la baie de San Francisco. Tout reste donc à jouer. Les Bleus de Quentin Delapierre ont l'intention de battre les Espagnols et de leur piquer leur place pour la Grande Finale à 2 millions de dollars. Verdict dans la nuit de dimanche à lundi. En attendant, le pilote tricolore nous livre ses impressions à la veille du coup d’envoi du Sail Grand Prix de San Francisco.


Crédit : R Pinto for SailGP

Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche de la Grande Finale de cette Saison 5 de SailGP ?

C’est génial d’être encore en position pour jouer la super finale. C’est la deuxième saison de suite, ce qui est déjà une réussite en soi. On change de position, l’année dernière on était en défense, cette année on est plutôt chasseurs. On est un peu plus loin en termes de points que ce qu’on a été la saison dernière. Mais je crois que tout est possible. Et on a juste faim. On a envie d’y aller, on a envie de lâcher ce qu’on sait faire et de se faire plaisir. Je sens qu’on en est complètement capables. On n’a pas encore gagné de Grand Prix cette saison, c’est le bon moment pour le faire. En tout cas, je sens que l’équipe est arrivée à maturité et on a ce qu’il faut pour le faire.

Comment vous êtes-vous préparés pour ce dernier Sail Grand Prix après New York ?

Entre New York et San Francisco on a débriefé de petits détails, plus particulièrement de l’état d’esprit qu’il faut avoir quand on ne réalise pas forcément le plan A et qu’il faut se débrouiller avec ce qu’on a malgré une manœuvre dégradée par exemple, pour mettre de l’énergie dans le bateau. On a beaucoup parlé de ça. On a aussi parlé de la tactique/stratégie qu’on a réorientée sur Manon et moi. Ça nous va plutôt bien. Avec Manon on est en phase et on se comprend bien là-dessus donc on va rééditer ça à San Francisco. En plus, je pense que c’est typiquement le genre de plan d’eau que Manon affectionne, où il y a plutôt des bascules persistantes, moins oscillantes. Manon a un œil assez fin là-dessus, elle aime bien prendre des risques pour aller chercher une rotation de vent. Ça va être pas mal. Et entre les deux, on a évidemment beaucoup navigué à Barcelone en AC75, ce qui compte aussi parce qu’on navigue ensemble, on peaufine notre coordination. On est tous un peu fatigués c’est sûr mais en même temps on est prêts à y aller.

Quel est l’atout des Bleus pour San Francisco ?

Notre atout pour San Francisco, c’est qu’on est très à l’aise quand on a les petits foils. Jason, en particulier, a les meilleures statistiques depuis le début de la saison avec ces appendices. Sinon, je dirais les départs. Je crois qu’on est capables d'enchaîner beaucoup de départs en tête et il va falloir s’en servir à San Francisco. Ne rien changer et ne surtout pas paniquer si ça ne passe pas du premier coup. Juste continuer à faire ce qu’on sait faire.

Comment allez-vous fonctionner par rapport à vos concurrents directs espagnols qui ont 5 points d’avance ?

Je pense qu’il y a une possibilité qu’ils viennent nous chercher en match race parce que s’ils nous gardent à un ou deux points au classement général, ils sont pratiquement sûrs de passer en finale. S’ils viennent nous chercher, on a l’expérience de l’an dernier pour les faire déjouer : maintenant on sait où mettre le focus. Le match race ce n’est clairement pas l’objectif quand un bateau vient vous chercher. C’est plutôt de trouver la meilleure porte de sortie, pour bien se concentrer à prendre le meilleur départ dans les 20 dernières secondes. C’est ce qu’on a mal fait l’année dernière. De notre côté, et notamment s’ils ne viennent pas nous chercher, clairement il faut qu’on gagne des manches et qu’on essaye de gagner ce Grand Prix. Pour qu’à une ou deux courses de la fin, on soit en bonne position pour, à ce moment-là, passer en mode match race et essayer de les faire déjouer.

Quel premier bilan pouvez-vous faire de cette Saison 4 après 12 Sail Grand Prix ?

Le bilan de cette saison, c’est que par moments on n’a pas été en réussite, on n’a pas été ‘faciles’. On a même plutôt été ‘dans le dur’. En revanche, la chose ultra positive c’est que nous nous sommes accrochés, on n’a rien lâché. Et grâce à ça on est en très bonne position en cette fin de saison. Dans le même temps, je suis convaincu qu’on peut faire beaucoup mieux. Donc au global, c’est une saison un peu frustrante et j’aimerais bien qu’on la finisse en beauté à San Francisco. Pour la suite, je sais qu’on a tout pour gagner cette ligue. Peut-être qu’on manquait encore un peu de maturité, d’expérience, pour être aussi solide que les top teams. Et puis il y a clairement un autre point de frustration qui est de ne pas avoir trouvé les moyens d’obtenir plus de journées d'entraînement. Je pense que c’est ce qui nous a manqué par rapport à des équipes comme le Danemark, l’Espagne, le Canada, qui ont eu beaucoup plus de journées d'entraînement que nous. À la fin, c’est sûr que ça compte sur une ligue aussi relevée que SailGP.

⁠Qu’est-ce que vous ressentez avant ce dernier Sail Grand Prix, face aux enjeux plus élevés que jamais avec cette qualification pour la Grande Finale à la clé ?

Ce que je ressens, c’est de la maturité. Je sens qu’on est en terrain connu, on a déjà vécu ça l’an dernier. Surtout, on l’a bien en tête : on s’était mis à l’extérieur des boundaries pour regarder la Grande Finale de la Saison 3. Ça fait mal d’être sur le podium presque toute la saison et d’en être éjecté sur le dernier Grand Prix. Je pense qu’on l’a tous en tête. On sait les erreurs qu’on a faites, qu’on ne veut pas reproduire. Et je nous sens sereins et matures pour attaquer San Francisco. L’état d’esprit est bien en place, on sait qu’on peut faire des choses brillantes, donc à nous d’être concentrés et de faire les choses comme on sait les faire.

⁠Et à l’idée de réussir à vous qualifier et donc jouer cette Grande Finale ?

Je ne me projette pas du tout, c’est justement le piège à éviter. Malgré les apparences, il y a un long chemin encore avant la Grande Finale. Ça se jouera course par course. Peut-être même qu’il y aura plus de courses à San Francisco que sur un Sail Grand Prix habituel. Donc on va rester concentrés sur ce qu’on a à faire. Si on arrive à décrocher cette place à laquelle on croit énormément, ça sera génial pour toute l’équipe. On pourra ensuite faire parler la foudre. Mais c’est toujours très excitant de jouer un truc pareil. Je crois qu’on peut malgré tout être fiers de ce qui nous a amenés jusqu’ici. Et il faut croire plus que jamais en ce qu’on fait et en notre capacité de gagner.

Source : V Bouchet