Boris Herrmann sous la pression des sudistes avec une avance qui dépasse désormais les 350 milles sur l’ensemble de ses concurrents, les écarts se resserrent entre Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) et le groupe des sudistes. Et pour cause, pendant que le premier est empêtré dans les petits airs au nord de l’anticyclone, les autres ont clairement passé la seconde depuis ce matin. Ils crapahutent en effet à plus 20 nœuds de moyenne au reaching en direction des Açores et alignent les milles en sachant qu’ils vont finir au près. Si, pour eux, cette perspective n’est pas la plus réjouissante, elle a au moins le mérite d’être claire car pour le reste du peloton, les incertitudes demeurent même si une route rectiligne - la plus sage sur le papier mais certainement pas la plus rapide - semble se confirmer.
Crédit : Malizia
« Aujourd’hui, ça fait une semaine qu’on est en mer. Dans ce contexte, voir les milles défiler, ça fait du bien ! », a commenté Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) à la mi-journée, lors de la vacation officielle. De fait, depuis le début de cette deuxième édition de la New York Vendée – Les Sables d’Olonne, ils n’ont pas eu beaucoup d’occasion de faire parler tout le potentiel de leurs machines. Bombarder à plus de 20 nœuds de moyenne, ça redonne forcément des couleurs. « Ça va très vite mais c’est un peu bourrin quand même ! » a assuré le skipper de Groupe Dubreuil qui imprime un rythme d’enfer depuis une poignée d’heure, tout comme Jérémie Beyou (Charal), Thomas Ruyant (VULNERABLE) et Sam Goodchild (VULNERABLE) avec qui il joue des coudes. « Ces trois-là ont l’habitude de pousser leur machine à fond et la cadence est difficile à suivre. Ce matin, je me suis fait piéger sous un nuage et j’ai eu peur de me faire abandonner par ces trois furieux mais j’ai l’impression que je suis en train de les passer par-dessous », s’est réjoui le Sablais qui ne lâche rien, bien conscient qu’il joue toujours une place sur le podium. La troisième mais peut-être aussi la deuxième, si les choses continuent de se compliquer pour Boris Herrmann. Parti faire le grand tour de l’anticyclone par le Nord, le skipper de Malizia – Seaexplorer, qui cherche visiblement à ne pas remonter trop haut en latitude pour ne pas continuer de rallonger sa route, progresse un peu au ralenti en tirant des bords au vent arrière, et perd indéniablement du terrain.
Des blocages ici et là
« Pour lui, il s’agit de trouver le meilleur compromis et ce n’est pas simple », a noté Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve dont les routages ne le voient pas attaquer sa longue redescente au portant avant demain. Des routages qui ne le voient pas non plus arriver avant le dimanche soir ou dans la nuit suivante en baie des Sables d’Olonne, c’est-à-dire peu ou prou en même temps que le groupe des sudistes dont fait partie Sébastien Simon. « On se demande un peu comment il va réussir à passer. En le voyant bloqué, on se dit que c’est peut-être une opportunité pour nous de lui prendre sa place », a concédé ce dernier. Reste à voir comment les choses vont évoluer au nord pour le navigateur Allemand. Reste à voir aussi comment le petit minimum dépressionnaire en place à l’Est de l’archipel portugais va se positionner. « On risque de passer très proche de son centre », a prévenu le skipper de Groupe Dubreuil qui devrait passer à environ 150 milles au sud de Santa Maria, l’île la plus méridionale des Açores, avant, ensuite, d’entamer quatre jours de près à partir de demain soir.L’anticyclone des Açores se remet en place mais ne fait pas les affaires de tous
Quid du gros de la meute ? Pas facile, en l’état, d’avoir des certitudes. Plusieurs options sont toujours possibles pour cette douzaine de concurrents emmenés par Violette Dorange (DeVenir) et James Harayda (Gentoo Sailing Team). « Ce n’est toujours pas bien clair notre histoire. L’anticyclone des Açores nous barre la route. Soit on arrive tant bien que mal à glisser en dessous, soit on n’y parvient pas et on va alors devoir attendre qu’il se décale doucement vers l’Europe puis suivre sa progression. Si tel est le cas, ce sera forcément plus lent. J’espère donc que la première solution va marcher mais c’est loin d’être gagné », a indiqué Nicolas Lunven (Holcim – PRB) qui semble, comme les autres, avoir exclu la possibilité de remonter très nord, comme le suggèrent certains routages. « Ça ne sert à pas à grand-chose d’aller faire le grand tour par l’Islande si c’est pour butter dans l’anticyclone à la fin, et se retrouver bloqué. Autant essayer de faire un truc un peu tout droit. Ça laisse en plus la possibilité de saisir une opportunité météo si elle se présente », a ajouté le navigateur dont le choix a également été influencé par la perte de son bout dehors. « Pour Nicolas et ceux qui l’entourent, vu le contexte, les ETA oscillent aujourd’hui entre le 11 et le 12 juin mais ça a le temps de changer encore beaucoup », a précisé Christian Dumard qui confirme par ailleurs que le leader devrait, pour sa part, se présenter sur la ligne samedi soir ou dans la nuit de samedi à dimanche. « Selon les derniers modèles, Charlie (Dalin) devrait néanmoins terminer plutôt au près qu’au reaching, mais il devrait rester assez rapide » a précisé le spécialiste.Source : M Honoré