Yann Eliès raconte son année avec le Paprec Arkea Sailing Team, "Yoann Richomme est un marin d’aujourd’hui, mi-architecte, mi-ingénieur, mi-navigant"

 

Yann Eliès revient sur son aventure au sein de l’équipe Paprec Arkéa. Des premières navigations à la victoire de Yoann Richomme sur le Retour à La Base, le navigateur de 49 ans revient sur une année à couper le souffle. Il a participé de l’intérieur à la montée en puissance du projet, s’est offert deux podiums (2ème à la Rolex Fastnet Race et 2ème à la Transat Jacques Vabre) et a été aux premières loges de l’émergence de Yoann au plus haut niveau en IMOCA. Yann Eliès livre son regard, lui qui n’a pas de doute : le skipper de Paprec Arkéa « fera partie des favoris » du Vendée Globe en novembre prochain.


Crédit : E Stichelbaut



La source de motivation. « Quand Paprec Arkéa m’a contacté pour rejoindre le projet, ça m’a tout de suite emballé. Je connaissais l’ambition sportive élevée de l’équipe, je savais que Yoann était un très bon marin et j’avais mon idée de l’implication des sponsors, avec qui j’avais déjà collaboré. Mon rôle, c’était de donner le manuel d’un IMOCA à l’équipe pour les aider à progresser. »

Les points forts du bateau. « Il a une carène qui est faite pour le passage de la mer au portant et ça, c’est une réussite, tout comme les foils. Ce qui est impressionnant, c’est la vitesse à laquelle le potentiel du bateau s’est vérifié. Lors des premières sorties en mer, l’équipe était émerveillée par les sensations du bateau et ses performances. C’était un grand moment ! Dès qu’on a commencé à « tirer sur le bateau » et à se rapprocher de son plein potentiel, on a senti qu’il se passait quelque chose de fort. »

L’analyse d’une saison haletante. « Ce que je retiens avant tout, c’est l’énergie et l’abnégation dont l’équipe a fait preuve pour en arriver là et pour terminer la saison par une victoire (Retour à La Base). Parvenir en une année à mettre à l’eau, à fiabiliser, à traverser et à résoudre des problèmes, à monter en puissance et à signer de tels résultats, c’est un exploit. Ça a demandé une implication particulièrement forte de toute l’équipe et une grande partie du mérite doit leur revenir. À chaque course, ils nous ont mis entre les mains un bateau fiable capable de finir les courses et de bien figurer. »

Les moments de grâce. « Il y a eu des phases qui resteront longtemps dans nos mémoires. Lors de la Rolex Fastnet Race (2e), on a longtemps progressé à 17,19 nœuds au près.

On hallucinait et on n’était pas les seuls ! À la Transat Jacques Vabre (2e), on a aussi eu 24 heures de reaching endiablé. C’est à ce moment-là qu’on voit que ces nouveaux IMOCA ont des attitudes de multicoques… C’est impressionnant et si agréable à vivre !
»

Le regard sur Yoann Richomme « Son adaptation à l’IMOCA a été express mais ce n’est pas une surprise, tant Yoann est un skipper de grand talent. C’est un marin d’aujourd’hui, mi-architecte, mi-ingénieur, mi-navigant. Yoann est particulièrement à l’aise dans les conditions rudes et engagées, ce qui est précieux pour performer en IMOCA. Et puis il est fait pour le solitaire, il aime ça, il a une idée très précise d’où il veut aller. Je pense que Yoann a tous les atouts pour se présenter à un départ du Vendée Globe en faisant partie des favoris. Ça ne présage de rien sur le résultat final : je suis bien placé pour savoir qu’un Vendée Globe, c’est une longue histoire… Mais je crois qu’il est dans les temps pour bien y figurer ! »

Le chemin qu’il reste à parcourir « Toute l’équipe doit et va s’atteler à fiabiliser le bateau. Pendant une poignée de jours lors du Retour à La Base, on a eu un aperçu de ce que Yoann aura à endurer dans les mers du sud pendant le Vendée Globe. C’est une expérience intéressante et riche en enseignements pour préparer l’année prochaine. Par ailleurs, il y a un travail à réaliser en matière d’ergonomie et de confort. La base est très bonne – le cockpit, le siège, les bannettes – et il convient de l’améliorer encore. »

Son regard sur 2024 « Je vais regarder avec attention la saison puis le Vendée Globe de Paprec Arkéa, ça c’est une certitude ! Après une année en double, Yoann va voler de ses propres ailes. Mais je serai toujours attentif à ses performances et j’aurai toujours la sensation de faire partie de l’équipe. Et s’il y a besoin de moi au cours de l’année, ce sera un plaisir de répondre présent ! »

Source : I delaune