Ralentissement pour Banque Populaire XI, premier au Pot au Noir, retour dans le match pour les poursuivants, "ça vaut le coup de s’arracher"

 

Quelle trace ! Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse ne se sont vraiment pas loupé dans cette grande glissade vers le Pot au Noir. Bien décalés dans l’ouest, ils n’ont cessé de creuser pendant 48 heures, impressionnants à la fois par leur vitesse et leur capacité à bien descendre dans le vent pour se présenter dans la meilleure position possible à l’entrée de la Zone de Convergence Intertropicale (ZICT). « Leur positionnement les a sans doute favorisé mais ils ont été impressionnants reconnaissait François Gabart ce matin à la vacation. A nous maintenant de les impressionner ! ».

Crédit :  Y Riou / polaRYSE / Gitana SA

Sans avoir à procéder aux coûteux recalages de leurs poursuivants qui ont multiplié les empannages pour éviter les dévents du Cap Vert et se positionner au mieux en approche de la zone de convergence, voici donc Banque Populaire XI avec plus de 100 milles d’avance à l’entrée du Pot au noir qu’il vont aborder réellement en fin de matinée. « C’est exactement la situation inverse de 2021 où l’on avait une belle avance sur Banque Populaire qui avait complètement fondu dans le Pot, avant qu’on arrive à ressortir devant une dernière ligne de grains et se barrer à nouveau… » se souvient Charles Caudrelier sur Maxi Edmond de Rothschild.

Calé entre 5° et 8° de latitude nord « le pot au noir semble assez peu actif aujourd’hui » selon Christian Dumard.« Il y a de bonnes chances que les premiers passent assez facilement. Ça pourrait être plus compliqué pour les retardataires, notamment Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 3 » nous disait le météorologue de la course. Une vision que partage Charles Caudrelier : « Il vaut mieux passer de jour qu’en fin de journée où le ciel se charge et les grains se forment. On connait tous les mêmes recettes, le bon point d’entrée, le timing, le fait de naviguer devant les rideaux de pluie plutôt que derrière où il n’y a plus de vent… Mais ça n’empêche que c’est très aléatoire. Tu peux le traverser en quelques heures ou rester collé sous un nuage ».

Les heures qui viennent vont donc être capitales pour l’ensemble de la flotte. « On a bien pu se reposer cette nuit. La mer était plus maniable et avec Armel, on aborde ça comme depuis le début, en mode performance, les deux sur le pont à exploiter tout ce qui est possible. On sait que ça ne dure normalement pas 30 heures et ça vaut le coup de s’arracher » confiait Sébastien Josse sur Banque Populaire XI ce matin.

Si les ULTIM ont plus de marge et plus d’outils (foils, plan porteur de dérive,…) que les petits multicoques comme les Ocean Fifty ou les ORMA d’antan, pour s’adapter aux accélérations subites du vent sous un grain, la manipulation des très grandes voiles d’avant et les manoeuvres sont aussi plus lentes et pénibles. « C’est pour ça qu’on rentre en mode surveillance. On suit les grains au radar et la cellule routage analyse de son côté les images satellites » explique Charles Caudrelier dont le premier franchissement du Pot au Noir date de la Transat Jacques Vabre, celle qu’il empochait en 2005 avec Marc Guillemot sur le monocoque Safran. François Gabart qui les a aussi collectionné depuis son Vendée Globe en 2012 sait aussi « qu’à quelques milles près, ça peut partir dans tous les sens ! ».

Bref, les échanges vont s’intensifier tout au long de la journée entre la mer et la terre, chacun étant bien conscient de l’enjeu alors que les ULTIM ne sont pas encore à mi-course. A la sortie de cette zone aléatoire, le passage de la marque Sao Pedro dont Banque Populaire n’est plus distant que de 500 milles sera l’occasion de mesurer les véritables écarts au sein de la flotte des cinq ULTIM avant d’aborder la seconde partie de cette route du Café.

Source : TJV