Pas de départ Jacques Vabre pour les IMOCA ce dimanche, les Ocean Fifty s'arrêteront à Lorient, les Ultims s'élanceront à 13h05

 

"C’est un peu last minute comme décision" dixit Justine Mettraux. La situation a nettement empiré sur le proche Atlantique toute la soirée et cette nuit. La forte dépression qui avait justifié hier la modification du parcours des Class40 vers Lorient, déboule sur l’Atlantique avec 24 heures d’avance sur le timing initialement prévu. Elle charrie des vents de 80 noeuds et une mer de 10 mètres dès lundi soir au cap Finisterre. Seuls les ULTIM qui auront suffisamment progressé vers le Sud, peuvent échapper au phénomène. Leur départ et leur parcours sont maintenus. Les Ocean Fifty prendront eux aussi le départ aujourd’hui mais se dirigeront comme les Class40 vers Lorient. Aucune solution pour amarrer les 40 IMOCA dans un port de la façade Atlantique n’ayant été trouvée pour l’instant, les monocoques resteront au Havre en attendant qu’une nouvelle opportunité météorologique ou d’accueil se présente.

Crédit : PolaRyse


Les explications de Christian Dumard, météorologue de la course :

« Sur le noyau de la première perturbation initialement prévue pour le 2 novembre, un vaste système dépressionnaire s’est enroulé sur lui-même, en regroupant plusieurs centres et en accélérant sa course. Le phénomène est plus rapide, plus violent et plus vaste avec un front froid marqué qui s’étend de plus en plus loin au Sud. Dès le 1er novembre, les conditions dans le golfe de Gascogne se sont nettement dégradées, avec des rafales prévues de 80 nœuds et des hauteurs de vague de 10 mètres. En cas de souci pour un bateau ralenti par une avarie le 30 ou le 31, il serait impossible de regagner un port pour s’abriter avant l’arrivée du phénomène. Ce sont aussi des conditions où un cargo ne peut se dérouter et manœuvrer pour porter secours à un équipage en difficulté. Après le passage de ce vaste système, beaucoup d’incertitude demeure. L’expérience de la semaine qui vient de s’écouler où la situation a été très changeante jour après jour, incite à la prudence. Nous restons en contact permanent avec la Direction de course et l’organisation pour trouver les meilleures opportunités d’un nouveau départ »

Justine Mettraux : "C’est un peu last minute"

« Je dirais que c’est une sage décision pour que toute la flotte puisse courir sereinement, les conditions sur la zone de départ vont déjà être bien engagées. Je pense que c’est chouette si tout le monde peut courir et avoir toutes les chances d’arriver au bout sans se mettre en danger. Concernant cette grosse dépression, on avait potentiellement des chances de passer mais on savait qu’il ne fallait pas perdre de temps. Ça aurait été compliqué pour les bateaux plus lents, et c’est bien si ça n’oblige pas certains bateaux à s’arrêter. C’est un peu last minute comme décision mais on va s’adapter et préparer le prochain départ. »

Isabelle Joschke : "Je ne sais pas quand nous allons pouvoir repartir"

« J’ai eu l’information du report du départ de la course au moment où j’enfilais mon ciré ce matin. J’étais déjà en mode course. C’est une décision difficile mais je l’accepte car il en va de la sécurité de tous. Je ne sais pas quand nous allons pouvoir repartir car la situation météo est assez compliquée. Nous allons nous remobiliser afin de garder cette énergie. Le bateau est prêt. Il faut que nous fassions descendre la pression car c’était quand même un départ engagé. Ce n’est pas anodin. Quand on regarde le vent qu’il va y avoir durant la semaine ça va être compliqué de nous envoyer dans les prochains jours » 

Damien Seguin : "C’est très courageux de la part de l’organisation"

« C’est une sage décision. Depuis 24 heures, on voit qu’il y a une occurrence probable avec la troisième dépression que nous devions passer au moment du Cap Finisterre. Même en étant très rapide, c’était très compliqué de passer devant car c’est une dépression très explosive, avec des vents très forts et surtout une mer démontée. On parle de vagues de quasiment 10 – 11 mètres. Et dans ce cas-là, il ne faut pas penser aux bateaux les plus rapides. On reste au Havre car il n’y a pas de place pour nous à Lorient comme c’est le cas pour les Ocean Fifty et les Class40. A mon avis, nous sommes là pour quelques jours. On verra bien quand on pourra repartir. C’est très courageux de la part de l’organisation et de la Direction de course d’avoir pris cette décision car ce n’est pas simple d’annoncer cela aux skippers le matin au réveil. Personnellement, j’étais en train d’enfiler mes bottes quand je l’ai su. Ce qui peut surprendre les gens, c’est que les conditions pour le départ ne sont pas mauvaises. La problématique, elle est vraiment dans 48 – 72 heures. Psychologiquement, c’est un peu l’ascenseur émotionnel. Il faut remettre le bateau en configuration d’attente, reposer les équipes qui ont beaucoup donné, que nous, skippers, on se mette dans un état d’esprit différent, poursuivre le travail météo et être à l’affût. Pour le moment, nous n’avons pas de date de départ. C’est ça le plus compliqué."

Sources: Agences Com