Acrobatica, le dernier né des Class40 est au Havre, Alberto Riva et Jean Marre pour une première Transat Jacques Vabre

 

Après un convoyage rapide depuis Lorient, le Class40 Acrobatica est bien arrivé au Havre où il a retrouvé une partie de la flotte qui partira, dimanche 29 octobre, pour la Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre, la fameuse transat en double qui, pour sa seizième édition, rallie Le Havre en Normandie à Fort-de-France, en Martinique

Crédit : M Orsini



Une Jacques Vabre qui représente un double début pour l’Acrobatica Sailing Team: toute première régate pour Acrobatica, dernier né des Class40, mis à l'eau à Gênes il y a à peine deux mois et première participation pour le skipper milanais Alberto Riva comme pour son co-skipper français, Jean Marre. Un équipage jeune - ils ont tous les deux à peine plus de 30 ans -, formé sur les bancs de la classe Mini 6.50 et qui s’apprête à affronter cette première épreuve avec humilité mais sans complexe: “Pour nous, c'est avant tout un rêve qui devient réalité”, résume Alberto à son arrivée en Normandie, à moins de deux semaines du grande départ.

Les débuts d’Acrobatica: un rêve qui se réalise

Le projet dans son ensemble a été si intense et si totalisant que nous ne nous rendons presque pas compte d’être là où nous sommes aujourd’hui. Le projet Acrobatica Sailing Team est né il y a seulement 6 mois grâce à Riccardo Iovino [fondateur d'Acrobatica, ndlr]. Ces derniers mois, on a eu l'impression d'avancer à une vitesse vertigineuse. Travailler sur un projet de course au large comme le nôtre, c'est ne pas avoir de temps pour autre chose. Ce qui est positif, c'est qu'on apprend à tester ses propres limites, en mer comme à terre. A chaque fois on va un peu plus loin : sur l'eau en cherchant les solutions pour aller toujours plus vite; à terre, pour maintenir l'équipe soudée. Et si j'ai peur ? Oui, ma plus grande peur est toujours la même : celle de me blesser à bord. Mais cette fois j’ai une autre crainte : je ne veux décevoir personne. Depuis le décès de Riccardo Iovino [le 25 septembre dernier, ndlr] qui n'a malheureusement pu voir que le début de cette aventure, je ressens une grande responsabilité, mais aussi une forte motivation en plus pour donner le meilleur de moi-même dans les moments les plus difficiles."

La Transat Jacques Vabre, qui se court tous les deux ans depuis 1993 et fête cette année son trentième anniversaire. s'est imposée comme la course transatlantique en double de référence, rendez vous immanquable de la saison 2023. Pour cette seizième édition, on compte une centaine de bateaux inscrits dans quatre classes différentes (Ultim, IMOCA, Ocean Fifty et Class40). Acrobatica et les autres 43 Class40 prendront le départ dimanche à 13h41 et s’élanceront sur un parcours d’environ 4.500 milles en Atlantique Nord, avec une arrivée en Martinique prévue après une vingtaine de jours de navigation.

Plateau relevé, préparation intense

La Class40 constitue la classe la plus nombreuse et c’est peut-être la plus compétitive. Année après année, le plateau est de plus en plus relevé. c’est bien ce qui nous plait, c’est pour ça qu’on s’est engagé sur trois ans avec nos partenaires et pas seulement pour participer”, commente Alberto Riva, skipper d’Acrobatica. “C’est notre toute première régate ensemble. On s’attend à une régate très dure contre des adversaires coriaces et super préparés, qui ont déjà beaucoup navigué sur leur bateau. Avec Jean, on a fait peu d’entraînements, on a eu peu de temps pour tout optimiser. Le positif, c'est qu’on a de super sensations à bord et nous sommes très à l'aise ensemble. Jean est un garçon calme, très analytique... et avec un physique de rugbyman!”

Une préparation accélérée mais intense et minutieuse, sur un bateau performant et physiquement exigeant comme raconte le co-skipper Jean Marre: “Ces Class40 sont des bateaux qui demandent beaucoup plus d’engagement physique que les Mini 6.50 que je connais mieux. Les manoeuvres, les changements de voile, le matossage… Tout demande plus d’intensité immédiate, physique et cardio. Ensuite c’est des bateaux qui vont vite et sont très structurés, très rigides. Dès qu’il y a de la mer, le simple fait de se tenir debout à l’intérieur devient compliqué, il vaut mieux être en forme. Le défi sportif, c’est une dimension qui me plait bien, ça corse un peu l’exercice, même si j’ai encore un peu de boulot pour étoffer mon physique de rubgbyman, comme dit Albi”.

Entre le premier convoyage entre Gênes et Cadix, la qualif de Cadix à Lorient et le dernier convoyage de Lorient à Le Havre, on a pu bien travailler sur les manoeuvres”, continue le co skipper d’Acrobatica. “On a pris nos marques sur le bateau pour savoir qui fait quoi et à quel moment. On débrief chaque manoeuvre, on se chronomètre, on décortique la séquence pour essayer de grappiller ici ou là. L’idée c’est de faire simple mais efficace, surtout ne pas faire de bêtises, c’est là qu’on a le plus à perdre. Le dernier convoyage a été très intéressant. on a finalement. pu se comparer un peu aux autres bateaux qui faisaient la route en même temps que nous… Il reste encore des conditions qu’on na pas pu tester à fond en mer, bien sûr, mais ça faisait parti des paramètres initiaux du projet: on savait qu’on allait avoir peu de temps pour naviguer avant la Jacques Vabre. On a eu un aperçu de toutes les conditions et à chaque grand convoyage, on a affronté des vents forts. On a vu que le bateau était rapide et résistait bien, ça nous rend plus sereins pour la suite.

“Après on sera sans doute plus rapide à notre arrivée en Martinique qu’au départ du Havre !
” plaisante le navigateur francilien avant de conclure “mais on a nos cartes à jouer. Comme dit Albi, on n’est pas venu que pour participer.

Acrobatica (ITA 201), troisième exemplaire de Musa 40

Acrobatica est le troisième exemplaire de Musa 40, un Class40 à étrave ronde type Scow de dernière génération dessiné par Gianluca Guelfi et Fabio D’Angeli et construit à Gênes chez Sangiorgio Marine. Le Musa est un modèle qui s'est déjà révélé très rapide et qu’Alberto Riva connaît bien puisqu’il a eu l’occasion de régater à bord du numero 1, Alla Grande-Pirelli, le bateau de son grand ami et désormais rival, Ambrogio Beccaria, au printemps dernier lors du Défi Atlantique. “Avec l’architecte Gianluca Guelfi, qui était avec nous à bord d’Alla Grande pendant le Défi Atlantique, on a fait évoluer le projet initial du Musa 40” - explique Alberto. “On a décidé de développer plusieurs points: on a ajouté des ailes latérales "style Cadillac" et des balcons arrière en composite pour des raisons hydrodynamiques et également pour améliorer la structure, on a appliqué des renforts pour rendre le bateau encore plus robuste et fiable et on a modifié le voile de quille. On a également revu l’ergonomie pour permettre un meilleur centrage des poids et une gestion plus fonctionnelle des énergies de l’équipage à bord. Côté voiles il y aussi des nouveautés, des choix assez extrêmes ont été faits : de très grands spinnakers et une grand-voile assez étroite en tête, un plan de voilure conçu pour améliorer la maniabilité d’Acrobatica au portant, dans le vent fort.

Source : Ch Julliand