La Mini Transat prend ses quartiers aux Sables d’Olonne, 90 marins au départ dimanche prochain de cette 24e édition

 

La Mini Transat est définitivement une épreuve atypique dans l’univers de la course au large. Depuis sa création en 1977 par Bob Salmon dans le but de renouer avec l'esprit aventureux des premières transatlantiques, elle a permis à près d’un millier de marins de traverser l'Atlantique. Pour la plupart d’entre eux, cette expérience a été une parenthèse improbable dans leur vie, un espace ouvert sur un rêve réalisé, une aventure à achever pour se sentir vivant et serein. Pour certains, elle a également été un véritable tremplin vers une carrière océanique professionnelle. Il en sera de même pour les 90 marins de cette 24e édition dont la diversité des profils, des parcours, des ambitions mais aussi des origines compose un savoureux melting-pot.

Crédit : V Olivaud


Véritable école de vie mais aussi de navigation, la Mini Transat est définitivement une course unique. Unique car capable de générer de belles aventures humaines, quelques tragédies aussi, mais surtout une épopée discrète, animée par des solitaires solidaires, qui en font le plus beau mouvement collectif de la voile moderne. « C’est l’aventure totale, intense, au plus près des éléments. C’est un engagement de chaque instant, la nécessité de mobiliser, seul, toutes ses ressources. C’est enfin le symbole d’un apprentissage assez complet de la voile », résume Martin Oudet (871 - Vaincre le mélanome), médecin urgentiste du Centre Hospitalier du Scorff à Lorient. Ce dernier, comme une large majorité de ses concurrents, est avant tout animé par l’esprit d’aventure impliquant le goût du risque et de l’inconnu, mais aussi par la volonté de sortir de sa zone de confort et de découvrir de nouveaux horizons. « Dire oui à l’inconnu, aller à la rencontre de la différence ou encore relever un défi sont autant d’invitations à se dépasser pour un voyage vers soi plus intense », relate de son côté Sylvain Karpinski (1055 – Gusta) qui, à l’instar de Philippe Berquin (1039 – Audilab), Yannick Deschand (1040 Corto – Voiles sans Frontières), Antoine Tricou (940 Esprit Nature) et bien d’autres, a déjà accompli de grands challenges tels que le ralliement de Montréal à Ushuaïa en solo et à vélo, pour un total de 18 000 kilomètres. « Explorer est un moteur pour moi, et pour mes futurs projets dont fait partie le passage du Nord-Ouest en Arctique, il faut que j’apprenne à bien maîtriser les bases de la navigation, que je sois totalement autonome en mer », annonce le Lausannois d’origine, l’un des 27 skippers internationaux (comme historiquement, environ 30% des inscrits) de ce cru 2023.

Les femmes et les internationaux toujours plus représentés

Un cru qui s’annonce, une fois encore exceptionnel. Et pour cause, pour la deuxième édition consécutive, les organisateurs ont décidé d’ouvrir l’épreuve à 90 participants - contre 84 initialement prévus - afin de répondre au mieux à l’engouement toujours plus fort que suscite l’épreuve. En France mais aussi à l’étranger. Jamais autant de nations n’ont d’ailleurs été aussi représentées. La preuve, pas moins de 17 pays différents (Argentine, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Luxembourg, Pologne, Slovénie, Suisse, Uruguay, Venezuela) font partie des rangs contre onze et 14 lors des trois dernières éditions. L’autre très bonne nouvelle c’est que jamais non plus les femmes ont été aussi nombreuses. Cinq en 2015, dix en 2017, huit en 2019 puis en 2021, elles sont cette fois 14 à s’aligner au départ. Mieux, c’est également la première fois qu’elles sont autant à pouvoir prétendre à la victoire ou, à tout le moins à un podium, notamment chez les Proto avec Laure Galley (1048 - DMG MORI Sailing Academy 2), Caroline Boule (1067 – Nicomatic), Marie Gendron (1050 - Léa Nature) ou encore Thaïs Le Cam (1068 - Frérots TPM). Pour mémoire, à date, seules trois femmes ont réussi à se hisser dans le Top 3 : Isabelle Autissier en 1987, puis Justine Mettraux et Clarisse Crémer en bateaux de Série en 2013 puis en 2017. « Je pars clairement pour jouer le haut du tableau. Reste que quelque-soit le résultat, si j’arrive au bout, ce sera une super expérience », commente la skipper-stagiaire du DGM MORI Sailing Team qui pense d’ores et déjà à « l’après ». « Ce que je veux faire depuis des années, c’est du Figaro et ce passage par la Classe Mini 6.50 est, pour moi, un moyen de mettre un pied dans le milieu car il représente un super apprentissage mais également un beau marchepied ».

De l’aventure au tremplin

De fait, nombreux sont ceux à qui la Mini Transat a d’ores et déjà permis de faire leurs premières armes avant de devenir de grands noms de la voile. Yannick Bestaven, Jean-Luc Van Den Heede, Bruno et Loïck Peyron, Yves Parlier, Laurent et Yvan Bourgnon, Roland Jourdain, Catherine Chabaud, Lionel Lemonchois, Michel Desjoyeaux, Thierry Dubois, Ellen Mac Arthur, Thomas Coville, Tanguy de Lamotte tout comme Thomas Ruyant, Sam Davies, Clarisse Crémer ou encore Ian Lipinski, pour ne citer qu’eux, font partie de ceux qui ont participé à cette course à nulle autre pareille, qui se joue avant tout contre soi-même. « Faire quelque-chose de difficile, comme cette La Boulangère Mini Transat, est un défi que nous sommes nombreux à vouloir relever pour nous prouver certaines choses à nous-mêmes », explique l’Argentin Federico Norman. Nul doute que lui, comme les autres, se prépare à vivre une expérience à la dimension humaine hors-normes. Un voyage au pays des folies, des blessures, des questionnements et des joies, propre aux milieux de l'extrême dont le coup d’envoi sera donné le dimanche 24 septembre à 14 heures au large des Sables d’Olonne avec, au programme, un total de 4 050 milles parcourir à destination de Saint-François, en Guadeloupe, via Santa Cruz de La Palma, aux Canaries. 

Source : A Bargat