Voilà 15 jours que les concurrents s’affrontent lors de parcours côtiers et de courses de ralliement. Des tracés riches et exigeants qui ont ainsi permis aux plus novices de se lancer dans l’aventure du large et de performer. Alors que ce samedi 15 juillet marquait la fin du Tour Voile 2023, les navigateurs ne comptent plus les milles parcourus à travers ses 6 villes étapes. De la bataille intense jusqu’au dernier jour, de l’émotion et des sourires une fois à terre, résumeront la renaissance de cette épreuve mythique.
La flotte s’est élancée en fin de matinée du port des Minimes pour une ultime journée de compétition. Au programme, un parcours construit, marqué par l’abandon de Race for Science Verder à la suite de la déchirure de leur grand-voile. Les Bretons se sont imposés à l’issue de ce premier tracé de la journée, suivi de Dunkerque Voile et d’ID Voile Passion Santé. C’est dans une mer formée, sous 20 nœuds de vent, que les 14 Figaro Beneteau 3 ont ensuite enchaîné avec un parcours côtier de 25 milles. Toujours en tête, la ligue de Bretagne remporte cette dernière course, suivie d’ID Voile Passion Santé et de Dunkerque Voile.
Équipe Bretagne Jeunes Habitable, menée par Paul Morvan, s’impose donc au terme d’un périple ayant démarré, le 30 juin dernier, à Saint-Quay-Portrieux jusqu’à La Rochelle. Dunkerque Voile et ID Voile Passion Santé complètent le podium final.
Les jeunes bretons remportent le Tour Voile, non sans un certain panache. L’équipage, dépassant tout juste la vingtaine d’années, et avec une expérience très limitée en Figaro Beneteau 3, devance les plus aguerris de la compétition.
« C’est quand même un pari fou, appuie Paul Morvan. Puis finir de cette manière, en gagnant les deux dernières courses, c’est vraiment génial. Nous rêvions d’un podium mais n’imaginions pas décrocher la première place. Nous avons tous appris énormément à bord. Aujourd’hui, l’équipage a assuré dans les manœuvres. Et techniquement tout s’est passé à merveille. Nous avons même pu faire tourner tout le monde à la barre sur le dernier bord grâce à notre petite avance. Nous pouvons enfin souffler après quelques légères frayeurs durant la compétition. Nous nous sommes fait un peu peur à Lorient, avec un petit passage à vide notamment pendant le tour de Groix, où nous sommes passés de la 3ème à la 9ème place en une heure. Mais au-delà de ça, nous avons réussi à être très réguliers en limitant la prise de risque. »
15 jours de compétitions donc, qui leur auront permis d’apprendre énormément sur le bateau, mis à l’eau en février dernier.
« J’ai l’impression d’avoir compris comment il fonctionnait, explique le skipper de l’équipe. Sur sa vitesse notamment, nous n’avons quasiment plus de problème à ce niveau-là. » Ces successions des courses et de départs, sont autant de clés pour évoluer et performer en Figaro Beneteau 3. L’occasion aussi pour certains de s’imaginer une carrière de coureur au large. « Le fait que nous arrivions à tenir quasiment sur toutes les allures était hyper positif, confie-t-il. Je me dis que toute cette expérience pour réussir à faire marcher le bateau pourra me servir un jour en solitaire. Mon plus beau souvenir sur ce Tour restera l’étape à Quiberon, où nous commençons par un parcours construit avant d’enchaîner sur une course de ralliement pour rejoindre Pornichet. C’est vraiment l’identité du Tour qui revient et ça fait plaisir de pouvoir switcher d’un côtier à une course au large en quelques heures seulement. »
Alix Schouller, à bord de Dunkerque Voile, a fait ses armes en J 80. La jeune femme de 26 ans, s’est essayée pour la première fois aux navigations de nuit lors de la première course de ralliement reliant Saint-Quay-Portrieux à Brest.
« Je ne savais pas comment ça allait se passer, raconte-t-elle. Mais j’étais confiante, je ne m’inquiétais pas du tout. Puis au fil des navigations « offshore » j’ai commencé à prendre de plus en plus de plaisir et à comprendre comment s’organisaient ces navigations. Maintenant que j’ai mis un premier pas là-dedans, j’aimerais prolonger dans cette voie. »
Malgré une expérience plus importante en match race, les Nordistes se sont imposés dès la première course de ralliement, promettant de belles batailles avec les autres leaders de la flotte. « Le bilan est très positif, s’enthousiasme Alix. Notre progression s’est faite petit à petit. Jusqu’à hier par exemple, notre point faible était le reaching sous gennak dans la brise. Nous ne savons pas vraiment ce que nous avons fait, mais ça a marché. Il était temps. Depuis le début du Tour, nous tâtons les réglages et lorsque nous tombons sur des choses qui marchent mieux que d’autres, nous les notons, recommençons comme ça et ainsi de suite. »
Parmi les trois équipages sur le podium, la majorité d’entre eux est issue de l’olympisme, à l’instar de Paul Morvan, Alix Schouller ou encore Gaultier Tallieu, skipper d’ID Voile Passion Santé. « Nous avions déjà fait le Tour Voile en Diam 24, en 2021, mais il n’y avait pas vraiment de vrais « offshore », explique-t-il. Nous savions que nous rencontrerions des difficultés sur cet aspect-là. Cela s’est d’ailleurs un peu vu au démarrage. Mais, comme beaucoup, nous sommes montés en puissance progressivement. Dès le début, nous étions à l’aise tactiquement, mais il y avait toujours des petits cafouillages qui faisaient que nous n’arrivions pas à concrétiser. À Lorient, nous gagnons la course « inshore », et là nous avons vraiment eu un déclic. Cette confiance en nous, nous a aidé à nous stabiliser dans le classement. Nous sommes complémentaires. Chacun amène ses qualités au reste de l’équipage, et puis la mixité apporte aussi beaucoup car nous n’avons pas forcément le même point de vue en matière de stratégie. »
Les jeunes charentais se sont livrés à une âpre bataille jusqu’aux derniers milles avec Marine Nationale – Fondation de la Mer. L’équipe de Philippe Hartz ne pointait hier soir qu’à un point d’écart derrière ID Voile Passion Santé au classement général provisoire.
« Nous nous sommes mis trop de balles dans le pied pour prétendre à une meilleure place, analyse Philippe Hartz. Les petits jeunes ont bien gazé. J’avais prévenu que malgré mon statut de favori, rien n’était gagné d’avance et la preuve en est. Reste que je suis content d’avoir été là. Cet événement doit perdurer dans le paysage de la voile française. »
Source : J Cornille