S’il n’y a eu que cinq participants à cette première édition de The Ocean Race ouverte aux IMOCA, elle a tenu ses promesses. Six mois de compétition, un nouveau record des 24 heures, des heures de course passionnantes mais aussi deux démâtages, une forte collision au départ de la dernière étape… La route vers la grande finale fut semées d’embuches et c'est 11th Hour Racing Team qui s'est finalement imposé en vainqueur. Antoine Mermod, président de la Classe IMOCA, est impressionné par ce que les équipes ont réalisé.
À l’arrivée à Gênes, le Président de la Classe nous partage son premier bilan. "Je tiens à féliciter ces cinq teams. Cela a été exigeant pour les marins, mais tout autant pour les équipes à terre qui ont pleinement tenu leur rôle sur les escales. Je voudrais également souligner la contribution des reporters embarqués qui ont réussi à raconter l'histoire d'une manière inédite. Il est certain que celles et ceux qui ont participé à cette aventure s'en souviendront pendant très longtemps. Ce fut une très belle première édition de The Ocean Race en IMOCA."
Pour Antoine Mermod, ces six derniers mois ont démontré que l’IMOCA et The Ocean Race forment une excellente combinaison. "Je suis très heureux car lorsque vous construisez un nouveau projet, il y a forcément beaucoup inconnues," confie-t-il. "Nous avons montré que, techniquement parlant, les bateaux sont au niveau pour faire cette course. Nous avons également beaucoup appris sur la manière de les améliorer, mais aussi sur la fiabilité, sur la manière de naviguer, sur la fatigue de nombreux composants. La course nous a apporté une grande quantité d'informations. D'un point de vue sportif, la course a été haletante, avec des vainqueurs différents sur les étapes 'offshore' et les courses In-Port."
Team Malizia n'a pas remporté le trophée mais l’équipe a tout de même vécu ce qu'elle appelle ses ‘moments forts’ : une réparation en tête de mât dans l’océan Austral quelques jours après le départ de Cape Town, puis la victoire de l’incroyable étape du Grand Sud, une arrivée en tête à Gênes et aussi l’établissement d'un nouveau record absolu de distance parcourue en 24 heures par un monocoque. L’équipe a aussi su partager son aventure avec une grande communauté de fans avec beaucoup de talent et d'enthousiasme.
Holly Cova, team manager de l’équipe allemande, explique à quel point la course fait désormais partie de leur vie. "Je pense vraiment que c'est une course extraordinaire, extraordinaire à faire. The Ocean Race vous rentre dans la peau et vous ne pouvez plus vous en détacher", déclare-t-elle. "On devient aussi très proche des autres équipes et on apprend beaucoup les uns des autres."
"L'équipe technique apprend également beaucoup sur le bateau en cassant des choses et en les réparant très vite, dans des conditions qu’elle ne pensait pas imaginable. Du point de vue de la communication, vous allez dans des endroits où le circuit IMOCA français ne va pas et que vous n'auriez jamais pu toucher. Pour les partenaires, c'est tout simplement incroyable."
Pour Holly, le secret de la réussite sur cette course réside dans l’équipe qui doit être très soudée pour faire face aux nombreux défis qui accompagnent la course. "La clé, c’est la proximité entre les membres du team, pas seulement entre les marins, mais entre les 40 personnes. Les marins ont un rôle à jouer et il est bien sûr central, mais ils ne peuvent rien faire sans l’équipe à terre. Chaque personne, du plus jeune au plus âgé, joue un rôle très important."
Pour Paul Meilhat, skipper de Biotherm, quatrième au classement général, The Ocean Race est faite pour ceux qui sont avides de nouvelles expériences. "Benjamin Dutreux, Boris Herrmann et moi-même avons toujours eu envie de changements. Si je devais dire pourquoi nous avons fait cette course, ce serait pour faire quelque chose de différent de ce à quoi nous sommes habitués, pour nous enrichir et découvrir de nouvelles choses dans tous les domaines," explique-t-il. "L’organisation est nouvelle, naviguer en équipage est nouveau et aller dans ces différents pays, c’est nouveau. Tout est nouveau - les Pro-Am races, les In-Port races, les 'team bases' itinérantes. Vous avez l'occasion de vivre des émotions très fortes. Vous êtes beaucoup plus impliqués dans le partage de vos sentiments et de vos émotions avec les autres. Vous vivez aussi sept départs, sept arrivées… C'est énorme."
Comme Holly Cova, Paul Meilhat est persuadé que la force de l’équipe est l’ingrédient essentiel à la réussite d’une campagne The Ocean Race. "Il faut prendre les meilleurs joueurs, mais aussi ceux qui vont s'entendre et travailler ensemble pendant six mois. Il faut prendre des gens qui ont vraiment envie de le faire, surtout pas des gens qui n'ont pas envie de voyager. C'est la course de l’extraordinaire, il faut donc des gens passionnés"
Chez 11th Hour Racing Team, vainqueur de la 50e édition de la course, Mark Towill espère que le succès de cet événement encouragera la Classe à élargir son offre de courses en équipage. "Je suis optimiste, ou du moins j'ai bon espoir, pour qu'il puisse y avoir un programme IMOCA en solitaire et en double, et aussi un programme en équipage qui permettent à des équipes plus internationales d'avoir des événements chaque année", explique-t-il.
Antoine Mermod n’en pense pas moins. "L’objectif est d'ouvrir, autant que possible, des opportunités pour les skippers, les équipages et les partenaires", déclare-t-il. "Nous ouvrons de nouveaux marchés pour les marques. Nous introduisons une autre façon de naviguer pour les équipes. Je pense que pour l'ensemble de notre sport, il est très important d’avoir des opportunités parmi lesquelles les équipes peuvent choisir. Les signes sont donc très positifs. Le Vendée Globe est la plus grande course en solitaire au monde et The Ocean Race est la plus grande course en équipage au monde, nous pouvons être très fiers d’avoir les deux dans notre calendrier".
En attendant, l'attention se porte déjà sur la suite du Championnat IMOCA GLOBE SERIES et la deuxième partie de la saison s’annonce bien remplie. Après The Ocean Race et la Guyader Bermudes 1000 Race, les marins disputeront donc trois courses en double, à commencer par la Rolex Fastnet Race en juillet, puis le Défi Azimut-Lorient Agglomération en septembre et la Transat Jacques Vabre fin octobre, puis ils finiront par une transatlantique en solitaire avec le Retour à la Base, entre la Martinique et Lorient.
Selon Antoine Mermod, les deux transatlantiques de cette fin d’année sont des étapes importantes en amont du Vendée Globe 2024."On peut dire que, sur ces courses, on aura plus ou moins tous les bateaux qui participeront au prochain Vendée Globe. Cela s’annonce comme un grand moment pour la Classe et je pense que le Retour à la Base commencera à mettre déjà l'accent sur le prochain tour du monde en solitaire", explique-t-il.
Source : J Huvé