Légende de l’America’s Cup, de la Volvo Ocean Race et d'un grand nombre de régates internationales, Ken Read connait deux ou trois choses sur la manière dont se termine ce type de marathon. Après les étapes océaniques que le parcours de The Ocean Race impose depuis le départ d'Alicante mi-janvier, il s'agit désormais de savoir quelle équipe IMOCA s'adaptera le mieux aux exigences de la course côtière des deux dernières étapes (Aarhus-Kiel-La Haye et La Haye-Gènes).
Ken Read, Président de North Sails et du Groupe North Technology, navigue actuellement en Europe où il dispute la Giorgio Armani Superyacht Regatta à Porto Cervo en Sardaigne. La classe IMOCA s'est entretenu avec lui au sujet de The Ocean Race, mais aussi de l’univers de l'IMOCA.
A deux manches de la grande finale, alors que 11th Hour Racing Team occupe la première place au classement général avec seulement un point d’avance sur le Team Holcim-PRB, nous lui avons demandé quel était son pronostic sur le déroulé de la fin de course. "Je ne suis pas assez fou pour faire un pronostic ! Je crois à l’imprévisible sur cette course.” répond-t-il en plaisantant. Que faudra-t-il donc pour l'emporter à Gênes ? "Je pense que l'équipe qui sortira son épingle du jeu sera celle qui sera capable de passer mentalement et physiquement à un style de navigation totalement différent. Cela pourrait être un système de quart différent ou un changement d’équipage avec des experts de leur domaine,” déclare-t-il. Skipper de Puma lors de l’édition 2008-09 de la course (deuxième au classement général) et de l'édition 2011-12 (troisième), Ken Read estime que les deux dernières étapes ne laisseront que peu de place à l'erreur. "La course au large et la course côtière sont complètement différentes", explique-t-il. "C'est un état d'esprit complètement différent et, à bien des égards, la course côtière est plus difficile parce que chaque détail compte. Vous ne pouvez pas faire d'erreur si vous n'avez qu'une semaine pour la rattraper. Vous ne pouvez pas faire de mauvais changement de voiles. Chaque courant de marée est amplifié et votre manque de sommeil joue contre vous. Il y a très peu de système de quart à ce stade, vous dormez en cirée, etc. Les équipages vont se rendre la tâche difficile sur ces deux dernières étapes, ils donneront tout ce qu’ils peuvent pour grappiller le moindre mille.”
Ken Read, détenteur depuis 2015 du record de distance parcourue en 24 heures à la barre du maxi-monocoque de 100 pieds Comanche, a vu son record pulvérisé par les IMOCA sur l’étape entre Newport et Aarhus. Les foilers ont réalisé cet exploit dans la même zone de l’Atlantique Nord que Ken Read et son équipage à l'époque.
Selon lui, compte tenu des "performances étonnantes" des derniers IMOCA à foils, ce record dépend désormais beaucoup des conditions météorologiques et des rares occasions qu'auront les équipages d'améliorer cette distance. "Il y a une part de chance", déclare-t-il. "Vous pouvez avoir le bateau le plus rapide, les chances de battre ce record des 24 heures sont littéralement minces, à moins d’arriver à se placer à l’avant d’un front et à avancer avec lui. Il faut également que l’état de la mer soit correct afin de pouvoir tenir des vitesses moyennes plus élevées. Les monocoques comme Comanche et les IMOCA à foils sont très rapides, tout dépend donc de la vitesse du système météo et de l'état de la mer". Ken Read estime que la Classe IMOCA a fait de grands pas pour s'ouvrir et attirer davantage de marins et de partenaires non français. "La Classe IMOCA s'internationalise de plus en plus et de plus en plus de personnes en dehors de la France en sont conscientes", exprime-t-il. “Le projet 11th Hour Racing Team a certainement contribué à faire connaître ces bateaux en particulier sur la côte est des États-Unis, ce qui est toujours une bonne chose. Nous ne le voyons probablement pas autant aux États-Unis qu'en Europe, mais l'internationalisation de l'IMOCA est en cours et fonctionne, ce qui n'est que bénéfique pour tous les acteurs.”
Pour Ken Read, l'arrivée du drone a aussi changé la donne pour l'IMOCA (ce qui ne peut qu'encourager les skippers solitaires à commencer à les utiliser en plus des Onboard Reporters). "Cela a permis à une Classe comme l'IMOCA d'atteindre un autre niveau", déclare-t-il. "Sans les drones, personne ne saurait à quel point ces bateaux sont géniaux. L'aspect le plus minimisé des courses aujourd’hui est la prise de vues par drone et le fait de montrer ce qu'est réellement l'océan Austral et ce qu'est réellement le passage du Cap Horn. En poussant les choses à l'extrême, on peut voir des bateaux voler littéralement au milieu de l'océan Austral, avec l'équipage en train de hurler dans le cockpit. Cela apporte un autre niveau d'excitation à ce sport". Dans le sens où le Vendée Globe reste l'objectif principal de presque tous les skippers IMOCA, Ken Read est aujourd’hui persuadé du rôle de banc d’essai que The Ocean Race représente pour les équipes compétitives. "Je dirais qu'il s'agit d’un entraînement parfait pour toute sorte de course en solitaire, si c'est ce que vous voulez faire", déclare-t-il. Il ajoute que, personnellement, lorsqu'il se prépare à une course en double, il préfère toujours naviguer avec plus de personnes à bord, car cela permet de tester beaucoup plus de choses et de pousser le bateau plus loin, comme le font les équipages actuellement sur The Ocean Race.
North Sails est fournisseur de nombreuses équipes IMOCA et Ken Read est bien conscient des défis auxquels l'entreprise doit faire face dans une Classe où la performance croît à pas de géant. Selon lui, le fait que les équipages des IMOCA de dernière génération soient désormais à l'abri des éléments la plupart du temps peut avoir des conséquences lorsque la visibilité du gréement est à redéfinir. Il est pour lui primordial que l’entreprise puisse continuer à s’adapter aux contraintes des nouvelles équipes.
Nous lui avons demandé si l'expérience de The Ocean Race était une plateforme de test essentielle dans le choix des voiles pour le Vendée Globe en 2024. "100%, même pas 99%", déclare-t-il. "Chaque course a d’une certaine manière des répercussions sur la suivante et pas forcément que les courses IMOCA. Je suis convaincu que les IMOCA influencent les autres Classes de la course au large et inversement, c’est grâce à cela que nous sommes en mesure de continuer à développer nos produits.”
Source : TOR
A deux manches de la grande finale, alors que 11th Hour Racing Team occupe la première place au classement général avec seulement un point d’avance sur le Team Holcim-PRB, nous lui avons demandé quel était son pronostic sur le déroulé de la fin de course. "Je ne suis pas assez fou pour faire un pronostic ! Je crois à l’imprévisible sur cette course.” répond-t-il en plaisantant. Que faudra-t-il donc pour l'emporter à Gênes ? "Je pense que l'équipe qui sortira son épingle du jeu sera celle qui sera capable de passer mentalement et physiquement à un style de navigation totalement différent. Cela pourrait être un système de quart différent ou un changement d’équipage avec des experts de leur domaine,” déclare-t-il. Skipper de Puma lors de l’édition 2008-09 de la course (deuxième au classement général) et de l'édition 2011-12 (troisième), Ken Read estime que les deux dernières étapes ne laisseront que peu de place à l'erreur. "La course au large et la course côtière sont complètement différentes", explique-t-il. "C'est un état d'esprit complètement différent et, à bien des égards, la course côtière est plus difficile parce que chaque détail compte. Vous ne pouvez pas faire d'erreur si vous n'avez qu'une semaine pour la rattraper. Vous ne pouvez pas faire de mauvais changement de voiles. Chaque courant de marée est amplifié et votre manque de sommeil joue contre vous. Il y a très peu de système de quart à ce stade, vous dormez en cirée, etc. Les équipages vont se rendre la tâche difficile sur ces deux dernières étapes, ils donneront tout ce qu’ils peuvent pour grappiller le moindre mille.”
Ken Read, détenteur depuis 2015 du record de distance parcourue en 24 heures à la barre du maxi-monocoque de 100 pieds Comanche, a vu son record pulvérisé par les IMOCA sur l’étape entre Newport et Aarhus. Les foilers ont réalisé cet exploit dans la même zone de l’Atlantique Nord que Ken Read et son équipage à l'époque.
Selon lui, compte tenu des "performances étonnantes" des derniers IMOCA à foils, ce record dépend désormais beaucoup des conditions météorologiques et des rares occasions qu'auront les équipages d'améliorer cette distance. "Il y a une part de chance", déclare-t-il. "Vous pouvez avoir le bateau le plus rapide, les chances de battre ce record des 24 heures sont littéralement minces, à moins d’arriver à se placer à l’avant d’un front et à avancer avec lui. Il faut également que l’état de la mer soit correct afin de pouvoir tenir des vitesses moyennes plus élevées. Les monocoques comme Comanche et les IMOCA à foils sont très rapides, tout dépend donc de la vitesse du système météo et de l'état de la mer". Ken Read estime que la Classe IMOCA a fait de grands pas pour s'ouvrir et attirer davantage de marins et de partenaires non français. "La Classe IMOCA s'internationalise de plus en plus et de plus en plus de personnes en dehors de la France en sont conscientes", exprime-t-il. “Le projet 11th Hour Racing Team a certainement contribué à faire connaître ces bateaux en particulier sur la côte est des États-Unis, ce qui est toujours une bonne chose. Nous ne le voyons probablement pas autant aux États-Unis qu'en Europe, mais l'internationalisation de l'IMOCA est en cours et fonctionne, ce qui n'est que bénéfique pour tous les acteurs.”
Pour Ken Read, l'arrivée du drone a aussi changé la donne pour l'IMOCA (ce qui ne peut qu'encourager les skippers solitaires à commencer à les utiliser en plus des Onboard Reporters). "Cela a permis à une Classe comme l'IMOCA d'atteindre un autre niveau", déclare-t-il. "Sans les drones, personne ne saurait à quel point ces bateaux sont géniaux. L'aspect le plus minimisé des courses aujourd’hui est la prise de vues par drone et le fait de montrer ce qu'est réellement l'océan Austral et ce qu'est réellement le passage du Cap Horn. En poussant les choses à l'extrême, on peut voir des bateaux voler littéralement au milieu de l'océan Austral, avec l'équipage en train de hurler dans le cockpit. Cela apporte un autre niveau d'excitation à ce sport". Dans le sens où le Vendée Globe reste l'objectif principal de presque tous les skippers IMOCA, Ken Read est aujourd’hui persuadé du rôle de banc d’essai que The Ocean Race représente pour les équipes compétitives. "Je dirais qu'il s'agit d’un entraînement parfait pour toute sorte de course en solitaire, si c'est ce que vous voulez faire", déclare-t-il. Il ajoute que, personnellement, lorsqu'il se prépare à une course en double, il préfère toujours naviguer avec plus de personnes à bord, car cela permet de tester beaucoup plus de choses et de pousser le bateau plus loin, comme le font les équipages actuellement sur The Ocean Race.
North Sails est fournisseur de nombreuses équipes IMOCA et Ken Read est bien conscient des défis auxquels l'entreprise doit faire face dans une Classe où la performance croît à pas de géant. Selon lui, le fait que les équipages des IMOCA de dernière génération soient désormais à l'abri des éléments la plupart du temps peut avoir des conséquences lorsque la visibilité du gréement est à redéfinir. Il est pour lui primordial que l’entreprise puisse continuer à s’adapter aux contraintes des nouvelles équipes.
Nous lui avons demandé si l'expérience de The Ocean Race était une plateforme de test essentielle dans le choix des voiles pour le Vendée Globe en 2024. "100%, même pas 99%", déclare-t-il. "Chaque course a d’une certaine manière des répercussions sur la suivante et pas forcément que les courses IMOCA. Je suis convaincu que les IMOCA influencent les autres Classes de la course au large et inversement, c’est grâce à cela que nous sommes en mesure de continuer à développer nos produits.”
Source : TOR