Sam Goodchild, skipper de l'IMOCA For The Planet, ne chôme pas. Revenu d'un quasi demi-tour du monde à bord d'Holcim-PRB, on le retrouve maintenant à la barre de l'ancien LinkedOut, fraichement remis à l'eau sous les couleurs de For The Planet. Juste avant d'embarquer pour une navigation d'entraînement, il a répondu à nos questions.
Deux bateaux IMOCA For People et For The Planet. Une même écurie, celle de Thomas Ruyant. C'est une première. Comment va se passer votre duo ?
"Travailler en collectif nous apportera beaucoup. A deux bateaux, on est plus fort ! Toutes les données du bateau me seront transmises, même son historique (NDLR : il s'agit du dernier vainqueur de la Route du Rhum). On sera totalement transparent sur nos deux projets."
Fraichement débarqué d'Itajaï après 35 jours de mer à bord d'Holcim-PRB sur The Ocean Race, que gardez-vous de ce presque demi-tour du monde ?
"Si Kevin (Escoffier, son skipper) me demande aujourd'hui de repartir, je signe sans aucune hésitation ! Avec lui, tu apprends énormément. Il y a eu des hauts et des bas mais en 35 jours de mer et 3 étapes, rien de surprenant. L'expérience était hyper intéressante et l'équipage au top !"
Comment êtes-vous arrivé à la course au large ?
"Je suis arrivé en Grande Bretagne à 15 ans. Toute mon enfance, je l'ai vécue en famille aux Antilles où je pratiquais le dériveur. Mais en Angleterre, le dériveur n'était pas pour moi car je n'étais pas au niveau. Par contre, j'étais un des rares jeunes à connaître l'habitable.
J'ai alors intégré la British KeelBoat Academy d'Alex Thomson. A 16 ans, je jonglais entre le lycée et les navigations à bord d'un ancien VO65 Hugo Boss. J'ai ainsi effectué ma première transatlantique en 2006 puis la Transpacifique."
A partir de ce moment, vous n'avez plus arrêté de naviguer. Figaro, Mod70, Ultimes, Océan Fifty, vous avez enquillé les milles sur tous les supports !
"Oui, j'aime me challenger. J'ai commencé en intégrant le circuit Figaro avec Artemis. J'avais alors 21 ans et pendant 4 ans, j'ai cumulé les milles, passant de Figaro au Class40 Concise. J'ai d'ailleurs participé à ma première Transat Jacques Vabre en 2011 sur ce Class40.
En 2014, sur la Solitaire du Figaro, j'ai fait la connaissance de Michel Desjoyeaux qui naviguait sur TBS. Il m'a alors embarqué sur Mapfre, le projet Volvo Ocean Race d'Iker Martinez pendant 6 mois. Malheureusement mon aventure s'est arrêtée au Cap.
Ensuite, j'ai découvert le MOD70 avec Phaedo, l'ancien Foncia de Michel Desjoyeaux. A ce moment, Brian Thomson était à la barre. J'ai ensuite embarqué trois ans avec l'Ultime Spindrift, avant de rejoindre Sodebo Ultim 3 dès sa mise en route."
De nombreux supports, de nombreux milles. Et depuis 2 ans, vous avez la casquette de skipper, d'abord sur l'Ocean Fifty Leyton et maintenant sur l'IMOCA For The Planet. Vous reverra-t-on en tant qu'équipier ?
"J'adore apprendre. Donc, oui, je reviendrai en tant qu'équipier. J'aime ne pas être qu'un skipper car j'apprends énormément dans les autres projets, aux contacts d'équipes différentes.
Skipper à bord de For The Planet, j'ai beaucoup d'envie mais aussi une grande inquiétude. Vais-je pouvoir donner autant que Thomas (Ruyant) va me donner ?"
Quelles sont vos prochaines échéances avec For The Planet ?
"Ma première course sur For The Planet sera la Bermudes 1000 Race dont le départ est programmé dimanche prochain. Antoine Koch va m'aider à trouver les manettes sur l'IMOCA (NDLR : il faisait partie du bureau d'études et était le co-skipper avec Thomas Ruyant) et moi, j'apporterai une vision de l'extérieur. Je vais y aller pas à pas.
J'ai entre les mains un bateau qui est déjà très bon, avec un potentiel énorme. Mon objectif ultime sera évidemment le Vendée Globe 2024. Je me souviens qu'enfant, on m'avait dit que ce ne serait pas possible. Et moi, quand on me dit ça, je dépasse mes limites pour l'atteindre !"
Propos recueillis par E Allaire
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