Pierre Quiroga en tête du Final Rush, Christopher Pratt abandonne, "revenir plus fort sur les prochaines courses"

 

Après 50 heures de navigation depuis le départ de la Sardaigne, d’abord rapides puis très techniques pour cause de vent faible et variable, les équipages du Pro Sailing Tour 2023 sortent de la Méditerranée ce mercredi pour rejoindre la ligne d’arrivée à Brest. Il reste cependant encore 830 milles à courir devant les étraves et le rythme devrait être encore bien mou jusqu’au cap Finisterre. Là, la régate prendra une autre tournure : 35 nœuds de vent de face et une grosse mer sont attendus. Sauvage ! Ce midi, Viabilis Océans mène la danse d’une courte tête (moins d’1,5 milles devant Koesio). Et comme le dit Erwan Le Roux, en tête du classement général provisoire, « Rien n’est joué, il reste encore beaucoup à faire ! ».


Crédit : V Olivaud


Bagarre de rue en approche du cap Saint-Vincent

Ils sont comme ça les navigateurs de haute voltige. Ils ne lâchent rien ! Et comme les quatre Ocean Fifty de ce Pro Sailing 2023 ne sont pas si éloignés en termes de performances, le jeu sur ce Final Rush est grandiose. Erwan Le Roux, Audrey Ogereau et Steven Liorzou sur Koesio ont fort à faire face aux p’tits jeunes de Viabilis Océans (Pierre Quiroga et Léonard Legrand) qui ont embarqué sur cette ultime étape un cador de la discipline du multicoque : Pascal Bidégorry. Alors, les coups tactiques fusent. À la côte, au large, à toi, à moi… 16 milles derrière ce duel serré, Le Rire Médecin-Lamotte et Solidaires En Peloton-ARSEP ne déméritent pas et se battent comme des chiffonniers.

« Nous avons eu une super phase de transition à Almeria et ensuite, nous n’avons pas été assez vigilants sur une histoire de courant qui a complètement faussé notre trajectoire. En tentant de contrôler la flotte en étant devant, nous nous sommes retrouvés relégués derrière à voir les autres partir. Donc grosse douloureuse avec 20 milles de retard bien tassés à Gibraltar. » expliquait tôt ce matin Thibaut Vauchel-Camus. Compte tenu de la météo peu ventée et capricieuse des prochaines 24h, tout reste encore possible pour dominer les débats. Fait de course la nuit dernière : des orques, que l’on sait rôdant dans les parages de Gibraltar, se sont invités à la régate. Coup de chaud pour les équipages, mais pas de dégâts ! « Ils ont chatouillé nos safrans » racontait dans un message Luke Berry.

Ils ne sont plus que 4 en course, Christopher Pratt, skipper de l’Ocean Fifty Wind of Trust-Marsail ayant annoncé hier, mardi 23 mai, son retrait de la troisième étape du Pro Sailing Tour. « Cela fait moins d’un mois que l’équipe MARSAIL a finalisé l’achat de l’Ocean Fifty Wind Of Trust. Nous mettions un point d’honneur à s’aligner au départ du Pro Sailing Tour, épreuve phare de la saison. Malgré tout le travail acharné de l’équipe et la détermination sans faille de l’équipage, une série d’avaries techniques mineures ne permet pas de poursuivre la course dans des conditions optimales de performance et de sécurité. » expliquait le Marseillais, qui peut se montrer fier d’avoir été présent à La Seyne-sur-Mer avec sa petite équipe, son bateau nouvellement acheté et une étape de l’Ocean Race dans les bottes ! Christopher ajoutait « vouloir revenir plus fort sur les prochaines courses en Ocean Fifty ».

Le point sur la régate ce mercredi 24 mai à 7h30 par Gilles Chiorri , directeur de course du Pro Sailing Tour
« La flotte est désormais dans la baie de Cadix et bataille dans des vents faibles. Très peu de vents sont attendus dans la journée, d’autant qu’ils seront variables en direction… Ce sera un jeu de patience et de positionnement peut-être à terre pour bénéficier d’un fond de brise sur les côtes d’Algarve.

Le cap Saint-Vincent est encore distant de 70 milles nautiques, puis les équipages mettront le cap au Nord, toujours dans des vents assez faibles.

Pour vendredi, le point dur au niveau du Cap Finisterre / Sud Gascogne reste d’actualité et changera complètement le rythme de la course, au louvoyage avec des vents de Nord-Est qui oscilleront, selon les modèles entre 25 et 35 nœuds et une mer forte. Ensuite, le Golfe de Gascogne se fera en tirant des bords avec des vents redevenant modérés dans sa partie Nord. Heure des premières arrivées estimées à Brest : dans la nuit du 27 au 28 mai.
»

Ils ont dit au large de Cadix
Pierre Quiroga, Viabilis Océans

« Premier à Gibraltar ! Pas facile cette sortie de la Méditerranée ! Des grains, du courant, on se croirait du côté de la Bretagne Nord. On a fait une belle bagarre de vitesse avec Koesio. Toujours énormément de manœuvres depuis le départ, ce matin la fatigue se faisait sentir à bord et dès qu’on a eu un bord un peu long, nous avons enchaîné les siestes à tour de rôle. Juste après ce beau passage de Gibraltar en tête, le vent d’Est s’est de nouveau complètement arrêté. 3 nœuds de courant de face ! Usant, c’est le mot pour ce début de course mais magnifique aussi tant les écarts sont proches.

On commence à regarder la météo jusqu’au cap Saint-Vincent et au cap Finisterre, ça ne s’annonce pas beaucoup plus simple ! A voir, on est quand même bien content d’être à notre place ce soir :) »

Erwan Le Roux, Koesio

« Tout va bien à, bord, on arrive à la pointe de Santa Maria avant le cap Saint-Vincent. Nous sommes toujours au contact avec Viabilis Océans. C’est mou et ce sera mou sur toute la remontée du Portugal. Rien n’est joué, tout reste à faire ! A bord, tout le monde mange bien, se repose bien. Nous nous sentons d’attaque pour le gros morceau qu’il reste à venir ! »

Thibaut Vauchel-Camus, Solidaires En Peloton-ARSEP

« On est arrivé à Gibraltar, on ferme la marche de la flotte après l'abandon que l’on regrette (mais pas autant qu'eux) de Wind Of Trust - Marsail.Après 50 heures de navigation depuis le départ de la Sardaigne, d’abord rapides puis très techniques pour cause de vent faible et variable, les équipages du Pro Sailing Tour 2023 sortent de la Méditerranée ce mercredi pour rejoindre la ligne d’arrivée à Brest. Il reste cependant encore 830 milles à courir devant les étraves et le rythme devrait être encore bien mou jusqu’au cap Finisterre. Là, la régate prendra une autre tournure : 35 nœuds de vent de face et une grosse mer sont attendus. Sauvage ! Ce midi, Viabilis Océans mène la danse d’une courte tête (moins d’1,5 milles devant Koesio). Et comme le dit Erwan Le Roux, en tête du classement général provisoire, « Rien n’est joué, il reste encore beaucoup à faire ! ».

Luke Berry, Le Rire Médecin-Lamotte

« Nous avons passé Gibraltar, tout se passe bien à bord ! Nous n’avons pas tout à fait compris ce qu’il s’est passé entre hier et cette nuit avec un vent qui a tourné dans tous les sens. Le pauvre Thibaut (Vauchel-Camus) en a fait les frais. Mais nous sommes parvenus à ne rien perdre sur les autres. Les autres, dans les phases de transition et sur les réglages des voiles, sont un cran au-dessus de nous. Nous jouons d’abord la sécurité, on réduit la voilure quand il faut car il y a parfois des grains. Tout le monde travaille bien à bord, il reste encore de la route ! » Devant, la météo a l'air assez complexe pour ouvrir le jeu et on espère qu'elle ne le soit pas trop à la vue de ce qui nous attend au cap Finisterre pour l'instant. Mais bon, le moral est là même si ça peut grogner, mais ça c'est normal, des gens motivés qui ne sont pas récompensés de leur travail, ça grogne. »

Source : I Delaune