La présentation officielle des 11 skippers de The Ocean Race des flottes IMOCA et VO65 a marqué une étape importante, deux jours seulement avant le départ de cette course incontournable et historique, dimanche après-midi. Morceaux choisis.
IMOCA
"Je n'ai encore jamais navigué en équipage 30 jours d’affilé", admet le français et co-skipper de GUYOT environnement - Team Europe (FRA/GER) Benjamin Dutreux. D'autres ont fait preuve de la même franchise. "Je pense que la troisième étape sera particulièrement difficile, car il s'agira de savoir quand ralentir et jusqu'où pousser", affirme Charlie Enright, le skipper de 11th Hour Racing Team (USA). "Il se peut que nous finissions par naviguer à 70% en mode pilote automatique. Du point de vue du spectateur, le parcours se résume à une course jusqu'en Afrique du Sud, une survie jusqu'au Cap Horn et une remontée jusqu'à l'arrivée."
Toutefois, tous les skippers ne sont pas d'accord sur l'étape qui promet d’être la plus difficile. "C'est sûr que l'étape 3 sera difficile, car nous nous dirigeons vers le sud, mais trois de nos équipiers y sont déjà allés en naviguant seuls sur un IMOCA", a déclaré Paul Meilhat de Biotherm (FRA). "Pour nous, ce sont les étapes 1 et 2 qui seront les plus délicates. Nous ne nous sommes pas entraînés ensemble pour cette course, la première fois que nous avons navigué en équipage, c'était il y a une semaine, donc nous allons découvrir comment nous travaillons à cinq sur le bateau."
Le défi qu’est la navigation en équipage a également été sujet à des réponses inattendues. Les avantages que représentent le partage de la charge physique, la gestion du bateau et le maintien de la pression sont évidents. Mais les marins ayant une expérience en solo ont souligné la pression supplémentaire qu'un équipage complet peut engendrer.
"Lorsque vous naviguez seul, vous n'êtes pas souvent stressé car vous pouvez faire les choses à votre rythme, mais en tant que skipper, vous avez un tas de responsabilités supplémentaires envers l'équipage, donc je m'attends à être plus stressé au départ", explique Paul Meilhat. Un point de vue partagé par Kevin Escoffier de Team Holcim PRB (SUI).
"C'est plus facile de naviguer seul, parce que quand vous êtes quatre, vous devez penser à tout le monde", ajoute le skipper français.
Pour Benjamin Dutreux, c'est le brassage des cultures et des compétences qui lui importe avant le départ. "Nous partageons différentes cultures au sein de l’équipage, ce qui est une force, alors l’important c'est de bien les gérer pour obtenir le meilleur pour l'équipe."
Pour les spectateurs et les passionnés de l'événement, les performances impressionnantes des IMOCA sont l'un des grands attraits de cette course, mais les hautes vitesses ne sont pas sans risque, comme le souligne Kevin Escoffier. Concevoir un bateau plus performant que le reste de la flotte fait partie de la compétition et implique que les équipes préserveront toujours leurs secrets.
"Toutefois, en cas de problème lié à la sécurité, nous partagerons les informations susceptibles d'aider ", précise-t-il. "Je ne voudrais pas gagner une étape en sachant qu'un bateau s'est cassé parce qu’une information n'a pas été partagée".
Le skipper de Team Malizia (GER), Boris Herrmann, est d'accord. "Il y a une bonne ambiance dans cette classe et j'espère que nous pourrons la garder tout au long de la course."
Après avoir été la première équipe à annoncer sa participation et avoir bénéficié d'un délai de trois ans pour prendre le départ avec un nouvel IMOCA conçu spécialement pour les courses en équipage, 11th Hour Racing Team fait figure de favorite, mais Charlie Enright a souligné que tout avantage perçu devait être remis dans son contexte.
"Trois ans de préparation comparés à la quantité d'expérience que je compte ici parmi les marins à ma droite, ce n'est finalement pas grand-chose…», ajoute-t-il.
VO65
Les skippers VO65 étaient aussi au rendez-vous, et eux aussi étaient 100% concentrés sur le défi qui les attend. Ils seront les premiers à prendre le départ dimanche. Pour eux, la première étape du sprint VO65 de The Ocean Race les emmènera d'Alicante au Cap Vert.
"Je pense que ma responsabilité est énorme, surtout quand je considère le nombre de jeunes marins dans l'équipage, mais je crois aussi que c’est une opportunité extraordinaire de régater contre autant de grandes équipes", a confié le skipper d'Ambersail 2 (AUT), Rokas Milevičius.
Pour Antonio Fontes, qui a déjà participé à The Ocean Race 2017-18, et qui est désormais skipper de l'équipe portugaise Mirpuri Foundation Racing Team (POR), la course représente une unique occasion d'inspirer la prochaine génération. "Ce projet a pour but de développer la voile hauturière portugaise et cette compétition permet à la prochaine génération de se lancer et de découvrir ce type de course pour la première fois."
Pour Gerwin Jansen, skipper de l'Austrian Ocean Racing Powered by Team Genova (AUT/ITA), le partenariat avec la ville hôte de l’arrivée (Gênes) a été un élément clé de leur campagne.
Pour cette édition, le pays le plus représenté en VO65 n’est autre que les Pays-Bas.
"Je suis super heureux car nous sommes six hollandais à bord ", a déclaré le skipper de Team JAJO (NED), Jelmer van Beek, dont l'équipage comprend le vétéran de la course, Bouwe Bekking, avec huit éditions à son actif. "Il sera chef de quart, c'est génial d'avoir une telle expérience à bord".
Le skipper de Viva México (MEX), Erik Brockmann, a ajouté : "Nous sommes très heureux d'être ici sur la ligne de départ pour représenter le Mexique, 50 après la victoire de Sayula II. »
Après avoir remporté l’In-Port Race le week-end dernier, Windwhisper Racing Team (POL) de Pablo Arrarte est sous le feu des projecteurs.
"Toutes les équipes sont très bonnes et le fait d'avoir eu cette course comme session d'entraînement était très intéressant. Même si nous avons rejoint The Ocean Race tardivement, nous nous sommes entraînés autant que possible, alors nous espérons que les résultats seront là."
Météo
Après une semaine où les prévisions météorologiques ont oscillé autour de modèles variables, le tableau s'éclaircit pour le départ de dimanche. Actuellement, les prévisions annoncent une brise de sud-ouest de 8 à 12 nœuds pour le départ des VO65, qui devrait basculer au nord-ouest pour la flotte des IMOCA.
Ensuite, lorsque les deux flottes se dirigeront vers le détroit de Gibraltar, elles devraient rencontrer jusqu'à 30-35 nœuds dans la mer d'Alboran lundi, cela sera leur première épreuve.
Source : TOR