Ce mercredi 23 novembre à 16 h 38 min 48 sec (heure locale) - 21 h 38 min 48 sec heure de Paris -, Ambrogio Beccaria a franchi en deuxième position la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre de la 12e édition de La Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Son temps de course est de 14 jours 7 heures 23 minutes 48 secondes. Le skipper d’Allagrande - Pirelli a effectué les 3 542 milles du parcours entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre à la vitesse de 10.31 nœuds sur l’orthodromie (la route directe). Il a en réalité parcouru 4 041.06 milles à la vitesse moyenne de 11.77 nœuds. Il s’offre une magnifique deuxième place décrochée de haute lutte face à Corentin Douguet (Queguiner-Innoveo) au terme d’un duel qui s’est intensifié au fil des milles en approche de la Guadeloupe. Au final, l’Italien monte sur la deuxième place du podium et affiche 4 heures 15 minutes 8 secondes de retard face au grand vainqueur en Class40, Yoann Richomme (Paprec Arkea).
Quelle course ! À 31 ans, l’Italien Ambrogio Beccaria a marqué de son empreinte cette Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Et pour cause, le skipper d’Allagrande-Pirelli, déjà connu pour sa victoire sur la Mini-Transat 2019, a vite trouvé dans la Class40 un circuit à la mesure de son talent, où l’art de régater au meilleur niveau se mêle à celui de prendre en main un bateau innovant. Après avoir goûté à ce support à bord du tout premier scow de 40 pieds, ce type de bateaux révolutionnaires reconnaissables à leur étrave arrondie, Ambrogio, amateur des sensations fortes et de vitesse, est conquis. Aux côtés de Ian Lipinski, il établit en 2021 le record de vitesse sur 24 heures en Class40 avec le joli score de 421 milles parcourus à 17,4 nœuds de moyenne. Le Milanais, qui n’a pas encore de sponsor, se lance alors dans la conception et la construction du premier bateau de course au large 100% italien ! Un défi de taille qu’il relève à travers sa participation à cette Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Son Class40, né des planches à dessin de son ami architecte naval Gianluca Guelfi, ne passe pas inaperçu parmi la cohorte des 30 nouveaux bateaux présents sur la ligne de départ à Saint-Malo. Des longs safrans et un bout-dehors orientable sont quelques-uns des nouveaux artifices qui distinguent Alllagrande-Pirelli, parmi la trentaine de scows réunie cette année. Mais le bateau est tout neuf. Mis à l’eau à la fin du mois d’août dernier, ce n’est que début octobre qu’Ambrogio, qui vit et s’entraîne à Lorient, s’acquitte de sa qualification pour gagner sa place sur la ligne de départ. Moins une ! Et les quelques jours de délai gagnés au ponton à Saint-Malo en raison du départ différé ne sont pas de trop pour finir de préparer et d’apprêter son tout nouveau bateau en vue de cette transat réputée pour son niveau d’exigence.
Sur l’eau, le fougueux Italien va s’imposer dès le début comme l’un des plus fidèles animateurs de la course aux avant-postes. 15è au passage du cap Fréhel, il va vite se propulser dans les premières lignes du classement pour ne plus jamais les quitter. Après le passage des Açores, alors que d’autres solides solitaires connaissent de sérieux soucis, à l’image de Xavier Macaire (Groupe SNEF) contraint de lever le pied pour réparer des problèmes structurels, la course va prendre tous les atours d’un duel océanique avec Corentin Douguet (Queguiner-Innoveo). Seule une poignée de milles sépare ces deux marins qui s’échangent la place de dauphin dans le sillage du leader au gré des relevés de positions. Ambrogio, qui connaît des problèmes d’aérien, n’en tire pas moins le meilleur de son bateau. « Les sensations sont magiques. C’est un avion. Il est rapide sous toutes les allures, » confiait-il hier alors que la bataille avec son concurrent direct se corsait dans la dernière ligne droite vers la Tête-à-l’Anglais. Depuis, Ambrogio n’a rien cédé. Mieux, il a conforté son avance sur le 3e et surtout réalisé le joli tour de force de réduire drastiquement l’écart avec Yoann Richomme (Paprec Arkéa), grand vainqueur en en Class40, l’une des flottes les plus malmenées par la violence des passages de fronts. Le skipper d’Allagrande-Pirelli, avec son bateau tout neuf, a réussi l’exploit de passer entre les gouttes d’une sérieuse avarie pour mériter cette place d’honneur sur le podium à Pointe-à-Pitre.
Source : RDR