Le 6 novembre prochain, Martin Le Pape va prendre le départ de sa première Route du Rhum à bord de Fondation Stargardt. Alors que son 40 pieds est amarré au pied des remparts de Saint Malo, le skipper finistérien livre ses impressions sur une course hors norme.
Crédit photo : M. Viezzer
Que représente la Route du Rhum pour toi ?
La Route du Rhum est une course de légende. On utilise souvent cette expression mais elle prend tout son sens ici. Cette course nous a fait rêver lorsqu’on était gamins et, pour ma part, je l’ai aussi vécue à travers les yeux de mon père (Christian Le Pape était le directeur du Pôle Finistère Course au Large, ndr). C’est un événement chargé d’histoire. Ça fait un peu bizarre d’y être mais je sais que j’ai ma place dans cette course. Il y a beaucoup de choses à intégrer, je ne m’en rends pas encore bien compte. Tout est grandiose et tout est fait pour ajouter à la pression de l’événement. On est dans la cour des grands. Quand tu en parles autour de toi, tu vois les yeux qui pétillent. Ça parle aux gens, ils disent qu’on est fous, que ce qu’on fait est génial.Tu as des souvenirs en particulier ?
En tant que gamin, j’ai deux souvenirs de la Route du Rhum. Je revois la seconde victoire de Laurent Bourgnon à bord de Primagaz en 1998. Il arrive en short aux Antilles, c’était magnifique. J’avais même fait ce bateau en lego ! Le second souvenir, c’est la victoire de Bilou (Roland Jourdain) en 2006, à bord de Sill. Je m'identifie beaucoup à Bilou car il transmet son émotion et c'est ce que je veux faire. Il avait un sourire magnifique sur le podium et c'est aussi la victoire du territoire breton. Il nous a rendu fiers.C’est ta première transat en solo. Comment abordes-tu cette traversée ?
Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais j’ai quand même déjà fait cinq transats. Je connais la route mais en solo, les émotions sont décuplées. Je n’appréhende pas trop la traversée mais plutôt le départ et les deux semaines de village. Il faut savoir se préserver et ne pas se faire bouffer par le stress et l’émotion. La course peut se perdre ou se gagner dans les deux semaines précédant le départ.Pourquoi avoir choisi de partir en Class 40 ?
J’ai l’impression que c’est un pas supplémentaire après La Solitaire. Ce que j’aime c’est que les bateaux restent assez proches en termes de performance donc c’est le bonhomme qui va faire la différence. Nous sommes 55 sur la ligne de départ donc on se prépare à une régate au contact, jusqu’à l’arrivée.Comment jauges-tu la concurrence ?
Je suis un peu partagé car il y a deux types de profils sur cette course avec, d’un côté les figaristes et de l’autre ceux qui viennent du circuit Mini. Je connais bien les figaristes tels que Yoann Richomme, Xavier Macaire ou Corentin Douguet. Je connais leur niveau, ils sont très forts au contact mais il faut regarder ceux qui viennent du Mini et qui connaissent leur bateau par cœur. Cette partie de gestion du bateau est un gros point fort pour des gens tels que Ian Lipinsky ou Antoine Carpentier. En Figaro, on a l’habitude de bourriner, on sait que le bateau va suivre alors que les Class 40 sont différents. Il faut être capable de préserver le matériel car si tu charges trop, tu casses.Quel est ton objectif sur cette Route du Rhum ?
J’y vais pour la gagne. Mon ambition, c’est de gagner cette édition et je pense qu’il faut l’assumer. Je sais que ça ne sera pas facile, il y a un niveau énorme dans cette Class40 mais cela correspond à mon parcours. J’ai déjà fait cinq transats en course, sept Solitaire du Figaro et j’ai un bateau neuf qui est capable de gagner. Bien sûr, je serais heureux avec un podium ou un top 5 mais je veux prendre le départ avec cet objectif.Tu t’engages aux côtés de la Fondation Stargardt. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Nous avons une chance énorme de pouvoir faire ce que l’on fait mais cela n’a de valeur que si on le partage avec d’autres. J’ai rencontré Denis Cayet, le président de la fondation, et ce sont des valeurs que nous partageons. C’est pourquoi j’ai accepté d’être un ambassadeur de la fondation. Nous partageons cela avec les partenaires - Bellocq Paysages, Yce et Semaq. Ils sont heureux de mettre en avant la fondation tout en faisant vivre leur engagement avec l’interne. C’est un message très positif auquel nous nous identifions tous.Source : M Honoré