Halvard Mabire est venu amarrer son catamaran, le Kraken GDD, aux pontons des concurrents de la classe Rhum-Multi à Saint Malo. Il entame ainsi le compte à rebours qui le mènera dimanche 6 novembre sur la ligne de départ de sa 5ème Route du Rhum. Du haut de ses 66 ans, et fort de plus de quatre décennies passées à écumer tous les océans du monde, Halvard le Viking renoue avec les fondamentaux de la plus belle des transats.
Le Kraken GDD en terre bretonne
Depuis sa qualification, le navigateur n’a eu de cesse, avec son sponsor GDD, marque normande de soins naturels imaginés par des pharmaciens, de préparer son bateau, le Kraken GDD. Nommé d’après la créature marine mythique qui hante les mers du Nord, ce catamaran ORC50 Marsaudon Composites sur plan Barreau de 15 mètres est typé course, léger et racé. Du haut de ses 66 ans, Halvard Mabire concentre son immense expérience sur sa nouvelle monture.
Un retour aux sources pour Halvard
Halvard Mabire découvre la Route du Rhum en 1990 à bord d’un catamaran, Jamet, à une époque encore pionnière où, ainsi que le reflète le groupe Rhum-Multi, voiliers de compétition purs affrontaient des voiliers de série survitaminés. Point de nostalgie pourtant chez le marin de Barneville-Carteret, toujours tourné vers l’avenir, mais l’envie de naviguer dans l’esprit originel de la course, sans assistance extérieure, le nez dans les étoiles, et tous ses sens et son immense expérience dédiés à la bonne marche du bateau.« J’avais mis 15 jours et demi en 1990 à bord de Jamet », se souvient Halvard. « Mais je ne tire aucun plan sur la comète, tant une telle transat réserve d’inconnues, et tant les bouleversements climatiques rendent aléatoires les projections chronométriques. Ce Rhum, c’est d’abord pour moi l’histoire de belles rencontres : celles de mon sponsor GDD, qui m’a fait confiance en me donnant les clés de son Kraken. Je l’ai désormais bien en main, après plus de 15 000 milles effectués à bord. La complicité avec Sam Marsaudon ensuite, constructeur de cet ORC 50 et qui m’a grandement facilité le travail d’optimisation de ce beau cata typé sport, tout carbone, y compris mât et bôme et doté d’un splendide jeu de voiles. J’ai hâte d’échapper à la terre, de retrouver les vérités de l’océan, et ma capacité à tracer seul ma route, en assumant seul erreurs et succès. »
Une transat de noctambules
« Je suis heureux de la part de mystère et d’inconnu qui nimbe cette course, catégorie Rhum Multi. » poursuit le Normand. « J’ai arrêté de compter le nombre de fois où j’ai traversé l’Atlantique après ma 50ème transat… Aucune traversée ne se ressemble, et les alizés ne sont jamais là où on les attend. La Route du Rhum, on l’oublie trop souvent, est une course de nuit ! On part à la fin de l’automne, quand les jours rétrécissent, et on arrive aux Antilles où le jour et la nuit s’équilibrent. La nuit en mer est pleine de sortilèges, et, c’est bien connu, les ennuis arrivent la nuit ! La nouveauté, de plus en plus présente et pénalisante, est la prolifération des sargasses, ces calamiteuses algues qui, une fois accrochées au bateau, vous contraignent à mettre en marche arrière pour s’en libérer. Il y en a partout, et on se demande quand elles vont arriver dans le Cotentin (Rires). La concurrence en Rhum Multi est très diverse ; 16 bateaux, aux profils très différents, depuis le pur voilier de course au large, « l’épouvantail » ex-trimaran Flo de 60 pieds, vainqueur en 1990 avec Florence Arthaud, au voilier de croisière. Il y aura des courses dans la course. Notre Kraken rivalisera avec les catamarans de Gwen Chapalain (Guyader Saveol) et celui d’un autre ami Normand, Brieuc Maisonneuve (CMA Ile de France), tous construits par Sam Marsaudon. »Halvard va ainsi prendre ses quartiers à Saint Malo, dans le bassin des concurrents, jusqu’à la date fatidique du 6 novembre.
Source : D Van Den Brink