Il n’y a jamais eu autant d’engagés sur La Route du Rhum – Destination Guadeloupe dans la classe IMOCA (37) et les prétendants à la victoire n’ont jamais été aussi nombreux, entre les bateaux les plus fiabilisés et ceux récemment mis à l’eau. De quoi promettre une bataille intense et à couper le souffle.
C’est une course autant iconique qu’atypique. Pour les skippers de la classe IMOCA, la Route du Rhum – Destination Guadeloupe impose un rythme palpitant où le répit est inexistant et la concentration exacerbée. Ces skippers ont leur marathon – le Vendée Globe – la mythique transatlantique s’apparente davantage à un sprint haletant, intense, une décharge d’énergie de moins de 15 jours. Le record n’a plus été battu depuis 2014 et la victoire de François Gabart, alors âgé de 31 ans, qui avait bouclé la course en 12 jours, 4 heures et 38 minutes.
Depuis, les forces en présence en IMOCA ont été complétement bouleversées et les quatre années qui séparent la dernière édition de celle qui s’annonce l’ont démontré à nouveau. Le tenant du titre, Paul Meilhat avait achevé sa collaboration avec SMA et a dû attendre plus de trois ans avant de trouver un nouveau sponsor, Biotherm. Les deux autres skippers présents sur le podium, Yann Eliès (2e) et Alex Thomson (3e), après des années au sommet de la course au large, ont changé de cap. C’est donc un paysage complétement renouvelé et particulièrement attrayant qui préfigure actuellement la classe IMOCA.
Sept bateaux neufs mis à l’eau en quatre mois !
Après le succès populaire du dernier Vendée Globe, la dynamique est toujours de mise et cela se constate par les nombreux projets de bateaux neufs. Depuis quatre mois, sept skippers ont ainsi mis à l’eau de nouveaux bateaux ! Parmi eux, on compte quatre sisterships – V and B – Monbana – Mayenne (sistership d’APIVIA, pour Maxime Sorel), Biotherm (sistership de LinkedOut, pour Paul Meilhat), Maitre Coq V (sistership de 11th Hour Racing-Mâlama, pour Yannick Bestaven) et Initiatives Cœur 4 (sistership de L’Occitane en Provence, pour Samantha Davies) – et trois bateaux conçus dans des moules complétements neufs (Holcim – PRB de Kevin Escoffier, Charal2 de Jérémie Beyou et Malizia – Sea Explorer de Boris Herrmann). Tous seront sur la ligne de départ le 6 novembre prochain à Saint-Malo.Pourtant, Kévin Escoffier (Holcim – PRB) pense, comme ses compères de la classe que « les bateaux neufs ne sont pas favoris, ce sont ceux de génération 2020 qui sont fiabilisés qui auront l’avantage ». Parmi eux, Charlie Dalin (APIVIA) et Thomas Ruyant (LinkedOut), qui ont tous les deux des IMOCA en cours de construction, et s’apprêtent à disputer leur dernière course avec leur monocoque actuel. Le Normand, 2e du Vendée Globe et vainqueur de la Guyader Bermudes 1000 Race et de la Vendée Arctique, invaincu cette saison, aspire à remporter La Route du Rhum – Destination Guadeloupe pour la première fois de sa carrière. Thomas Ruyant, qui s’était imposé l’an dernier lors de la Transat Jacques Vabre, ne manque pas d’arguments non plus.
Le grand saut pour 13 ‘bizuths’
Mais les conditions météorologiques, comme le scénario de la course, pourraient rapidement rebattre les cartes. Les nouveaux bateaux seront donc à l’affût - ils étaient déjà 4 dans le ‘top 10’ de l’épreuve-phare du Défi Azimut mi-septembre – mais aussi les bateaux à dérives droites qui feront tout pour jouer les trouble-fêtes. Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job), Guirec Soudée (Freelance.com) et Éric Bellion (Commeunseulhomme powered by Altavia) l’avaient d’ailleurs prouvé en juin dernier lors de la Vendée Arctique.Par ailleurs, ils seront treize à disputer La Route du Rhum – Destination Guadeloupe pour la première fois en IMOCA et à s’élancer pour leur plus longue course à bord de ce type de monocoque. Un saut dans l’inconnu, nouvelle illustration de la vitalité de la classe, qui montre aussi son ouverture à l’international. En effet, les Suisses Justine Mettraux (Teamwork.net) et Oliver Heer (Oliver Heer Ocean Racing), le Chinois Jingkun Xu (China Dream-Haikou), le Britannique James Harayda (Gentoo) découvriront ainsi la mythique transatlantique.
Hormis le local de l’étape, Louis Burton (Bureau Vallée), qui est basé à Saint-Malo, tous les skippers IMOCA sont attendus le 26 octobre dans le port de la Cité Corsaire. A leur arrivée, ils participeront à une parade afin de permettre à tous les passionnés et les curieux de les admirer naviguer à proximité des côtes. Ils pourront ensuite s’en approcher et les découvrir de plus près : tous les IMOCA seront en effet amarrés quai Duguay-Trouin jusqu’au départ. Le public guadeloupéen, lui, devra attendre au moins jusqu’à la fin de la deuxième semaine de course – aux alentours du 18 novembre pour le premier s’il est dans le temps du record – afin de pouvoir assister au dénouement de ce sprint à nul autre pareil.
Charlie Dalin (APIVIA) : « J’ai l’impression de connaître la Route du Rhum – Destination Guadeloupe depuis que je suis tout petit. Et cette course m’a toujours fait rêver. Pourtant, je n’y ai jamais participé et il était temps de corriger le tir. La concurrence s’annonce coriace : quantité et qualité sont au rendez-vous avec six nouveaux bateaux de dernière génération. L’enjeu sera de trouver le bon tempo parce que ce n’est ni rapide comme une étape de La Solitaire du Figaro, ni aussi long qu’un Vendée Globe. C’est entre le 100 mètres et le marathon : il faudra en permanence situer le curseur au bon endroit ! »
Kevin Escoffier (Holcim – PRB) : « La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, c’est la course de mon enfance, le souvenir du passage des écluses et des sorties en mer avec mon père pour accompagner les bateaux de pêche. C’est le ‘Rhum’ qui m’a donné envie de faire de la course au large. L’objectif, ce sera de continuer à apprendre, à fiabiliser, à optimiser et à mieux connaître mon bateau. On sait que le début de la course sera très important, notamment le passage du golfe de Gascogne. Je vais naviguer pour finir et tout faire pour aller au bout. »
Isabelle Joschke (MACSF) : « Je suis particulièrement enthousiaste à l’idée de disputer cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe. C’est une course mythique et c’est aussi un parcours que j’aime beaucoup. Quitter l’automne en France, traverser l’Atlantique, faire face parfois à de grosses difficultés et avoir cette belle récompense à la fin avec l’arrivée à Pointe-à-Pitre… Mon objectif, ce sera de terminer, de me faire plaisir et la cerise sur le gâteau, ce serait de terminer dans le ‘top 10’. C’est chouette d’être aussi nombreux sur la ligne de départ. Ça veut dire qu’il y aura du match partout, devant, au milieu et à l’arrière de la flotte. Ça s’annonce passionnant ! »
Source : M Le Berrigaud