Quentin Delapierre, Manon Audinet, Kevin Peponnet, François Morvan, Matthieu Vandame, Olivier Herledant et Timothé Lapauw ont laissé éclater leur joie au moment de franchir la ligne d’arrivée hier dimanche, à un cheveu (3 secondes) des Américains. Les Français remportent à Cadix leur tout premier Sail Grand Prix, un an jour pour jour après l'arrivée du pilote Quentin Delapierre dans la league internationale des F50. Cette victoire couronne une montée en puissance régulière de l’ensemble du team tricolore, déjà finaliste au Danemark fin août, qui remonte à la 3e place du classement général provisoire de la saison 3 de SailGP.
Une journée à suspense
Toute l’après-midi, on a retenu son souffle. Eole avait aussi retenu le sien, n’offrant aux équipages qu’un flux irrégulier et aléatoire, histoire de corser à souhait les débats et de faire monter le suspense de cette ultime journée espagnole.A bord des F50, dans un vent souvent inférieur à 10 nœuds et toujours un fort clapot, impossible de rester tranquillement posé sur les foils, chaque sortie de manœuvre représentant un gros risque de se crasher, de perdre de la vitesse et de précieuses places au classement.
Les deux régates qualificatives en ont été la preuve. En dehors des Canadiens, vainqueurs à deux reprises, de nombreuses équipes ont connu des revers de fortune, au gré d’une transition ratée, d’un décollage intempestif, d’un mauvais passage de marque, ou d’un mauvais bord. D’autres, à l’inverse, vont connaître des remontées spectaculaires… comme les Français dans la première manche du jour (course 4). Partis derniers, ils réussissent à exploiter les conditions de vent compliquées dans l’ultime bord de portant, et se remettent en piste pour un accès en finale qui aurait pu leur échapper.
Les Britanniques seront, à l’opposé, les grands perdants de la journée. En déficit de vitesse au près, ils terminent derniers de la course 5 et cèdent leur place en finale aux Américains.
Les Français impériaux en finale
Nouvel événement de la journée : le comité de course décide – faute de vent suffisant – de réduire les effectifs à bord des F50. Les trois finalistes australiens, américains et français prennent donc le départ avec quatre personnes à la manœuvre (au lieu de six). A bord du bateau bleu blanc rouge, Quentin, Manon, Kévin et Matthieu sont aux manettes. Une configuration nouvelle pour le team, obligeant Quentin à gérer le vol du bateau et Manon à se mettre à la colonne de winch. Auteurs du meilleur départ, les Français vont mener toute la course devant, talonnés par des Américains très combatifs. Spithill et son clan ne sont pas loin de prendre l’avantage à la fin du dernier près lorsque les deux bateaux enroulent bord à bord la dernière marque de parcours. Il ne reste que quelques mètres à parcourir jusqu’à la ligne d’arrivée. C’est à celui qui accélèrera le premier dans les dernières secondes. L’équipage tricolore y parvient et glisse sur la ligne en vainqueur, avec un delta de 3 secondes sur son rival…Cette première victoire en SailGP après les bons résultats acquis au Danemark (2e) et à Saint-Tropez (4e) propulse les Français à la 3e place du classement général provisoire de la saison derrière les Néo-Zélandais et les Australiens. Cette place leur donne aussi une nouvelle stature au sein du contingent international. Les Frenchies ne sont plus seulement une équipe à potentiel. Ils sont devenus une des équipes à battre.
Prochain rendez-vous à Dubaï les 12 et 13 novembre pour le Dubai Sail Grand Prix presented by P&O Marinas.
Quentin Delapierre, pilote du France SailGP Team : "On a explosé de joie"
« Nous n’avions jamais navigué dans cette configuration à 4, sans le contrôleur de vol, un poste que j’ai dû assurer pendant la finale, alors que Manon se retrouvait à la colonne et a dû s’arracher. Nous n’avons pas été parfaits mais nous sommes sortis de notre zone de confort. Nous étions sous tension et c’est aussi pour ça qu’on a explosé de joie à l’arrivée.On a su garder notre sang froid et nous sortir de positions difficiles alors que nous n’en n’étions pas encore capables il y a quelques mois. Et ça, c’est génial. Je crois qu’on commence à être une vraie équipe. On se fait confiance les uns les autres. Quand on perd, on perd ensemble et quand on gagne, c’est la même chose. On a eu des petites mésaventures, des petites désillusions en début de saison, mais tout le monde s’accroche, même quand c’est difficile individuellement, pour l’intérêt du collectif.
Alors on ne boude pas notre plaisir, on va fêter ça ! Dans une grosse équipe comme celle-là, quand tout le monde adhère, ce sont de supers moments et il faut en profiter. Ensuite, à nous de bien identifier ce qui a bien marché, puis il faudra ‘redescendre’ avant Dubaï. Il faut garder la tête froide, c’est essentiel sur SailGP sinon tu te prends des coups de boule ! »
Manon Audinet, stratégiste : "C’est juste dingue !"
« C’est un sentiment incroyable de gagner cette course tous ensemble. Je suis tellement contente, c’est juste dingue ! C’était chaud jusqu’à la dernière seconde, j’étais en train de grinder, bien dans le rouge. J’ai vu les Américains se rapprocher et je me suis dit qu’il n’y avait plus qu’une chose à faire c’est de grinder le plus fort possible avec Matthieu et de laisser Quentin et Kévin gérer, ce qu’ils ont super bien fait.Quentin n’a pas peur des challenges. Cette dernière course en finale c’était clairement un challenge parce qu’on n’était pas prêts pour naviguer à quatre. C’est un bon exemple encore une fois de la capacité qu’il a à s’adapter et à prendre le lead même si ce n’est pas simple et que ce n’est pas le plan A prévu. On a eu 30 secondes de stress quand on a eu l’annonce de la finale à 4 mais Quentin a réussi à mettre tout le monde ensemble, à nous pousser dans le bon sens et ça l’a fait. »
Source : V Bouchet