Moins de trois mois après son chavirage dans le golfe de Gascogne, Armel Tripon a remis son Ocean Fifty à l’eau. Les P’tits Doudous retrouvent ainsi leur élément après un chantier rondement mené grâce à l’expertise d’une équipe de soignants qui a non seulement pansé ses plaies mais également fait en sorte d’octroyer plus de confort au skipper. Dans quelques jours, le Nantais reprendra le large. Un retour rapide à la navigation rendu possible par la solidarité et la sportivité de Sam Goodchild, d’Aymeric Chappellier et de tout le team Leyton qui ont accepté de louer leur mât de réserve en attendant la livraison d’un espar neuf actuellement en construction. Plus que jamais, Armel Tripon et Les P’tits Doudous sont focalisés sur leur participation à La Route du Rhum – Destination Guadeloupe.
Heureuses retrouvailles
La préparation d’une course transatlantique en solitaire n’est jamais un exercice anodin pour un marin et son équipe. Mais quand la saison débute par un chavirage, ce chemin vers l’échéance majeure prend des allures de course contre la montre. C’est précisément ce qui est arrivé à Armel Tripon en avril dernier, lors de la 1000 Milles des Sables. Retourner l’Ocean Fifty Les P’tits Doudous, le rapatrier en Bretagne, l’expertiser, rassembler une équipe, hiérarchiser les priorités du chantier, en tirer parti pour améliorer certains points, réparer, reconstruire un mât, en trouver un temporaire… et remettre à l’eau ! Si cette liste n’a rien d’un inventaire à la Prévert, elle en dit toutefois long sur les étapes par lesquelles il aura fallu au skipper, son team et ses partenaires, en passer. Alors forcément, à l’heure du retour du trimaran à son élément, le soulagement et l’excitation de retrouver une activité « normale » dominent pour Armel : « Cette remise à l’eau donne un peu de perspectives sportives et nous permet de rentrer plus concrètement dans la préparation de la Route du Rhum. L’échéance va arriver vite. C’est important de pouvoir retrouver le bateau, les sensations et de continuer l’apprentissage à bord. La période de juillet/août va être cruciale. L’équipe a fait un super boulot pour réussir à tenir le timing, pour être prête au moment clé ».
Réparer, fiabiliser et améliorer
Ces dernières semaines, l’équipe technique s’est employée à redonner toute sa superbe aux P’tits Doudous et même à en améliorer l’ergonomie dans la perspective de la participation d’Armel Tripon à La Route du Rhum – Destination Guadeloupe. « Le chantier engagé post-chavirage s’est focalisé sur un point essentiel : la réparation et le renforcement du flotteur tribord, celui qui avait le plus souffert, détaille le Nantais. Il n’y avait pas de gros dommages mais il a fallu consolider les cloisons. Par acquis de conscience, nous avons également préféré ouvrir le flotteur bâbord pour le renforcer et avoir un bateau fiable. Le chavirage a été violent mais n’a en aucun cas endommagé la structure. Nous savons maintenant que nous pouvons tirer sur le bateau, qu’il est costaud ! La casquette avait également été abimée. Nous avons profité du chantier pour la prolonger et me permettre d’être mieux protégé, d’être plus à l’abri pour gagner en confort. La bôme a également été réparée ainsi que le poste de barre ».
Solidarité XXL chez les Ocean Fifty et les soignants
Les P’tits Doudous désormais soignés, il leur faut naturellement un mât, le précédent n’ayant pas résisté au chavirage. Très vite, la commande d’un nouvel espar a été lancée et c’est chez Duqueine Composites, une société sous-traitante d’Airbus qui met tout son savoir-faire aéronautique au service du projet, qu’il est actuellement en construction, pour une livraison prévue en septembre. Un remplacement de premier choix rendu possible par la mobilisation des soignants des P’tits Doudous dont les différentes associations, sur l’ensemble du territoire, ont contribué financièrement à lancer la fabrication du nouveau mât. Mais d’ici à sa réception, si Armel Tripon n’aura pas la possibilité de rejoindre ses camarades de la Classe Ocean Fifty sur le Pro Sailing Tour, il ne restera pas à quai pour autant. Connus pour leur bonne entente et leur bel état d’esprit, les skippers des « petits » trimarans ont fait la démonstration d’une solidarité et d’une sportivité XXL. Ainsi, Sam Goodchild, Aymeric Chappellier et le Team Leyton ont-ils accepté de louer leur mât de réserve moyennant une somme très symbolique, afin que le Nantais puisse préparer La Route du Rhum – Destination Guadeloupe dans les meilleures conditions. Un geste fort qui ne fait que renforcer l’envie d’Armel Tripon de laisser l’épreuve de début de saison derrière lui et de se tourner vers la suite : « La frustration a été assez vite évacuée. Je ne suis pas de nature à ressasser les choses. J’ai fait en sorte de ne surtout pas me polluer la tête avec le manque de navigation en équipage notamment et de passer du temps à préparer le Rhum à terre. Je sais ce sur quoi je dois travailler. Je connais mieux les limites du bateau et ça va m’aider à savoir où placer le curseur. J’en ai tiré une force. Je suis plutôt serein ! ».Sereinement et avec la philosophie qui le caractérise, le skipper des P’tits Doudous va reprendre la mer et attendre le mois de septembre pour installer son nouveau mât et aller chercher sa qualification pour la transatlantique en solitaire sur un parcours libre de 1200 milles. D’ici là, il enchaînera les navigations en équipage plus ou moins réduit et s’emploiera à convaincre de nouveaux partenaires de rejoindre cette belle aventure.
Source : M Le Berrigaud