Dimanche sera donné le départ de la 4e édition de la Drhream Cup. Récent vainqueur en équipage du Pro Sailing Tour, Quentin Vlamynck s’apprête à franchir le cap de la course en solitaire à bord d’un trimaran de 50 pieds. Les enjeux sont de taille sur cette grande première, à valeur qualificative pour la prochaine Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Au bout de 1 000 milles, soit environ 3-4 jours de mer entre la Manche, la mer Celtique et le golfe de Gascogne, se dessine la promesse de gagner son ticket d’entrée pour la grande transat de l’automne prochain entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre…
Quentin, dans quel état d’esprit es-tu à quelques jours du départ de ce deuxième rendez-vous de cette saison 2022 ?
“ Notre récente victoire sur le Pro Sailing Tour montre que le bateau va vite. Je suis vraiment satisfait de son fonctionnement et de mon équipe. J’ai une vraie confiance dans le potentiel d’Arkema. Ces derniers mois, avec 14 victoires sur les 23 manches disputées lors de la saison 2 du Pro Sailing Tour, j’ai pu vérifier sur l’eau qu’il est très performant et c’est déjà un acquis énorme. Mais la Drheam Cup se dispute en solitaire. C’est un exercice radicalement différent des courses en équipage. Elle va impliquer une autre façon de naviguer. C’est une grand première pour moi à bord d’un Ocean Fifty, un support que je connais pourtant bien. Ce sera une vraie découverte, je n’ai jamais fait de solo en course à bord de ce type de bateau. Je suis confiant, mais prudent.”
C’est une forme d’aboutissement pour toi ?
“ Avec la Drheam Cup au terme de laquelle je dois me qualifier pour la Route du Rhum, on arrive vers l’objectif final du projet qui remonte à la construction du bateau, lancée il y a quatre ans au chantier de Lalou Roucayrol. Aucune étape n’a été brûlée. Avec Arkema, on a contractualisé tout cela en début d’année 2018. À l’époque, j’accompagnais Lalou, aux côtés duquel je suis depuis 2010, dans sa préparation pour la précédente Route du Rhum. Je mesurais alors tout le travail qu’il me restait à accomplir, mais j’avais du temps devant moi. On a bien suivi le programme. J’ai d’abord passé deux ans dans l’ombre au chantier, puis deux ans sur l’eau qui m’ont permis d’accumuler des milles. Avec le Pro Sailing Tour, j’ai réussi à me rassurer sur la fiabilisation, l’utilisation et les performances d’Arkema auprès de différents équipiers chevronnés qui ont partagé avec moi leur expérience. Je me sens prêt. À moi maintenant de trouver les ressources et mes propres limites en solitaire.”
Et cette Drheam Cup, comment l’abordes-tu ?
“Je me suis beaucoup entraîné, notamment lors des convoyages, en faux solo. Mais quand tu as quelqu’un dans le cockpit ou qui dort en bas, c’est forcément différent. Là, je serai seul à bord, et en course. Je vais m’efforcer de rester dans une démarche d’apprentissage pour bien prendre mes marques à bord. On verra le résultat ensuite. Tout l’enjeu sera de ne pas tomber dans le piège de la compétition face à cinq autres concurrents, dont certains ont déjà une solide expérience du solitaire en Ocean Fifty. Je ne veux pas me mettre de pression sur cet aspect-là. Le but n’est pas de tout sacrifier pour gagner la Drheam Cup à tout prix. Je n’ai vraiment pas envie d’abîmer le bateau et de me retrouver à devoir faire un gros chantier cet été. Mais je vais tout faire pour naviguer propre et ne pas me faire mal, ce qui n’exclut pas d’être devant.”
Concrètement, quelle va être ta ligne de conduite pour répondre à cet objectif ?
“Je n’ai plus trop besoin de répéter les manœuvres dans la tête. Je connais le bateau par cœur. J’ai des bons automatismes. Mais en solitaire, chaque manœuvre s’anticipe. J'essaierai aussi de trouver des réglages plus polyvalents pour optimiser les changements de voiles. On n’a que deux mains et il faut éviter de se laisser déborder à bord d’un bateau qui peut vite s’emballer. Sur ces trimarans, il n’y a pas beaucoup de sorties, hormis la sortie de route. Cet hiver, j’ai travaillé avec un médecin de la clinique d’Arcachon pour bien appréhender les phases de sommeil. J’ai désormais des repères sur lesquels je vais pouvoir m’appuyer. Le format de la Drheam Cup, c’est un peu le début de la Route du Rhum dans des conditions estivales. J’espère finir la course en bon état de forme, qui me permettrait de poursuivre sur d’autres jours de mer. Pour m’épauler, je peux compter sur la cellule de routage formée par deux marins d’expérience, Lalou Roucayrol et Alex Pella. Eux-mêmes travaillent en étroite collaboration avec le météorologue Éric Mas, chargé de récolter les fichiers. Là encore, il s’agira de mettre en place et valider de bonnes procédures de communication entre la terre et le bateau. Pour toutes ces raisons, j’ai hâte de franchir la ligne de départ à Cherbourg, mais j’ai surtout hâte de couper celle de l’arrivée à la Trinité sur Mer !”Source : MA Parendeau