Les retours aux Sables-d’Olonne se sont enchaînés et la journée a été animée. Ce jeudi 23 juin, 13 marins de la Vendée Arctique ont amarré leur bateau dans le port vendéen, à l’issue d’un long convoyage depuis l’Islande. C’est le vainqueur Charlie Dalin qui a ouvert la voie dans le chenal, à 11h, suivi de près par Jérémie Beyou et Thomas Ruyant, respectivement 2e et 3e de l’épreuve. Puis il y a eu Louis Burton, Alan Roura, Damien Seguin et les autres... Tous ont raconté la confrontation sportive, les conditions dantesques rencontrées, l’aventure et le soulagement d’arriver à bon port. Cinq autres skippers sont attendus la nuit prochaine.
Une météo estivale, un accueil chaleureux : les skippers de la 2e Vendée Arctique ont retrouvé les Sables-d’Olonne dans une ambiance qui contraste radicalement avec leur périple mouvementé vers l’Islande. Encore bien vide ce matin (seuls les bateaux de Szabolcs Weöres et de Manuel Cousin étaient à quai), le ponton s’est bien rempli aujourd’hui. Entre 11h et 16h30, 13 concurrents ont pu prendre le bon créneau de marée pour remonter le mythique chenal des Sables. Il s’agit, dans l’ordre, de Charlie Dalin (APIVIA), Jérémie Beyou (Charal), Thomas Ruyant (LinkedOut), Louis Burton (Bureau Vallée), Alan Roura (Hublot), Damien Seguin (Groupe APICIL), Giancarlo Pedote (Prysmian Group), Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family), Sébastien Marsset (Cap Agir Ensemble #SponsorsBienvenus), Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For A Job), Romain Attanasio (Fortinet-Best Western), Louis Duc (Fives - Lantana Environnement) et Eric Bellion (COMMEUNSEULHOMME powered by Altavia). Ces 13 skippers ont tour à tour raconté leur aventure.
Charlie Dalin savoure, ses concurrents saluent sa performance
Honneur au vainqueur : Charlie Dalin a été le premier à livrer ses impressions. « Je commence tout juste à réaliser que j'ai remporté cette course. Il n'y avait pas le rituel classique de la ligne d'arrivée en Islande, avec les partenaires, la famille, les médias… C'était spécial », a-t-il déclaré. « Comme anticipé, la bagarre a été belle avec Thomas (Ruyant) et Jérémie (Beyou). Je suis content d'avoir tiré mon épingle du jeu, d'avoir bien négocié les transitions. » Taillé pour la gagne, son unique objectif, Jérémie Beyou est tout de même heureux de sa 2e place : « Je ne me lasserai jamais des podiums ! J'aime bien le goût du champagne, et le bateau aussi. Les quatre jours de course ont été intenses, on ne s’est pas beaucoup lâché avec Charlie et Thomas, c’est justement ce qu’on venait chercher. » Thomas Ruyant, qui complète le podium, s’est montré élogieux envers le vainqueur : « Charlie a été impérial. Il est rapide tout le temps, il démarre vite. Ça va être difficile d’aller le chercher sur le reste de la saison. Bien sûr Jérémie a répondu présent aussi mais on commence aussi à voir Louis (Burton), et même Benjamin (Dutreux), qui s'immiscent dans le jeu. Je m'y attendais, et je pense que ça sera de plus en plus le cas. » Louis Burton, justement, a bien rempli son objectif de Top 5. « Je suis très impressionné par la vitesse des trois premiers, on voit qu'ils connaissent vraiment par cœur leur bateau. De notre côté, on a encore un peu de boulot là-dessus », analyse-t-il. « Je note aussi les belles performances des bateaux à dérives, notamment Benjamin (Ferré) et Guirec (Soudée) qui font un truc superbe pour leur deuxième course en IMOCA ».
« Tout le monde revient sain et sauf, c’est l’essentiel »
À tous les niveaux de la flotte, les concurrents ont évoqué un niveau sportif relevé et une confrontation intense. Ils sont aussi revenus sur la difficulté de la Vendée Arctique, à l’instar de Damien Seguin : « Le parcours est ambitieux, on sait qu’au niveau météo il peut se passer plein de choses. C’est mal tombé pour nous là-haut. On s’est fait cueillir les uns après les autres par la dépression, les conditions de mer étaient vraiment difficiles. Tout le monde revient sain et sauf, c’est l’essentiel. » Romain Attanasio a avoué avoir vécu trois jours de souffrance, avec un bateau encaissant des chocs surréalistes : « Je me suis dit que je n’arriverais jamais à passer la porte en Islande. Après la ligne, j’étais sonné, comme à la boxe, je n’avais jamais ressenti ça avant. » Eric Bellion a lui aussi affronté du très gros temps : « Je me disais qu'en arrivant là-bas, ça allait se calmer. Et là, l'enfer a commencé. La remontée face au vent dans 45 nœuds, avec une mer hachée, pendant des heures... En revenant du Vendée Globe, je m'étais déjà pris 80 nœuds au large du Portugal, mais j'avais pu me mettre en fuite, alors que là je n'ai pas pu. »
« L’Islande a l'air magnifique, surréaliste. Il faudra revenir dans quatre ans pour faire le tour ! »
Malgré l’âpreté de la navigation, les marins ont aussi décrit un joli voyage, ponctué de péripéties inattendues. « Dans l'équipe, habituellement, on essaye de tout planifier. On arrive quand même à se faire rattraper par l'aventure de temps en temps ! », souligne Charlie Dalin qui s’est abrité dans un fjord islandais, tout comme Thomas Ruyant. Ce dernier raconte : « C'était improbable, je ne m'attendais pas à ça. On a l'impression d'être hors du temps. D'un coup tout s'arrête. On se retrouve seul, au mouillage, dans un endroit magnifique. » Benjamin Dutreux est resté un peu plus au large mais ce qu’il a aperçu l’a emballé : « Je suis resté 6 heures sous le vent de l'île à tirer des bords pour attendre que le vent passe. L'Islande a l'air magnifique, surréaliste. Il faudra revenir dans quatre ans pour faire le tour ! »
Cinq marins attendus aux Sables la nuit prochaine
D’autres skippers sont attendus la nuit prochaine. Il s’agit d’Antoine Cornic (EBAC Literie), Arnaud Boissières (La Mie Câline), Fabrice Amedeo (Nexans-Art & Fenêtres), Conrad Colman (Imagine) et Guirec Soudée (Freelance.com). La Cérémonie de remise des trophées se tiendra dimanche à 17h.Source : A Tort