Ce dimanche 8 mai, à 14h40, avec un léger retard sur l’horaire prévu, le départ de la 3e édition de la Guyader Bermudes 1000 Race a été donné au large de Brest. Les 24 marins de la classe IMOCA engagés dans l’épreuve se sont alors élancés en douceur, propulsés par un flux d’ouest soufflant entre 6 et 8 nœuds. Un vent erratique qui va largement compliquer la donne pour les solitaires sur les premiers milles de course et va les contraindre à multiplier les manœuvres d’ici au passage du way-point Trophée Département Finistère que les premiers devraient déborder en milieu de nuit prochaine.
Crédit : F van Malleghem
Jérémie Beyou : "Un casse-tête"
Le comité de course a, dans un premier temps, été contraint de retarder la procédure avant de finalement lancer le départ (à l’anglaise) en début d’après-midi, avec un retard de 40 minutes sur l’horaire initialement prévu. Si Louis Burton (Bureau Vallée), positionné en bout de ligne, a, sans conteste, été le plus prompt à partir, c’est toutefois en rangs serrés que la flotte a débordé la pointe Saint-Mathieu avant de mettre franchement le cap au large, en direction de la marque virtuelle Trophée Département Finistère, situé à 100 milles à l’ouest. « Ce premier bord va rester assez mou et donc un peu difficile. Le choix des voiles va être prépondérant. Ça risque d’être un peu un casse-tête, avec une certaine part d’aléatoire. Le but va être, malgré tout, de réussir à s’installer aux avant-postes rapidement ou, à tout le moins, de réussir à rester concentré pour rendre la copie la plus propre possible. On sait qu’en solitaire, c’est toujours celui qui fait moins de bêtises que les autres qui sort devant. En l’occurrence, on sait que sur ce parcours, avec les conditions annoncées, il risque d’y en avoir beaucoup à commettre », a commenté Jérémie Beyou (Charal).
Un menu varié autant que technique
Un avis pleinement partagé par Louis Burton qui s’attend, lui aussi, à une course à la fois intense, complète et piégeuse. « A priori, on va passer toutes les voiles du bord. Cela promet du sport mais aussi beaucoup de tactique, avec des transitions qui ne vont pas toujours être simples », a détaillé le Malouin, mettant alors le doigt sur les nombreuses incertitudes météo demeurant, pour l’heure, sur les premiers milles du parcours, mais aussi sur les derniers, en particulier après le passage du way-point Gallimard situé au nord-ouest du cap Finisterre. « Lorsque la situation n’est pas encore très claire à un horizon de deux ou trois jours, on sait qu’il va forcément se passer pas mal de trucs sur l’eau. Ça va être passionnant et je pense qu’il va y en avoir un peu pour tous les bateaux, avec ou sans foils. On va pouvoir valider plein de choses », a ajouté le skipper de Bureau Vallée. Entériner les travaux réalisés cet hiver puis peaufiner les job-lists à l’issue de l’épreuve sont clairement des objectifs pour la grande majorité des concurrents de cette Guyader Bermudes 1000 Race, la première des quatre épreuves inscrites au calendrier 2022 des IMOCA Globes Series.
De l’incertitude dans l’air
« On va pouvoir faire un premier état des lieux des préparations des différents bateaux et voir comment chacun se situe. Le tracé aussi bien que les conditions vont être parfaites pour tirer des enseignements puisque l’on va vraiment avoir de tout : de la molle, de la brise, des transitions, des dorsales, des passages de fronts… en bref, un panel complet », a relaté Thomas Ruyant (Linkeout) de son côté. Dans ce contexte, les temps morts risquent d’être relativement rares. « Il va falloir réussir à dormir un peu entre tout ça. Ça ne va pas être simple. Le but du jeu sera de ne pas se cramer d’entrée de jeu puis de garder de la lucidité jusqu’au bout car sur la deuxième moitié du parcours on ne sait pas encore à quelle sauce on va être mangés », a poursuivi le nordiste. De fait, si la situation semble plutôt claire sur la remontée vers le Fastnet, avec du vent soutenu et même un peu tonique à l’approche du fameux phare irlandais, la suite manque un peu de visibilité. En cause, un front assez actif et une foule de petites dépressions secondaires dont les évolutions sont encore loin d’être calées. Ce qui se confirme cependant, ce sont les arrivées à Brest des premiers bateaux jeudi en fin de journée.Nicolas Troussel (Corum L’Epargne) : "Ne pas faire trop d’erreurs"
« On a mis à l’eau il n’y a pas très longtemps. Cette Guyader Bermudes 1000 Race est une grande première cette année. C’est sûr qu’il y a un petit stress avant de partir. Il va falloir être bien concentré pour bien rentrer dans le match et ne pas faire trop d’erreurs. Le début va être un peu compliqué, avec pas beaucoup de vent. On va rencontrer un peu toutes les conditions. Il va donc falloir être un peu vigilant et aller vite aux bons moments. Des passages vont sûrement être un peu compliqués et il va y avoir pas mal de manœuvres au programme. Le but, c’est avant tout de faire une course complète, en étant bien à bord et en continuant à progresser. L’essentiel, c’est vraiment de réussir à bien faire les choses. Pour le résultat, on verra à mesure que la course avance. »
Éric Bellion (Commeunseulhomme Powered by Atlavia) : "J’ai envie d’être fier à la fin"
« Je suis content de faire mon retour en IMOCA. Les sentiments sont un peu mêlés. Je suis très heureux et en même temps hyper concentré. J’ai un bon bateau, avec une bonne équipe. Je suis revenu parce que ça me rendait heureux et maintenant j’ai envie de faire bien. Je pense qu’on va vraiment s’amuser. Avec nos bateaux à dérives, on va pouvoir jouer un peu dans les conditions légères. Ça, c’est plutôt sympa. Ce n’est pas comme si les foilers allaient nous déposer. Pour ma part, je vais faire ce que je suis capable de faire. Je ne me mets pas de pression particulière. J’ai envie d’être fier à la fin. Pour cela, je veux terminer la course, me remettre en confiance sur une courbe de progression. »
Arnaud Boissières (La Mie Câline) : "S’extirper des petits airs au départ"
« On n’a pas encore beaucoup navigué mais le bateau est prêt. Maintenant, il faut y aller puis montrer qu’il va bien et que je peux être à sa hauteur. Le parcours qui nous attend est super technique et les conditions s’annoncent variées. Je pense qu’on va arriver bien fatigués au bout de quatre jours mais c’est chouette. On est là pour ça, pour se confronter aux autres et voir ce qu’on a dans le ventre. Il va falloir réussir à s’extirper des petits airs au départ. Le courant va peut-être un peu nous aider au début. Il va falloir choisir la bonne voile mais en tous les cas, pour ma part, je vais essayer de ne pas me mettre dans le rouge. J’ai envie de bien faire. Si je ne marche pas bien, ce sera seulement ma faute, pas celle du bateau. Ça me met un peu de pression, évidemment, mais j’ai hâte d’y aller ! »
Source : M Le Berrigaud