« En milieu de nuit, le vent est monté d’un seul coup de 10 à 50 nœuds. Nous naviguions avec 4 ris dans la Grand-Voile au milieu du chenal entre Darwin et Chair. Heureusement, nous avions un peu de place pour manœuvrer mais dans la violence du grain, dans la nuit noire, nous filions tout droit à plus de 12 nœuds sur l’île de Chair. Dans l’urgence, nous avons dû faire deux empannages pour ne pas aller tout droit sur l’île et nous avons un peu de casse à déplorer sur le bateau ce matin. Plus de peur que de mal, nous ne sommes pas blessés mais nous avons échappé à la correctionnelle », explique Romain Pilliard brièvement ce matin, « nous avons été surpris, aucun modèle météo n’annonçait cela ».
Casse d’une latte de Grand-Voile
Concrètement, Romain Pilliard et Alex Pella ont déjà pu identifier la casse d’une latte de Grand-Voile, d'un boitier de latte et d'un chariot de latte de la Grand-Voile. Pour l'ensemble des dégâts déjà identifiés, ils ont des solutions de réparation ou de remplacement mais cela impose un travail particulièrement physique et complexe (notamment d’affaler la Grand-Voile sur le pont) dans des conditions météo peu propices pour ce genre d'opérations. Il y a encore 30 nœuds ce midi. Actuellement, les deux skippers cherchent un abri favorable qui conjugue protection du vent et options de « fuite » en cas de vent fort pour réparer dans les meilleurs délais. Une fois ces étapes réalisées, idéalement avant la tombée de la nuit ce mardi, il faudra se positionner en amont de la baie de Cook pour affronter le passage de la dépression de demain."Romain et Alex ne sont plus en sécurité"
« Les conditions du mercredi 9 février sont malheureusement évaluées à la hausse aux fichiers de ce matin. Romain et Alex ne sont plus en sécurité dans leur abri actuel car des rafales en haut des reliefs sont prévues à 60 nœuds avec de grosses chutes de neige, des rafales qui peuvent très bien descendre entre les fjords. L’idéal, même si le vent sera très fort, est de se positionner de nouveau dans la baie de Cook où ils seront plus manœuvrants et plus éloignés des montagnes car les effets de site sont très importants surtout la nuit quand il y fait plus froid », explique Christian Dumard, routeur et météorologue. Cette option de se positionner dans la Baie de Cook permettrait aussi de saisir l'opportunité encore à confirmer d'une courte fenêtre le 10 février pour se lancer sur la traversée du Pacifique. Enfin, si les conditions météo de demain s'avéraient trop dangereuses pour l'équipage et le bateau, Romain et Alex pourraient alors se refugier dans le Canal de Beagles.
Source : Use It Again!