Le duel de vitesse pure, qui a tenu hier en haleine et dans un alizé modéré tous les observateurs, entre les deux plans Verdier LinkedOut et Apivia, a véritablement atteint des sommets lors de ce long bord bâbord amure qui a conduit les leaders de la Transat Jacques Vabre à cette marque de passage au large de Recife, préfigurée par l’archipel Fernando de Noronha.
Crédit : Th Ruyant
Le duo de LinkedOut Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, pour contenir les assauts déterminés des duo Dalin-Meilhat (Apivia) et, dans une mesure moindre tant les plans Verdier ont hier dominé l’exercice, Beyou-Pratt (Charal), ont aligné des performances de très haute volée, dans des conditions de mer et de vent pourtant loin d’être optimales.
Dans un alizé bien orienté Est Sud Est, travers à la marche des foilers, mais qui n’a guère dépassé en force les 18 noeuds, LinkedOut a tutoyé les sommets de ce qu’un voilier de la classe Imoca a réalisé par le récent passé, signant tôt ce matin une belle performance sur 24 heures avec 507 milles parcourus , à 21,12 noeuds de moyenne, vitesse de rapprochement. Fernando de Noronha était ainsi paré peu avant minuit et c’est cap au Nord Ouest que les protagonistes prétendants à la victoire finale poursuivaient leur empoignade.
Bilan de la nuit, Apivia, un moment revenu à une quinzaine de milles, est plus que jamais en embuscade, quelques 27 miles dans le tableau arrière de LinkedOut, tandis que Charal, loin d’avoir lambiné en route, pointe à plus de 75 milles. La barre des 2 000 milles encore à parcourir a été franchie cette nuit. Un nouvel exercice se présente à Thomas et Morgan, avec la remontée vers l’arc Antillais, le long d’un étroit couloir entre alizés et la zone interdite placée par la direction de course le long des côtes du Nordeste Brésilien et jusqu’à la Guyane, dans laquelle sévissent tous les maux redoutés des coureurs au large, pêcheurs non éclairés la nuit et dépourvus d’AIS, et arbres et autres objets rejetés par les grands fleuves brésiliens dont l’Amazone.
L’alizé de Sud Est doit ainsi être désormais appréhendé au louvoyage. Le sprint final prend une dimension tactique supplémentaire avec des prises de décisions hautement stratégiques quant au placement de ces changement d’amure qui vont décider des vitesses réelles de rapprochement, offrant aux poursuivants des occasions de glisser de droite ou de gauche sous leur adversaire. Thomas et son spécialiste de la question Morgan Lagravière, semble parfaitement armé pour maitriser cet exercice, dans un alizé appelé à mollir et à relancer, si besoin était, un suspens déjà Hitchcockien.
Source : Th Ruyant