Très déçus, Simon Fisher (GBR) et sa co-skipper Justine Mettraux (SUI) ont passé la nuit de jeudi dans un hôtel de La Corogne, en Espagne, au lieu d’être à bord de leur bateau de course, 11th Hour Racing Team Alaka'i. L'IMOCA a démâté au large de la Corogne la nuit précédente, le mercredi 10 novembre.
À 14:02 UTC, Simon Fisher et Justine Mettraux ont informé l’équipage technique que le mât était tombé par 23 nœuds de vent et dans une mer agitée, alors qu'ils naviguaient en 7e position de la Transat Jacques Vabre. Les deux marins n'ont pas été blessés dans l'incident et ont dû abandonner la course.
Depuis La Corogne, Mettraux a déclaré : «Simon et moi sommes vraiment déçus - nous ne pensions pas que cela nous arriverait. Nous avions pris un bon départ dans la course, et nous y étions bien à ce moment-là. Je suis tellement triste d'arrêter la course comme ça, surtout que nous avons eu une si bonne année de course ensemble, les milles que nous avons parcourus et l'expérience que nous avons acquise. Nous sommes également déçus pour toute l'équipe qui nous a aidé à nous préparer aussi bien et qui nous a amené sur la ligne de départ dimanche dernier.»
Le duo en double naviguait au portant dans une brise de 20-25 nœuds, à environ 7 milles nautiques au large de la ville espagnole, au quatrième jour de la course. Avec un ris dans la grand-voile, et alors que les marins étaient à l'abri dans le cockpit, le bateau a planté dans une vague et les co-skippers ont entendu une forte détonation.
Simon Fisher : "On espère avoir minimisé les dégât"
Fisher nous raconte les détails : «J'ai entendu une forte détonation pendant que nous étions assis à l'intérieur et je pense que dès ce moment, nous avons compris ce qu’il s'était passé. Nous sommes montés sur le pont pour évaluer la situation. Le mât était tombé sur l'avant du bateau et par conséquent, le bateau a dérivé sur le haut du gréement [mât] - nous avons eu une longue bataille à mener pour essayer de remettre le gréement à bord. C'était notre premier objectif, notre premier but - être capable de ramener [le mât] à bord et sauver autant du mât, des voiles et du gréement que nous le pouvions.»
«Il était impossible de le sortir de l'eau, car il était coincé sous le bateau. Nous avons travaillé dur pour remettre le bateau dans le bon sens afin que le gréement sorte de l'eau et de pouvoir le remonter plus facilement à bord. Mais lorsque nous avons commencé à orienter le bateau face au vent et à sortir le gréement celui-ci a coulé assez rapidement.»
«Nous étions donc incapables de remettre le mât sur le bateau – il était trop compliqué pour nous deux de le récupérer. Et à ce stade, nous risquions d'autres dommages sur la coque et les foils. Nous avons dû prendre la décision difficile de tout couper, mais nous avons sauvé autant que nous le pouvions. On espère avoir minimisé les dégâts sur le bateau et nous nous dirigeons maintenant vers La Corogne où nous serons accueillis par notre bon ami Chuny [Roberto «Chuny» Bermúdez - tour du mondiste], qui va nous aider à nous amarrer».
L'équipage technique de 11th Hour Racing Team a voyagé pendant la nuit depuis leur base française à Port-La-Forêt, en Bretagne, et a retrouvé les co-skippers ce matin.
"Une énorme déception" dixit Mark Towill
«C'est évidemment une énorme déception pour les marins et l'ensemble de l'équipe, mais le plus important est que Simon et Justine soient sains et saufs à terre", a déclaré Mark Towill, PDG de l'équipe. "Nous procédons à une évaluation complète des dégâts et nous mettons au point un plan pour ramener le bateau en toute sécurité en France», a-t-il conclu.
Damian Foxall, responsable du programme de durabilité chez 11th Hour Racing Team et vétéran de dix tours du monde, a commenté la perte d'équipement à la mer. «Simon et Justine sont deux des meilleurs navigateurs en mer et nous sommes convaincus qu'ils ont pris la bonne décision pour le bateau et pour eux-mêmes à ce moment-là. Comme nous l'avons vu deux fois dans cette course [il y avait déjà eu un démâtage la première nuit], des incidents peuvent se produire, et dans des situations très tendues, l'équipe doit prendre des décisions instinctives en tenant compte des implications humaines, économiques et environnementales.»
« Évidemment il est préférable pour l'environnement que rien ne soit perdu en mer. Nous prendrons en compte les aspects environnementaux dans le cadre de l'empreinte de notre campagne.»
La flotte devrait arriver à l'arrivée à Fort-de-France, en Martinique, aux alentours du 25 novembre.
Source : E Caroe