Après deux Volvo Ocean Race en tant que navigateur et avant d'embarquer aux côtés de Sam Davies sur la Transat Jacques Vabre, Nicolas Lunven est actuellement en charge du routage pour les skippers du Pôle Finistère Course au large. Avec 9 participations et 2 victoires (en 2009 et 2017), il nous livre son regard sur la course et son analyse de l'étape à venir qui s'annonce d'ores et déjà piégeuse en termes de météo. "L’étape qui s’annonce va être passionnante à suivre."
Crédit : M Muina
“Sur les deux premières étapes, il n’y pas eu de grosse mistoufle par rapport aux prévisions météo. Les écarts que l’on constate sont propres au potentiel de vitesse du Figaro 3. Hormis les “faits de course” qui ont redistribué les cartes pour certains concurrents, la hiérarchie reste assez nette au sein de la flotte et je ne suis pas vraiment surpris du classement général à mi-course.
Fécamp – Baie de Morlaix : incertitudes et vigilance
L’étape qui s’annonce va être passionnante à suivre parce qu’au moment où on se parle, les schémas météos ne sont pas encore complètement établis. Depuis hier, je fais tourner des routages et ça phosphore pas mal.Nous sommes actuellement dans un changement de situation et de système. La grande inconnue pour le départ reste le timing de ce changement. Demain le vent s’annonce, pour le moment, assez faible sur la ligne de départ. La situation peut s’éclaircir demain dans la journée ou pendant la nuit de dimanche à lundi, voire lundi matin ; le premier enjeu de cette entame de course va donc être de réussir à s’extirper le plus vite et le mieux placé de cette phase de départ.
La descente de la Manche devrait être plutôt sympa : au portant VMG et dans des conditions clémentes. Le petit aller-retour pour monter vers l’entrée du canal de Bristol devrait s’effectuer au reaching, là encore, sans difficulté majeure.
En revanche sur la redescente, au niveau des Scilly, il faudra savoir négocier judicieusement une petite une transition de vent qui va passer d’un secteur est/sud-est au sud ouest. Cette petite dépression va venir nous embêter en apportant un peu de pluie. Le vent devrait ensuite rester établi au sud-ouest jusqu’à l’arrivée, prévue jeudi, en Baie de Morlaix.
Le vent et le courant, grands arbitres de cette troisième étape
En Figaro, quand la stratégie météo est super claire, il faut “juste” aller vite. En revanche, si le vent n’est pas établi, ce qui est le cas ici, le courant entre en jeu et devient un élément déterminant jusqu’à, parfois, redistribuer complètement les cartes.Ça peut être le cas sur cette étape en Manche, avec des coefficients de marées qui vont ne faire que monter tout au long de la semaine jusqu’à l’arrivée en Baie de Morlaix particulièrement sujette à ces phénomènes de courants.
Finalement, il y a pas mal de points de vigilance sur cette étape. Les coureurs vont devoir rester très attentifs à l’évolution de la météo et lucides pour prendre les bonnes décisions au bon moment et savoir se placer au mieux.”
Source : la Solitaire