La troisième et dernière étape de The Ocean Race Europe s’est achevée sur un final haletant à Gênes, dans la nuit de mercredi à jeudi, avec le VO65 portugais de la Mirpuri Foundation Racing Team premier à couper la ligne d’arrivée.
Crédit : sailing Energy
Quelques heures auparavant, l’équipage de Yoann Richomme - qui avait entamé cette étape à égalité de points (11) avec AkzoNobel Ocean Racing, en haut du classement - pointait en troisième position, à 10 milles de Sailing Poland - le VO65 qui a longtemps mené cette troisième étape - et à quatre milles de Team Childhood-I.
Sentant que la brise le long de la côte italienne allait continuer de s’éteindre à la tombée de la nuit, l’équipe portugaise a alors décidé de repartir plus au large, en quête de vents plus soutenus. Sur le moment, l’option semble osée, surtout qu’elle éloigne l’équipage de l’arrivée.
Mais cela finit par payer, lorsque l’équipage finit par trouver le vent, avant un virement vers Gênes. En quelques heures, le VO65 s’emparait de la première place.
« Quel retour ! »
Yoann Richomme peu de temps après l’arrivée. « Une étape de dingue - on dirait qu’on a navigué pendant deux semaines. Nous nous sommes bien battus, et savions que rien n’était joué avant la ligne, car l’approche de Gênes est toujours délicate. C’est plus un jeu d’échecs dans ces conditions. »
“L’équipage a été formidable, et nous sommes restés calmes tout du long. Sailing Poland a pris le lead près de Mallorca, et on pensait ne jamais pouvoir repasser devant. Mais on savait qu’il y avait quelque chose à tenter à l’approche de Gênes. On savait qu’on était bien positionnés, mais ne pensions pas dépasser Sailing Poland et remporter l’étape. On pensait faire deuxièmes. »
Derrière, l’équipage d’AkzoNobel Ocean Racing a également profité de cette option au large. L’équipe néerlandaise était cinquième avant de faire ce choix, derrière la Mirpuri Foundation Racing Team. Ils sont remontés à la deuxième place lorsque le vent de sud-ouest est rentré, pour les propulser à 13 nœuds, vers la ligne d’arrivée. Ils ont ainsi dépassé Viva México, Team Childhood-I et Sailing Poland, pour s’offrir la deuxième place.
« C’était un vrai soulagement, » confiait Chris Nicholson, le skipper d’AkzoNobel Ocean Racing, une fois sur le ponton. « On s’est retrouvés derrière assez tôt dans cette étape, et dans ce cas, tu espères avoir une nouvelle chance. Heureusement pour nous, il y avait plusieurs opportunités aujourd’hui, et nous en avons saisi quelques-unes. »
Côté Saling Poland en revanche, il y avait moins d’enthousiasme. L’équipage qui a mené d’entrée de jeu sur cette troisième étape termine finalement troisième. Ils marquent suffisamment de points au classement pour jouer la gagner lors de la régate côtière de samedi. Des points bonus (3 points pour une victoire, 2 points pour le second et 1 point pour le troisième) seront attribués. Cela clôturera le classement de cette édition inaugurale de The Ocean Race Europe.
Team Childhood-I termine quatrième, devant Viva México, Ambersail2 et The Austrian Ocean Race Project.
Benjamin Dutreux, un excellent navigateur
Côté IMOCA, l’équipage d’Offshore Team Germany skippé par Robert Stanjek nous a offert une superbe victoire lors de cette troisième et ultime manche de The Ocean Race Europe.Après presque quatre jours de course, l’équipage est arrivé à Gênes à 11h36 heure locale ce jeudi, après avoir tiré profit de la supériorité de son bateau à dérives dans les conditions très légères rencontrées tout au long de cette étape.
Robert Stanjek et son équipage - le navigateur Benjamin Dutreux (FRA), Annie Lush (GBR), Phillip Kasüske (GER), et le mediaman Felix Diemer (GER) - avaient opté pour une route différente du reste de la flotte peu après avoir quitté Alicante dimanche dernier.
Dans le même temps, les quatre autres IMOCA équipés de foils - 11th Hour Racing Team (USA) de Charlie Enright, Bureau Vallée (FRA) de Louis Burton, CORUM L’Épargne (FRA) de Nicolas Troussel, et LinkedOut (FRA) de Thomas Ruyant - avaient fait le choix de rester groupé sur une trajectoire plus sud.
Malgré quelques ralentissements dans des vents très légers autour des îles Baléares, Offshore Team Germany a été le plus efficace pour progresser tout au long des 600 milles du parcours, en s’offrant une avance de 100 milles à un moment.
Cette avance aura bien diminué sur les 36 dernières heures de course, puisque les poursuivants ont rencontré des conditions plus soutenues, leur permettant de mettre à profit leurs foils. Mais cela n’aura pas suffi puisque le bateau allemand a finalement coupé la ligne avec 20 milles (37 km) d’avance.
“Ce n’était pas prévu de se séparer de la flotte, mais parfois, la réalité est différente des plans, » confiait Robert Stanjek à son arrivée. « Tous les routages nous envoyaient au nord des Baléares, donc pour nous cela était très clair. Je pensais que d’autres équipes allaient nous suivre. »
“Nous avons remonté la côte espagnole vers le nord, et avons trouvé une trajectoire avec une bonne pression. Nous nous sommes détachés de la flotte très rapidement. En cinq ou six heures, l’écart était si important… c’était cadeau. Depuis ce moment-là, nous savions que nous devions faire notre propre course, parce que la différence avec nos poursuivants était déjà de 50 milles. »
“Je pense que l’un des éléments clés a été d’avoir Benjamin Dutreux sur cette course. Il est un excellent navigateur, très clair et très bon stratège. Je pense que nous avons bien fonctionné tous les deux. Je faisais peut-être un peu plus de gestion du risque en suivant ses conseils, mais il a fait un super boulot. »« Et toute l’équipe est restée concentrée tout du long. Nous avons eu des moments difficiles dans la course, dans des zones sans vent. Naviguer au près sur un IMOCA dans trois nœuds de vent n’est vraiment pas fun. »
“C’est le début de ce qu’on peut appeler une seconde carrière. Je ne suis pas un coureur au large classique. J’ai longtemps fait de l’olympisme, avant de commencer à apprécier le large. Donc j’espère que cette course nous rapprochera du départ de la prochaine édition autour du monde de The Ocean Race. J’ai vraiment hâte d’être sur la ligne de départ. »
Deuxième en catégorie IMOCA, le bateau bleu et orange de LinkedOut, skippé par Thomas Ruyant, qui avait été clair sur les maigres chances de victoire de son équipe au vu des conditions annoncées avant le départ de l’étape.
Malgré tout, son équipage a été capable de dépasser les américains d’11th Hour Racing Team dans une fin de course menée à vive allure jusqu’à Gênes, avec 18 nœuds au compteur. Le vent est ensuite retombé proche de l’arrivée, avec le bateau américain coupant la ligne 13 minutes derrière LinkedOut.
Bureau Vallée de Louis Burton est arrivé en quatrième position, suivi de CORUM L’Épargne, cinquième.
Les résultats du jour signifient que les équipes autant en IMOCA qu’en VO65 devront encore tout donner samedi sur la régate côtière, à l’issue de laquelle les deux classements seront scellés.
Source : The Ocean race