Le podium IMOCA de The Ocean Race Europe s'est finalement joué à quelques secondes en faveur d'Offshore Team Germany ! A Gênes, l'équipage de Charlie Enright sur 11th Hour Racing Team a remporté la course côtière et Offshore Team Germany, qui devait pour gagner finir deuxième devant l’équipage de Thomas Ruyant sur LinkedOut, est allé chercher la victoire dans les dernières secondes.
Crédit : Sailing Energy
Dans le dernier bord de portant, les deux bateaux ont convergé lentement en tribord amure. C'est l'équipage allemand, mené par Robert Stanjek, qui a franchi la ligne « avec seulement une longueur d’étrave d'avance » comme Thomas Ruyant l’a résumé à son arrivée au ponton.
Quelle régate !
Le plus vieux bateau de la flotte IMOCA - mis à l'eau en 2011 sous le nom d'Acciona – trône en tête avec 16 points, suivi de 11th Hour Racing Team à un point derrière, puis de LinkedOut à un autre point, en troisième position. Nicolas Troussel et son équipage à bord de CORUM L'Épargne terminent quatrièmes avec sept points, tandis que Louis Burton et l'équipe de Bureau Vallée 3 sont cinquièmes, avec cinq points.La dernière course a débuté dans une légère brise de mer avec un premier bord de reaching au cours duquel Offshore Team Germany a rapidement pris une belle avance. Robert Stanjek et son équipage ont ensuite gardé l'initiative au vent lors du deuxième bord et semblaient avoir le dessus à la dernière marque, jusqu'à ce qu'un problème d'enroulement de leur voile d'avant permette au team de Charlie Enright (avec Simon Fisher, Pascal Bidégorry et Justine Mettraux) de se faufiler.
Cela a donc donné lieu à un finish palpitant. A l'arrivée, Robert Stanjek déclarait : "C'était comme une course de médaille olympique ; il y avait beaucoup de pression aujourd'hui sur ce parcours très court où nous devions être performants."
"Nous devions battre un bateau et nous n'avions le droit d'avoir qu'un seul bateau entre 11th Hour Racing Team et nous", ajoutait-t-il. "Il y avait donc beaucoup de pression à bord et le fait que le vent soit faible n'aidait pas. Ce n'était pas toujours facile, mais oui, nous avons réussi – tout juste ! Je pense qu'à la fin, il y avait 10 mètres d'écart, donc on s'est retrouvé en situation de match racing. Mais nous avons gagné le classement général, ce qui est super. Je suis très heureux."
Charlie Enright aura tout fait pour décrocher le titre de The Ocean Race Europe en remportant cette dernière course, mais lui et son équipage ont ensuite vu LinkedOut se faire dépasser par Offshore Team Germany... "C'était difficile de regarder la fin", confiait le skipper américain. "Nous étions convaincus qu'il y avait une chance et le fait que tout ne se soit pas concrétisé était un peu dur. Mais nous nous sommes consolés du fait que nous avons fait tout ce que nous pouvions aujourd'hui, c'était notre objectif."
De son côté, Thomas Ruyant était naturellement un peu déçu d'avoir terminé troisième au général après une épreuve dans laquelle l'équipe LinkedOut a toujours eu une chance d'empocher la victoire finale. "Nous avons eu une manche assez incroyable avec Offshore Team Germany et 11th Hour Racing Team aujourd'hui qui s'est décidée sur la ligne d'arrivée, dans le dernier bord de vent arrière", expliquait-t-il. "Le classement aurait pu être totalement chamboulé, mais nous terminons troisièmes."
Une expérience nouvelle et pleine d'enseignements
The Ocean Race Europe fut innovante avec des IMOCA en équipage pour la première fois aux côtés d'une flotte de sept VO65 (le vainqueur de cette Classe étant Mirpuri Foundation Racing Team, skippé par le français Yoann Richomme). Bien que la météo n'ait pas toujours été favorable aux foilers, le format a donné lieu à des courses intenses qui ont poussé les marins à leurs limites.Antoine Mermod, président de la Classe IMOCA est heureux de la façon dont l'événement s'est déroulé et que celui-ci se révèle une vitrine efficace pour la participation des IMOCA au tour du monde de l'année prochaine. "Pour la première fois, nous avons couru ensemble sur le même parcours que les VO65 et c'était très agréable de voir que cela fonctionne plutôt bien," confie-t-il.
"Nous avons passé un très bon moment tous ensemble et les régates étaient également de qualité. Ce sont des bateaux très différents et on a pu voir que la météo était parfois bonne pour les IMOCA et parfois pour les VO65. Le but était de faire quelque chose tous ensemble et de montrer que nous pouvons le faire. Je pense que cela a aussi été un événement important pour la course au large en général car c’est la première fois que nous réunissions ces deux mondes."
Selon Antoine, les commentaires des skippers et des équipages montrent qu'ils ont tous beaucoup appris sur leurs bateaux en courant en équipage et en poussant leur IMOCA plus fort qu'en solitaire ou en double. Alors que certains ont sans doute été frustrés par la quantité de remontées au vent dans les petits airs, il souligne que la descente de la côte portugaise au début de la deuxième étape a vu les deux IMOCA de tête - 11th Hour Racing Team et LinkedOut - voler jusqu'à 35 nœuds et s’approcher de ce qui aurait pu être un nouveau record de distance pour la Classe, à savoir 600 milles en 24 heures.
"Les marins ont beaucoup appris sur leurs bateaux et cela les aidera lorsqu'ils reviendront aux courses en équipage réduit", poursuit-il. "L’IMOCA consiste à concevoir des bateaux, à les faire courir et à les rendre fiables et, en équipage, nous apprenons et nous nous améliorons beaucoup. Plus vous en faites, plus vous apprenez et plus vous vous améliorez. Ce que nous avons également constaté, c'est que, surtout avec un équipage, il y a moins de limites aux performances - vous pouvez pousser plus loin et les skippers développent une façon de naviguer qu'il est impossible d'atteindre en solitaire."
Charlie Enright dit qu'il espère que The Ocean Race Europe contribuera à l'enthousiasme de la Classe IMOCA en vue du tour du monde. "La course a certainement été un super spectacle et j'espère qu'elle aidera ce grand spectacle à gagner encore en ampleur et que nous pourrons apporter cette dynamique à l’IMOCA afin de rendre l'événement à long terme encore plus fort."
Enfin, Thomas Ruyant a lui hâte de participer à la prochaine Ocean Race Europe. "J'aime la navigation en solitaire et mon grand défi est le Vendée Globe 2024, mais The Ocean Race Europe m'a permis de découvrir d'autres façons de naviguer. J'ai dû adapter l'équipage et LinkedOut est assez bien adapté à cet exercice avec un cockpit suffisamment grand pour organiser la vie à bord. C'est une autre organisation d’événement, une autre façon de faire. Je retiendrai aussi les supers escales, les rencontres avec des gens d'autres cultures - anglo-saxons, italiens - et aussi les VO65 qui sont avec nous. Nous avons découvert beaucoup de marins et il y a eu beaucoup de monde sur les pontons, ce qui est vraiment très agréable."
Source : IMOCA