Romain Attanasio est le 14e skipper à avoir franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne, ce samedi après-midi. Avec son abnégation, ses bons mots et ses petits moments de bonheur, il aura été un des grands acteurs de ce Vendée Globe.
Crédit : JM Liot
"J’ai le luxe de choisir mes souffrances"
Romain Attanasio n’est pas vraiment le genre de personnalité à s’attarder sur ses doutes et ses appréhensions. Quand les grains où les rafales dépassent les 50 nœuds, il préfère dire qu’il va « tenir le choc ». Et quand les dernières nuits étaient trop courtes et le bricolage à bord trop éprouvant, il s’excuserait presque : « je ne veux pas m’apitoyer sur mon sort ».
Le skipper de PURE-Best Western aime citer Loïck Peyron : « j’ai le luxe de choisir mes souffrances alors je ne peux pas me plaindre ».
Cette bonhommie et cette légèreté ont offert un bol d’air frais et une vague d’enthousiasme à partager sans modération. Dans les mers du sud, Romain Attanasio aura des compagnons de route, Clarisse Crémer longtemps puis Armel Tripon. Le marin apprécie les discussions à la VHS – «on parle de tout de rien, de nos familles, de l’avenir et du bonheur d’être en mer » - et, compétiteur dans l’âme, de ces petits duels qui aident à avancer, qui donnent envie de tout donner pour avancer et résister aux turpitudes des océans.
Après avoir bataillé pour franchir le Cap Horn, le quarantenaire raconte : « tous les sens sont en éveil pour faire corps avec le bateau et la nature, pour prévoir ce qui va se passer, le vent, les vagues… Je pense que c’est ça qu’on recherche. Quand je serai tranquille chez moi, je me rappellerai que le moment où j’étais le plus performant, le plus vivant, c’est maintenant ».
A son arrivée :
« Quand tu passes la ligne tu te dis ‘il ne peut plus rien m’arriver’. Je ne réalise pas. Je descendais la grand-voile et je ne me rendais pas compte… Pourtant, plus de stress, c’est fini ! C’est une nouvelle tranche de vie qui vient de s’achever.
Je sais que pendant les semaines à venir, il n’y aura que ça, je ne parlerai que de ça. C’est tellement marquant ! Dans ce sport, on apprend en permanence. On apprend aussi à ressentir la nature, la comprendre et s’y adapter... Franck Cammas disait que c’est dans la difficulté qu’on progresse. Et là, j’ai bien progressé !
Désormais, je rêve d'un nouveau round, mon troisième Vendée Globe, et j'espère qu'il sera rapide et aérien."
Source : M Legrand