Ce lundi 1er février à 7 heures 27 minutes et 50 secondes, Armel Tripon a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne après 84 jours, 17 heures, 07 minutes et 50 secondes de course, prenant la la 11e place du Vendée Globe 2020. Le skipper de L’Occitane en Provence, ralenti dès le début du Vendée Globe par des problèmes techniques, s’est accroché jusqu’au bout et s’est offert une sacrée ‘remontada’ de la 32e place à la 11e.
Crédit : B Le Bars
"Le bateau est facile à vivre, facile à faire marcher"
"C'est une belle récompense pour les partenaires, toute l'équipe et moi.
Je crois qu’on a tous eu des problèmes, on le sait au départ, ça fait partie du jeu. J’ai apprécié tous les jours. C'était juste magique. J'ai pris beaucoup de plaisir sur l’eau.
La casse de ce J3 a un peu handicapé ma course, mais j’ai réussi à revenir. J'ai du faire face à un deuxième coup d’arrêt après le cap Horn où j’ai recassé un hook donc je n’avais plus de voile de capelage, ça devenait problématique. Un peu dur car je revenais bien sur les autres. L’objectif au départ était de ramener le bateau et c’est fait.
C’est une belle récompense pour tous les gens qui se sont investis, ça veut dire que le bateau est super. Il est facile à vivre, facile à faire marcher.
J’étais venu chercher le grand Sud et cette régate soutenue. J’ai découvert ce que c’était d’être seul en mer, ce monde sauvage.
Le Vendée Globe reste très théorique quand tu ne l’a pas fait.
C’est un mélange d’une course acharnée et une aventure de dingue, une aventure intérieure, tu n’en sors pas indemne, je pense que ça m’a fait grandir. Et puis c'est aussi une aventure maritime car naviguer dans ces coins là n’est pas anodin.
Je m’étais bien préparé à vivre des moment très forts et les aborder de manière sereine. Cela m’a sauvé. Cela aurait été plus dans la douleur sinon. Chaque jour est une fête sur cette course. "
Le plus gros coup de vent que j’ai pris
"Cette arrivée avec autant de monde, c’est une belle surprise.
Lorsque je suis arrivé dans le golfe de Gascogne, il y avait des grains à 50 nœuds, la mer était blanche, c’était très brutal. C’est un vrai cadeau de pouvoir vivre et voir ça. Il y avait des lumières de dingue. Dès qu’il y a eu un petit trou de souris avec un peu moins de vent et de mer, je me suis engagé. C’était le plus gros coup de vent que j’ai pris sur tout le tour. C’était une fin de course particulière avec cette attente.
A partir du moment où j’ai eu ce problème de hook sur le J3, elle était à poste en permanence car je n’avais plus d’enrouleur. J’ai navigué souvent avec le tourmentin, quand il y avait 25-30 nœuds, ça marchait bien.
Beaucoup de plaisir d’une grosse intensité
J’ai travaillé pendant deux ans avec mon préparateur mental sur l’idée que finalement ce tour du monde n'allait être que des imprévus et qu’il allait falloir y faire face. Heureusement que j’ai travaillé cet aspect-là car j’ai eu un problème dès le deuxième jour de course. Il y a eu peu de moments durs, c’était beaucoup de plaisir d’une grosse intensité.
J’ai la chance d’avoir pu être en course, de faire mon métier, chaque jour je remerciais mon partenaire pour me permettre de vivre ce rêve. Je ne voulais pas le gâcher. J’avais un bateau exceptionnel qui était très bien préparé. J’ai appris à le connaître pour pouvoir le pousser de plus en plus. Ça a été une énorme course poursuite pour réussir à revenir sur des bateaux au fur et à mesure. C’était motivant. J’ai beaucoup aimé jouer avec les systèmes météo et trouver des trajectoires.
La temporalité de cette course est assez incroyable. C’est unique, sur sa durée, sur les mers et les paysages rencontrés, mais surtout sur l’engagement qu’on y met.
Une vie au jour le jour
On a aussi le temps d’apprécier les choses, l’univers qui nous entoure, cette nature sauvage et brute. Ça fait l’effet d’une grande intensité.
Cette couse ne laisse pas indemne. Se bagarrer pendant plus de 80 jours avec autant d’envie, d’abnégation et d’engagement, fait que j’en sors différent et ça va m’aider pour la suite. Ce sentiment de liberté quand on est en mer est incroyable. Je ne l’ai jamais ressenti aussi fort. Je trouvais que chaque moment était intense à vivre. Il y a cette communion avec la nature qui est très forte, on est réduit à l’essentiel, à avoir une vie au jour le jour.
C’est un bateau qui est très agréable à vivre, je me suis bien entendu avec lui. On était assez copain et il me l’a bien rendu car il m’a permis d’arriver au bout.
Je suis fier d’avoir terminé, d’avoir rempli ma mission. Je pense que c’était une vrai gageure d’être au départ en si peu de temps. "
LES STATS D’ARMEL TRIPON / L’OCCITANE EN PROVENCE
Il a parcouru les 24 365 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 11,98 nœuds
Distance réellement parcourue sur l’eau : 28 315,16 milles à 13,93 nœuds de moyenne
LES GRANDS PASSAGES
Equateur (aller)
24e le 24/11/2020 à 06h05 UTC à 5j 4h 45 mn après le leader
Cap de Bonne-Espérance
17e le 6/12/2020 à 16h48 UTC à 5j 17h 37min après le leader
Cap Leeuwin
14e le 18/12/2021 à 10h55 UTC, 4j 23h 29min après le leader
Cap Horn
13e le 6/01/2021 à 08h01 UTC, 3j 18h 18min après le leader
Equateur (retour)
11e le 19/01/2021 à 20h32 UTC, 3j 01h 20 min après le leader
Son bateau
Architecte : Samuel Manuard
Chantier : Black Pepper Yachts
Mise à l'eau : janvier 2020
Source : VG