Armel Tripon est confiné dans une maison des Sables-d’Olonne. Voici comment il occupe sa dernière semaine avant le départ du Vendée Globe. « J’ai fait ce choix de me confiner avant que ce soit obligatoire, pour ne prendre aucun risque » explique le skipper de L’Occitane en Provence.
Crédit : P Bouras
Isolé avec son coach
Armel Tripon est donc à l’isolement dans une maison du quartier de La Chaume, aux Sables-d’Olonne. Il n’est cependant pas seul dans la maison. Ils y vivent isolés à deux, avec son coach et préparateur mental : Ronan Lafaix. « Ce choix fait partie de la stratégie globale de ma course. J’ai choisi de me confiner avec Ronan, mon coach, pour bien préparer cette compétition et aller au bout d’un travail que nous avons commencé il y a plusieurs mois. Travailler une course telle que le Vendée Globe se fait de manière sérieuse et rigoureuse et je crois que tout seul j’aurais eu du mal à garder cette discipline. Ronan est là pour me challenger sans arrêt et me poser les bonnes questions. Nous partageons les mêmes convictions. La performance est pour nous une éthique singulière, un chemin spirituel sur lequel il s’agit de trouver son équilibre intérieur comme sa propre vérité sans jamais oublier de jouer ni d’avancer. Maintenant on reste à la maison et la vie s’organise, sans contact avec l’extérieur ».
Yoga, méditation, météo, repos
Une journée type s’organise autour du sport, de la préparation météo et de séances de yoga et de méditation qui permettent de se concentrer : « Le matin commence avec du yoga, puis de la méditation qui permettent de garder ce calme, cette sérénité. C’est une philosophie de vie qui se prête très bien à la compétition et au sport de haut niveau. Cela permet de se détacher des évènements ou des choses qui peuvent vous arriver avant et pendant la course. L’idée c’est de partir sur cette course en étant le plus léger possible avec le meilleur état d’esprit. Faire en sorte que cette course autour du globe soit un jeu de bout en bout. Si j’arrive à garder cet état d’esprit il y aura des belles choses. On imagine aussi toutes sortes de situations qui peuvent arriver en course et comment y répondre. La méditation m’aide à rester zen », explique Armel.Après le yoga et la préparation mentale, la journée se poursuit par l’étude de la météo sur l’ordinateur. Essentiel pour garder le contact avec l’outil de travail, étudier les grands systèmes météo du moment et réviser tout ce qui peut se présenter de ce point de vue sur le parcours du tour du monde. Vient l’heure du déjeuner puis une sieste « car il faut emmagasiner le maximum de repos, partir reposé et détendu. Une vertu de ce confinement c’est aussi de pouvoir engendrer beaucoup de sommeil ».
Météo, sieste… puis place au sport ! La maison dans laquelle Armel Tripon est confiné dispose d’un petit jardin et d’une terrasse où le skipper de L’Occitane en Provence fait du sport chaque jour (haltères, élastiques, abdos, gainage, cardio, pompes, etc.). La soirée est consacrée à appeler la famille et les proches, parfois à visionner un film ou une série, ou à lire « Je lis la vie de Kobe Bryant, très intéressant de voir tout ce qu’il mettait en place pour gagner ! J’ai aussi découvert et regarde la série Dix pour Cent, c’est drôle et j’adore Camille Cottin. Et j’écoute chaque jour la douce voix de Marie Richeux sur France culture. Son émission « Par les temps qui courent », m’apporte beaucoup, j’adore ses interviews ».
Ce confinement ne pèse pas sur les épaules du skipper : « Je reste zen. Pour moi ça ne change pas énormément car j’ai l’habitude de toujours préparer mes courses au calme, isolé dans ma bulle. » Bien conscient qu’il faudra « partager une belle histoire avec tous ceux qui restent à terre et offrir une bulle d’évasion dans cette période pas simple », Armel Tripon avance tranquillement vers l’objectif : être au départ du Vendée Globe, le dimanche 8 novembre à 13h02. Ce sera déjà une grande victoire d’y être, mais le travail ne fera que commencer. Ce sera à lui de jouer, seul. « Il y aura moins de charge émotionnelle que si la foule avait été au départ, mais la compétition au large, elle, sera la même. »
Source : V Bouchet