Kévin Escoffier pour une première en Solitaire : "Même si la solitude te pèse, il ne faut pas que cela t’empêche d’être bon"

 

Se retrouver seul à bord d’un bateau et faire le tour du monde durant près de 70 jours, l’idée a de quoi effrayer tout terrien habitué à la vie en société, mais pas Kevin Escoffier. Pourtant le skipper n’est pas coutumier des courses en solitaire, il les découvre seulement. Il n’aura à son actif en solitaire qu’un convoyage retour de la Transat Jacques Vabre, la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne et le Défi Azimut. Le Vendée Globe sera sa première longue expérience seul en compétition sur un IMOCA.

 

Crédit : Y Riou

La solitude est-elle quelque chose qui t'effraie ? 

« Non, la solitude ne me fait pas plus peur que ça et puis elle est relative aujourd’hui, car on a la chance d’avoir de nombreux moyens de communication à notre disposition. Tout le monde en souffre un peu, c’est normal, l’important c’est d’en souffrir moins que les autres. Et même si la solitude te pèse, il ne faut pas que cela t’empêche d’être bon. J’ai pu faire la Volvo Ocean Race avec des gens qui ont une grande expérience du solitaire et tu vois que chacun réagit différemment au fait d’être au large, d’être seul, fatigué. Il n’y a pas une solution unique pour gérer ces paramètres-là.»

 

Qu'embarquez-vous pour vous distraire ?

« Je compte prendre quelques livres. J’en ai toujours emmené sur le Jules Verne ou la Volvo. C’est mieux qu’un écran. Ça te vide la tête, te permet de t’évader et ça ne t’empêche pas de dormir non plus. »

 

Quel lien avec la terre gardez-vous quand vous êtes en mer ? 

« J’ai toujours gardé un lien fort avec la terre, pas forcément pour parler bateau, ni compétition, mais plutôt de sujets complètement différents. Ce que j’aime, c’est suivre les projets initiés, l’évolution de mes enfants. Je trouve ça vraiment intéressant de rester en contact avec les gens à terre pour te vider le cerveau, te rafraîchir les idées. Le Vendée Globe se joue aussi beaucoup dans la tête donc c’est important de réussir à penser à autre chose de temps en temps. Cela permet de revenir plus facilement à 100 % quand c’est nécessaire ensuite. »

 

Comment votre entourage vit cette séparation ? 

« C’est souvent plus dur à gérer pour nos familles que pour nous, car elles ne l’ont pas choisi. Tu as moins d’aide à la maison, tu as le stress d’avoir quelqu’un que tu aimes en mer. C’est une période qui n’est pas simple à vivre même si on communique beaucoup ensemble pendant les courses. Ce qui est important c’est de bien expliquer la situation aux enfants, de mettre des mots sur cette absence, afin de ne pas laisser l’imaginaire prendre le dessus, ce qui pourrait être encore plus anxiogène pour eux. »

 Source : PRB