"Dans 24 heures, on aura un état des lieux." Le skipper de Charal a remonté le chenal en début d’après-midi. Son équipe s'apprête à évaluer l'étendue des dégâts avant de procéder à d'éventuelles réparations. Vers 12h40, alors que Charal était à 3,2 milles du ponton, une partie de l’équipe technique du bateau est montée à bord du monocoque. Des dizaines de curieux s’étaient massés sur la jetée afin de l’applaudir. Dans l’équipe technique de Charal, ils sont une quinzaine, à avoir fait le déplacement. Le skipper raconte à chaud.
Crédit : O Blanchet
« Ce n’est pas facile à gérer »
" Le début de course n’a pas été facile. Là, les gars et les filles qui sont en mer sont tous méritants parce que c’était très compliqué stratégiquement. Le front était bien violent. Ils sont en train de sortir de là, ils sont au portant et c’est vraiment mérité. Ils ont réussi à passer, ce sont tous des grands marins. Le principal, ce sont ceux qui sont encore en course et tous ceux qui le sont méritent de l’être. J’aurais aimé être avec eux. Alex m’a envoyé un message super sympa ce matin, Fabrice et Armel aussi. J’aurais aimé avoir ma petite bagarre contre eux. Mais tout ça, c’est du passé."« Je suis convaincu qu’on va réussir à réparer »
"Il faut essayer désormais d’effacer l’émotion, il faut être cartésien. On se donne 24 heures pour checker le bateau, checker les avaries principales, de safran et de barre d’écoute. Dans le choc, il y a eu plein de dommages collatéraux. Dans 24 heures, on aura un état des lieux de tout ce qui est cassé, de ce qui est réparable, de comment ça l’est. J’espère qu’on aura une date dans le laps de temps dont on dispose pour repartir. Si on est capable de repartir, effectivement, on prendra le départ. C’est évidemment l’objectif.Après on verra comment ça se passera en mer. On repartira si le bateau est réparable : on est toujours dans cette problématique technique. Je suis convaincu qu’on va réussir à réparer. Maintenant le diable se cache souvent dans les détails. Les experts, les architectes sont là, on va vite savoir de quoi il en ressort. Oui, j’ai très envie de repartir. Dans ma tête, j’essaie d’être dans cet esprit-là."
« C’est une course dure et quand tu viens, tu le sais »
"Si je repars, tout le monde sera 3000 milles devant donc il n’y a plus de course. C’est dur à vivre, je suis passé un peu par tous les états. Je me suis jeté de manière compulsive sur le garde-manger du bord, il n’y a plus de pétales de bœuf, il va falloir recharger ça ! Et puis c’était délicat avec le bateau : ce n’était pas facile de le gérer. Il ne fallait pas que j’aille trop vite pour ne pas continuer à abimer le safran, je n’étais que sur une bastaque et il ne fallait pas que le mât tombe non plus. Et puis j’attendais impatiemment d’arriver à terre.Statistiquement, je ne suis pas le mieux loti. Mais la dernière fois, j’ai terminé 3e et il y en aura peut-être d’autres. C’est une course dure et quand tu viens, tu le sais, il n’y a pas de surprise. Quand tu vis des revers comme ça, ce n’est pas agréable du tout. Sur le moment tu veux être partout ailleurs mais pas dans cette situation-là. Mais tu es là parce que tu as bien voulu y être, tu as choisi d’y être et tu sais les éventuels scénarios qui peuvent arriver, dont celui-là. C’est sûr que je n’ai jamais été aussi prêt. Ça me tombe dessus et c’est fini. Il faut arriver à vivre avec, sinon tu ne fais plus ça."
S’il souhaite rester « en course », Jérémie Beyou a jusqu’à mercredi prochain, 14 heures, pour repartir.
Source : VG