Pas à pas, Charlie Dalin, aujourd'hui skipper d'Apivia, a construit son rapport à la mer, à la navigation, au grand large pour s’emparer d’un tour du monde en solitaire. Itinéraire d’un enfant qui a su se gâter. "Plus les courses en solitaire sont longues, plus ça me plaît. Le solitaire a cette caractéristique extraordinaire : tu décides de tout."
Credit : V.Curutchet/Apivia
De quand date cette envie de devenir marin ?
Charlie Dalin : "Ma grand-mère a retrouvé une rédaction qui date de l’école primaire. J’y avais écrit : « Quand je serai grand, je voudrais être inventeur, ingénieur et navigateur ». Pour aller au collège, au Havre, je passais le long des bassins et je prenais le temps d’aller regarder les bateaux. J’ai été fasciné par la mer, elle répond bien à mon côté rêveur.
A quel moment avez-vous confirmé votre volonté de participer au Vendée Globe ?
Mon envie est profonde et remonte à l’enfance ; ma volonté, quant à elle, doit avoir une dizaine d’années. Je me suis senti réellement prêt à postuler en 2016. J’achevais alors une aventure de trois ans au sein du programme sportif « Skipper Macif », un projet de détection et d’accompagnement de jeunes skippers professionnels, quand j’en ai parlé fin 2017 au Directeur des Activités Mer de la Macif, Jean-Bernard Le Boucher. Vous connaissez la suite ! Je m’apprête à courir le Vendée Globe pour la première fois avec pour partenaire, Apivia Mutuelle.
Vos études se sont-elles organisées autour de cette envie ?
CD : Être marin est une situation formidable mais je me suis beaucoup préoccupé de la stabilité de ce métier. J’ai donc entrepris des études d’architecture navale à Southampton et, en parallèle, j’ai appris le job de préparateur sur un Mini 6.50, navigué sur le Tour de France à la Voile, fait du design pour divers projets, puis j’ai travaillé 13 mois pour le team Ericsson en vue de la Volvo Ocean Race (entre 2007 et 2008), j’ai participé à la conception d’une aile rigide d’un bateau de vitesse… Toutes ces expériences m’ont construit et me servent aujourd’hui.
Et puis il y avait la mer…
CD : … sur laquelle je navigue depuis l’âge de 11 ans avec mes premiers bords en Optimist, autour de la presqu’île de Crozon, où nous allions en vacances. Je m’y suis mis pour de bon au Havre. Je ne manquais pas une occasion de naviguer en solitaire : quand il n’y avait pas assez de vent pour lancer une manche, je larguais mon équipier de 420 pour tirer des bords tout seul.
Puis il y a eu ma 2e place sur la Mini-Transat, ma victoire sur la Transat AG2R en 2012 (sur le Figaro de Gildas Morvan), ma 2e place sur la Solitaire du Figaro 2014, mon premier titre de Champion de France Elite de Course au Large, mes années « Skipper Macif » avec trois podiums sur la Solitaire (2015, 2016, 2017), ma 3e place sur la Transat Jacques Vabre sur l’Imoca de Yann Eliès en 2017…
Il y a forcément des rencontres qui ont compté ?
CD : Je pourrais citer mes premiers coachs au Havre, Cédric Château et Francis Le Goff ; Jonathan McKee dont j’ai préparé le Mini ; Armel Le Cléac’h et Anne Le Bour, qui m’ont offert la chance de travailler sur le projet BritAir ; Gildas Morvan pour la Transat AG2R 2012 ; Franck Cammas ; Yann Eliès et bien sûr François Gabart, qui veille sur l’Imoca APIVIA et qui partage beaucoup.
Vous allez vous retrouver tout seul en mer pendant plus de deux mois pendant le Vendée Globe. Une appréhension ?
CD : J’ai l’impression d’être fait pour la Course au Large en Solitaire depuis bien longtemps : cela me plaît vraiment d’être éloigné, seul sur un bateau pour une longue période. Enfin, je le sentais, et j’en ai été définitivement convaincu lorsque j’ai fait ma Mini-Transat en 2009. Ça ne cesse de se confirmer : plus les courses en solitaire sont longues, plus ça me plaît. Le solitaire a cette caractéristique extraordinaire : tu décides de tout. Si tu fais une erreur, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Si tu prends la bonne décision, tu peux t’en féliciter. C’est le bateau et toi contre les autres. C’est excitant."
Source : Apivia