En novembre 2018, la volonté et l’investissement de Nicolas Hénard et de la délégation française présente à la réunion annuelle de la Fédération Internationale de Voile (World Sailing) auront été déterminants dans l’attribution d’une épreuve mixte de course au large pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Aujourd’hui le Président de la FFVoile souligne les premiers effets de cette décision et souhaite que la pratique mixte et féminine se développe encore plus.
Credit : Y.Zedda
Il y a une vraie prise de conscience quant à la mixité et la féminisation de la Voile en général et de la course au large en particulier. Est-ce dû au fait que Marseille accueillera une épreuve en double mixte sur monotype lors des Jeux de 2024 ?
Nicolas Hénard : Avant même que la course au large mixte ne soit entérinée par World Sailing dans le programme olympique, il y avait une volonté politique de la Fédération d’avoir toujours en tête la féminisation, que soit pour le développement de la pratique, le choix des bateaux, le haut niveau…
Nous ne sommes pas encore au niveau auquel on devrait être, même s’il y a eu des avancées, à l’image de la parité hommes-femmes dans la gouvernance fédérale, ou le nombre de places réservées aux jeunes filles aux championnats de France Espoirs. Mais Il faut aller plus loin !
Est-ce qu’en cinq ans, on peut détecter puis former des équipages mixtes au plus haut niveau avec l’espoir d’une médaille aux Jeux Olympiques en 2024 ?
Nicolas Hénard : Totalement. Le contraire me semblerait inconcevable ! On a largement les moyens d’y parvenir. Quand on est Président de fédération, on se doit de tout mettre en œuvre pour faire briller la France au plus haut niveau quand les Jeux olympiques se disputent dans son pays. Ça n’arrive qu’une fois par siècle. Il faut que nous gardions cette avance en course au large au niveau international, nous devons donc encourager cette filière et développer la pratique mixte.
Le Tour Voile qui vient de s’achever, a mis en place un classement mixte pour la première fois. La Transat ag2r fera de même en 2020, offrant aussi les droits d’inscriptions aux couples. Est ce pour vous une vraie avancée ?
Nicolas Hénard : oui bien sûr ! C’est d’ailleurs une impulsion fédérale. On a beaucoup discuté avec les organisateurs afin de démarrer sans tarder et d’encourager cette pratique. Le Tour Voile est une épreuve géniale, de très haut niveau et qui reste accessible financièrement. Il offre une belle vitrine à de jeunes talents.
La Transat ag2r La Mondiale marquera le début de la campagne olympique et nous espérons que plusieurs binômes étrangers viennent en 2020.
Partenaires, ingénieurs, architectes, organisateurs, équipementiers… chacun peut apporter sa pierre à l’édifice notamment en accompagnant des projets féminins. Notre chance en France est la multiplicité de nos disciplines et il faut tirer profit de cette diversité.
Le premier championnat d’Europe de course au large aura lieu en octobre prochain à Venise sur un monotype de 30 pieds. La FFVoile va envoyer un équipage ?
Nicolas Hénard : Absolument. Ce serait incongru que la France qui a été moteur dans l’adoption de la course au large mixte aux Jeux Olympiques, ne soit pas représentée, même si ce premier championnat d’Europe arrive très vite. Ce qui est intéressant c’est qu’il se composera de courses Inshore et d’une course entre Venise et Trieste. Ce format va aussi jouer dans notre sélection.
Au sujet du bateau, celui-ci ne semble pas le plus adapté pour cet exercice, mais il a l’avantage d’exister et de permettre à des organisateurs de bénéficier d’une flotte pour organiser des compétitions.
Comment l’équipage mixte sera t’il sélectionné, et est-il prévu un encadrement fédéral spécifique ?
Nicolas Hénard : comme les délais sont très courts, le Directeur Technique National qui est le sélectionneur, va sélectionner avec un groupe d’experts un tandem ayant un fort potentiel, comme c’est déjà le cas pour les autres séries olympiques. Nous n’aurons pas pour ce championnat, le temps de tester plusieurs équipages.
Il ne faut surtout pas s’interdire de candidater si cette nouvelle discipline vous attire. Une expérience de course côtière/hauturière est nécessaire, mais nous aurons besoin d’hommes et de femmes qui maitrisent les schémas tactiques et stratégiques et surtout qui soient d’excellent(e)s barreurs, régleurs et performeurs.
La FFVoile construira avec le binôme sélectionné le programme de préparation d’encadrement et d’accompagnement."
Source : M Mermod